Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 15.09.2016 - thierry-allard - 5 min  - vu 566 fois

RING POLITIQUE Jean-Christian Rey : "Macron est un homme de gauche"

Le maire de Bagnols et président de l'agglo du Gard Rhodanien Jean-Christian Rey (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Le Ring Politique d’Objectif Gard fait sa rentrée avec le maire de Bagnols et président de l’agglomération du Gard Rhodanien Jean-Christian Rey. Chaque mois, votre journal vous propose une interview complète d’une personnalité politique autour de trois thématiques : personnalité, politique et quiz sur le Gard. Premier numéro ce matin 7 heures. Deux prochains rendez-vous sont au programme, à 11 heures et à 16 heures. Restez connectés !

Objectif Gard : Commençons par un retour sur votre parcours avant la politique, qui vous a notamment vu passer par la presse…

Jean-Christian Rey : Je faisais des études d'histoire car je voulais être professeur, jusqu’au jour où je me suis aperçu que je manquais de patience. J’ai commencé en 1996 — j’avais 26 ans, je sortais de la fac — à bosser pour le Dauphiné Libéré - Vaucluse Matin et pour le Journal du Pont du Gard où Arlette Lucas me disait que la presse mène à tout à condition d'en sortir ! J'en garde des souvenirs extraordinaires. On bouclait le lundi avec un repas festif, on ne savait jamais quand ça se terminait. J'ai appris à ce moment là à travailler en équipe, la rigueur professionnelle, la photo... Puis j’ai travaillé pour la Marseillaise sur le secteur du Gard rhodanien.

Une question de personnalité : votre plus grande qualité et votre plus gros défaut ?

Mon défaut… vous savez, quand on fait de la politique, on s'aime beaucoup, et mon défaut c’est peut-être que je m’aime un peu trop (rires). Ma qualité : je dirais travailleur.

Quelles sont les racines de votre engagement politique ?

Les racines se situent un soir de mai 1981. J'avais 11 ans, Mitterrand apparaît à la télévision et moi, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai eu l'intime conviction que quelque chose de bien était en train d’arriver. A partir de là, je n'ai plus raté un seul journal télévisé. Pourtant la période était difficile avec des plans sociaux, des otages au Liban et la naissance de l'extrême droite. J'étais spectateur jusqu'en 1986 avec les manifestations contre la loi Devaquet et la mort de Malik Oussekine. Toute la période de Pasqua, les grèves ont commencé notamment dans les lycées. On menait des grèves, notamment avec mon ami Jérôme (Talon, son directeur de cabinet à la mairie, ndlr), des sittings sur la place Mallet…

Vous étiez déjà socialiste ?

J'étais plutôt chez les anarchistes.

"La loi travail n’est pas la panacée, mais une partie d’une solution"

Vous avez été le représentant départemental de François Hollande lors des primaires. A quelques mois de la fin de son mandat, lui restez-vous fidèle ou faites vous partie des déçus du quinquennat ?

Sans faire de langue de bois, j'étais dans le staff chargé de l'atterrissage de Dominique Strauss-Kahn. On défendait sa candidature. Il est arrivé ce qui est arrivé (l’affaire du Sofitel, ndlr) et les socialistes se sont divisés. Nous on était sur la partie Pierre Moscovici, on a décidé de mettre en place une stratégie et donc de soutenir François Hollande. J'ai été mandataire au nom de Moscovici. J'ai fait le job à fond. Aujourd'hui, à quelques mois de la fin du mandat, je suis comme tout le monde, je vis en France, François Hollande a vécu un mandat incroyablement difficile d'un point de vue économique et sécuritaire. Il y a eu des vraies avancées sociétales mais trop de reculades pour avoir un bilan positif.

Très bien, mais lui resterez-vous fidèle ?

Je suis pragmatique. Je suis fidèle à mes idées. Il faut être dans le réel et arrêter de se faire plaisir avec des dogmes. Je reçois beaucoup de chefs d'entreprises, dont beaucoup travaillent seuls ou ont un salarié. Ils me disent tous qu'ils ont des problèmes avec les banques ou la législation du travail. La loi travail n'est pas allée assez loin sur la libéralisation du marché du travail, alors que dans les grands groupes il faut donner plus de confort aux travailleurs. La loi travail n’est pas la panacée, mais une partie d’une solution. Moi, je suis dans la politique du réel. Les gens cherchent de l'emploi et du logement. C'est cela le réel.

On n’a toujours pas compris si vous soutiendrez François Hollande…

Je soutiendrai le candidat dont je me sentirai le plus proche.

Emmanuel Macron ?

Emmanuel Macron, je ne sais pas ce qu’il pense sur tout un tas de sujets, j'ai lu ce qu'il dit sur EDF, le nucléaire, l'économie, la déchéance de nationalité, ce sont des sujets sur lesquels on se retrouve. J'attends de savoir ce qu'il veut faire de la France, mais je ne suis pas à l'intérieur du mouvement d’Emmanuel Macron. François Hollande, je ne sais pas s'il veut être candidat et qu'est ce qu'il va proposer. Arnaud Montebourg non plus, mais je préfère les gens qui ont une colonne vertébrale plus rigide.

A vous entendre, on croirait que vous n’êtes pas loin de vous engager avec Emmanuel Macron.

J'ai besoin d'y voir clair et de savoir qu'est ce qu'il propose. Même s'il n'est pas au Parti socialiste, c'est un homme de gauche. Et si je le choisis, je m'engagerai.

Votre directeur de cabinet Jérôme Talon, qui est aussi votre ami de longue date, a quant à lui clairement fait le choix d’Emmanuel Macron. Qu’en pensez-vous ?

Avec Jérôme, on n’a jamais été dans la même motion au PS. On a toujours été dans des motions différentes sauf pour la dernière. Il faut en finir avec ces hommes et femmes politiques qui pensent qu'il faut avoir des collaborateurs qui pensent exactement la même chose qu’eux. On partage les mêmes grandes valeurs et c'est cela l'essentiel. Je trouve cela très bien que les hommes s'engagent sur ce qu'ils pensent.

"Le député en place qui parlait de la belle endormie l'a mise dans le coma"

Le Gard rhodanien est peut-être le dernier bastion socialiste du département, et pourtant on a l’impression que la gauche y est plus divisée que jamais, et que vos plus gros adversaires politiques sont dans votre propre camp. Le retour de la machine à perdre ?

Si vous parlez des législatives, je ne sais pas qui est candidat. Ma position sera la même que pour la présidentielle. Le député en place qui parlait de la belle endormie l'a mise dans le coma. Il faut un député qui se batte pour le territoire avec un leitmotiv : le développement économique, avec une ambition collective autour de valeurs communes. S'il n’y en a pas, je ferai peut-être ce qu’on me pousse à faire et je serai peut-être candidat.

Même contre Patrice Prat qui a récemment quitté le PS et qui est candidat à sa succession ?

Le PS ne serra pas absent de la 3ème circonscription. Encore une fois, ce qui m'intéresse, c'est le fond. Quelqu’un qui soit en symbiose avec ce bout de territoire qui a besoin de marketing territorial, de dynamique économique et de promotion du territoire. Il faut en finir avec la politique fiction, faire de la politique du réel.

Quid des municipales de 2020 ?

On verra. Je n’ai pas vocation à être maire toute ma vie. Je ne veux pas mourir dans mon bureau. J’ai connu Georges Frêche, un type génial, mais il est mort dans son bureau…

Vous avez presque 46 ans, dont déjà quelques années en tant qu’élu dans votre ville, à la région et à l’agglo. Vous vous fixez une date limite ? Jusqu’à la retraite ?

Je fais de la politique depuis pas mal de temps, j'ai démissionné de mes activités professionnelles depuis huit ou neuf ans. J'ai repris une activité professionnelle depuis cette année qui me prend beaucoup de temps. C’est une vraie question, qui dépend du statut de l’élu qu’il faudrait refonder si on ne veut pas avoir que des riches retraités dans les assemblées. Finalement, mon plus gros défaut, c’est peut-être que je suis égoïste, j’ai toujours rêvé d’être le plus heureux possible. Je ne me donne pas de limites, mais pour faire ce boulot il faut de l'énergie, de l'envie. 46 ans, c’est très jeune, je ne sais pas ce qui pourra m’arriver.

Propos recueillis par Thierry Allard et Abdel Samari

Thierry Allard

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