NÎMES MÉTROPOLE Transports : la « mise au point » d’Yvan Lachaud
Après le tourisme, la délibération liée aux transports a fissuré de nouveau la Majorité. L’UPNM* s’est abstenu sur l’avenant à la DSP conclue avec la société Kéolis. Ce dernier actant la hausse des tarifs Tango et la baisse du nombre de lignes.
Lundi, en conseil communautaire, la délibération portant sur les transports a suscité de nombreuses interventions. Il s'agit d'un « avenant » à la DSP (Délégation de Service Public) conclue entre Nîmes Métropole et la société Kéolis pour gérer le transport dans l’agglomération. Son objet est double : inscrire la hausse des tarifs TANGO mais également, les réductions du nombre de lignes. La politique du président UDI Yvan Lachaud vise ainsi à « réduire le déficit du budget transport de l’Agglo qui chaque année reçoit une subvention de 10 M d’€ ».
Politique contre-productive pour la gauche
Sans grande surprise, ces décisions ne sont pas du goût de l’opposition. La communiste Sylvette Fayet ouvre les hostilités :
- « Les tarifs pratiqués ne sont pas une incitation à prendre les transports en commun. Pour les scolaires, il leur coûte 19 € par mois et par enfant… Il y a encore quelques mois, c’était 13 € et 50% en moins dès le second enfant ».
Habitué à l’argument, l’exécutif contre-attaque avec une série de chiffres énumérée par le vice-président aux finances Maurice Gaillard :
- « Entre 2002 et 2015, les tarifs TANGO n’ont pas augmenté. Or, durant cette même période, le SMIC a cru de plus de 40 %, l’inflation a été supérieure à 23% et 26% en plus pour le RMI/RSA ! ».
Un parallèle qui ne convainc pas l'opposition. François Séguy (PG) prend le relais de la fronde. Dans con collimateur : la « rationalisation » du nombre de lignes.
- « La fréquentation est en lien direct avec l’offre kilométrique ! Or, vous avez de cesse de réduire cette offre, ce qui entraîne une diminution de la fréquentation, une baisse des recettes et donc, vous augmentez les tarifs ! C’est un cercle vicieux ! ». Pour l'élu communautaire, le déficit « est lié aux mauvais choix du tracé de la T1, de l’extension autour de l’écusson et jusqu’à Caissargues. Ce n’était pas la priorité* ! Aujourd’hui, il faut travailler sur l’attractivité des transports ».
Même réflexion du côté des élus FN qui, avec les deux élus de gauche, voteront contre cet avenant.
Face à ce nouvel angle d'attaque, l’exécutif centriste tente de répliquer : « Depuis plus de 10 ans, 16,5 millions de voyages par an quelle que soit l’offre, y compris depuis que la garrigue est desservie ». Il y a bien un problème...
Abstention du groupe UPNM
Une fois n’est pas coutume, l’élue UPNM Claude de Girardi* partage le même avis que l'opposition :
- « C’est aller un peu à la facilité d’être immédiatement dans la recherche d'économies auprès de l’usager ». Et de déplorer : « Tout ce qui relève de la productivité interne à l’entreprise et du retour à un taux de marge plus raisonnable ne figure pas dans cet avenant…».
Yvan Lachaud : « La vérité est là… »
Agacé, le président centriste dégaine :
- « Que faisons-nous pour remettre le budget transport à l'équilibre ? On déclenche un nouvel impôt ? Sur les administrés, les entreprises ? Non ! On doit avoir une adéquation entre ce que paie l’usager et le contribuable, parce que la gratuité, ça n’existe pas ! ».
Répondant à Claude de Girardi, Yvan Lachaud rappelle les efforts demandés à la société Kéolis. Toutefois, il reconnaît : « la société travaille moins de 33 heures par semaine et la rémunération des salariés de Kéolis, par rapport à la convention collective des transports publics, est entre 4 et 5 M d’€ supplémentaire… On ne peut pas y toucher aujourd’hui parce que les textes ne le permettent pas ! ».
Alors « que faisons-nous ?! », répète Yvan Lachaud, « On peut toujours faire de la politique, mais la vérité est là (...) Je tenais quand même à faire cette mise au point ».
Après les applaudissements nourris du groupe IEC (Intérêts et Esprit Communautaire) à l'endroit du président, la délibération est adoptée à la majorité avec l’abstention du groupe UPNM ainsi que le vote contre des élus FN, PCF et Parti de Gauche.
Coralie Mollaret
*Union Pour Nîmes Métropole. Groupe dans lequel siège le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier.
*La gauche a toujours plaidé pour une ligne est-ouest...
*Claude de Girardi est adjointe Les Républicains au maire de Nîmes en charge des aménagements des transports publics.