FAIT DU JOUR Législatives : « Les militants PS auront le dernier mot », garantit Jean Denat
Investitures. La direction nationale du PS vient d’arrêter les modalités de choix de ses candidats sur les six circonscriptions du Gard. Le 8 décembre, les militants socialistes seront appelés à les départager.
Objectifgard : La Présidentielle et les Législatives arrivent à grands pas. Comment se prépare votre fédération ?
Jean Denat : Il n’y a pas si longtemps, le PS du Gard était un grand corps malade. Aujourd'hui, ça va mieux. Les instances fonctionnent et les problèmes financiers sont résolus. L’objectif d’un parti politique est d’alimenter le débat d’idées pour créer les conditions de la victoire aux élections. C’est ce que nous faisons : nous avons récemment reçu le député Laurent Grandguillaume pour sa proposition « zéro chômeur de longue durée ». Le 28 octobre, nous organisons une réunion sur le revenu universel. Nous sommes en mouvement et non déconnectés des réalités.
En parlant de réalité… Quelle sera votre stratégie dans ce contexte de défiance à l’égard du pouvoir socialiste ?
La fédération s’inscrit dans une démarche nationale. On s’engage dans trois directions : la première, défendre le bilan des socialistes. Nous allons tordre le cou à certaines idées reçues. Ensuite viendra le temps de la comparaison avec les projets de la droite. Certains candidats courent derrière l’extrême droite tandis que d’autres, comme Alain Juppé, prévoient la suppression de l’impôt sur la fortune ou le déplafonnement du quotient familial… Enfin, nous aurons de nouveaux chantiers à ouvrir. Le redressement des comptes publics par François Hollande a mis plus de temps que prévu, mais le second mandat sera celui de la redistribution et de la justice sociale.
Concernant les Législatives, quel est votre calendrier ?
Solférino a fixé une procédure et a arrêté les modalités de choix des candidats. Le dépôt des candidatures se fera du 14 au 17 novembre à Paris.
Qu'en-est-il du choix des candidats ?
Les militants des circonscriptions concernées seront appelés à départager les candidats le 8 décembre. Si besoin, un deuxième tour s’organisera le 9 décembre. Je peux d'ores et déjà vous dire que, dans toutes les circonscriptions, il y aura plusieurs candidats… Dans le Gard, le choix de la parité s'est traduit par la féminisation de trois circonscriptions (la 1ère, 2ème et 3ème). La 4ème et la 5ème sont des circonscriptions « ouvertes », un homme ou une femme peuvent donc s'y présenter. Quant à la 6ème, elle est gelée pour notre partenaire.
Cela signifie que les sortants, comme Françoise Dumas ou Fabrice Verdier, repasseront devant les militants...
La primauté au sortant, c'est dans le discours. On ne réinvestit pas des gens simplement parce qu’ils sont en place. Après, c’est vrai : il y a une logique institutionnelle à réinvestir un député en place. Et puis, passer devant les militants redonne une certaine légitimité.
Les militants voteront-ils également pour la 6ème circonscription, réservée au député sortant Christophe Cavard ?
Non, pas sur celle-là. Le choix de geler cette circonscription a été pris par le national. Christophe Cavard est député depuis 2012, élu avec le soutien des socialistes. Suite à l’éclatement d’EELV, il a intégré le groupe socialiste et n’a jamais voté contre les propositions faites par le gouvernement...
…Pardon ? Christophe Cavard a voté contre le pacte de stabilité, contre la loi Macron avant que le gouvernement n'utilise le 49.3 et contre la loi constitutionnelle qui comprenait l'article 2 sur la déchéance de nationalité avant qu'elle ne soit abandonnée.
La plupart du temps, Christophe Cavard s’est abstenu (discours de politique générale de Manuel Valls en 2014, la loi de Finances 2015, NDLR) ou il a voté pour (les autres lois de finances, le Mariage pour tous, la loi sur l'économie sociale et solidaire ainsi que les trois lois concernant le terrorisme). Alors oui, il y a des socialistes qui ne se retrouvent pas toujours dans la façon qu’a Christophe Cavard d’exercer son mandat. Mais les militants savent qu'en politique, il faut parfois faire preuve d’abnégation. Il y a une logique à réinvestir Christophe Cavard qui, sauf à se démarquer clairement du PS comme certains l'on fait (il sourit), est écolo-socialiste.
Vous faite référence à Patrice Prat... Député de la 3ème circonscription, démissionnaire du PS. Seulement, face à la montée du FN dans le Gard rhodanien, présenter une candidate n'est-il pas suicidaire pour la gauche ?
Suicidaire ? Mais qui est suicidaire ? Personne n’a obligé Patrice Prat à quitter le PS. D’ailleurs, j’observe que son leader, Arnaud Montebourg, est toujours membre de notre parti. Il est donc difficile, au mois d’octobre, de soutenir un candidat qui nous est hostile...
Les choses peuvent-elles évoluer en fonction du résultat d'Arnaud Montebourg à la primaire ?
Nous verrons, nous n’en sommes pas là.
Qu'en est-il de la 2ème circonscription ? Votre circonscription puisque Vauvert se situe sur ce territoire. Aimeriez-vous que votre première adjointe Katy Guyot soit de nouveau candidate ?
En 2012, Katy Guyot a perdu de peu face à Gilbert Collard. De plus, elle a des responsabilités communales à Vauvert qui renforce sa légitimité. Reste que sa décision lui appartient. Ce n’est pas moi qui vais lui dire quoi faire. Je remplirai mon rôle de militant en choisissant ma candidate. Si Katy Guyot décide de partir, je la soutiendrai.
Parlons à présent de l’imbroglio sur la 5ème circonscription…
… Je vous laisse la maternité de vos propos, je ne partage pas cette analyse.
Soit. Le député sortant William Dumas milite pour que son attachée parlementaire Nelly Frontanau soit investie. Le vice-président du Département Olivier Gaillard, soutenu par Denis Bouad, a également très envie d’y aller. Qui allez-vous soutenir ?
Je ne veux pas me prêter à l’agitation du moment. Nelly Frontanau et Olivier Gaillard ont de grandes qualités, des compétences et sont tous deux légitimes pour l'investiture. Le PS est un parti organisé. Comme vous l'avez remarqué, la volonté manifestée sur la 5ème est de ne pas fermer le scrutin. Il en reviendra donc aux militants de choisir...
Vous ne voulez pas prendre position. Pourquoi ? Est-ce vraiment ce que l’on attend d’un chef de parti ?
Je suis premier secrétaire fédéral. Je suis tenu à une neutralité en la matière et je dois faire en sorte que le scrutin pour les Législatives soit le plus transparente et le plus cohérent possible. Il en revient donc aux militants d'avoir le dernier mot.
Propos recueillis par Coralie Mollaret