UZÈGE Le projet de Parc naturel régional, « pas la chasse gardée des élus »
Ils ont bien failli l’annuler, ce séminaire prévu hier à Saint-Laurent-la-Vernède, l’alerte météo leur faisant craindre une affluence en berne.
Finalement, il n’en a rien été, et la salle polyvalente du petit village uzégeois était même trop petite pour accueillir la centaine de personnes, élus, associatifs ou citoyens lambda, venus à l’invitation du Syndicat mixte des Gorges du Gardon (SMGG) pour discuter du projet de Parc naturel régional des Garrigues de l’Uzège.
« Un véritable engouement »
« On a été agréablement surpris », admet d’emblée le député et président du SMGG Christophe Cavard, à l’initiative de ce temps d’information et d’échange sur ce projet de PNR qui couvrirait 80 communes, de Montclus à Sainte-Anastasie du nord au sud, et de Pouzilhac à Vézénobres d’est en ouest. « C’est un projet à dimension participative, et pas une chasse gardée des élus », affirme Christophe Cavard, quand le député et conseiller régional Fabrice Verdier, venu représenter Carole Delga, se félicite de l’affluence : « Cette journée me conforte, quand je fais un retour à la Région, c’est transparent, il y a du monde et un véritable engouement. » « C’est quelque chose d’ascendant, ça me plaît beaucoup », abonde le maire de Garrigues-Sainte-Eulalie Didier Kielpinski.
C’est que pour que le PNR voie le jour, il faut que la Région donne sa bénédiction. « Notre position est simple : nous sommes pour la création de PNR, dès lors qu’il y a un volontarisme sur le territoire, explique Fabrice Verdier. Il faut que ce parc fasse consensus. » Ainsi, les organisateurs ont fait venir des représentants de PNR déjà existants, dans le Narbonnais ou le Luberon, pour qu’ils fassent part à la salle de leurs retours d’expériences.
« Préserver un territoire coincé entre des villes qui peuvent le grignoter »
Très bien, mais un PNR dans l’Uzège (élargie), pour quoi faire ? « C’est une question d’identification du territoire », explique Christophe Cavard, après avoir rappelé que ce sont des associations du territoire qui ont émis l’idée il y a de cela près de 8 ans. « Le Parc peut nous permettre de travailler ensemble et de coordonner des actions qui se font déjà, et d’autres qui sont en gestation et qui font sens commun sur un territoire », poursuit le parlementaire. « C’est un outil formidable d’études, de projets en commun, un creuset dans lequel les acteurs se rassemblent », appuie le président de l’association des Amis du Parc Bruno Julien avant d’évoquer le tourisme : « avoir une offre nationale, une marque Parc. »
Au delà de cet aspect, il s’agit également de préserver « un territoire d’exception, coincé entre des villes qui peuvent le grignoter », affirme Bruno Julien. Pour autant, Christophe Cavard ne voit pas dans ce Parc une défiance envers les grandes agglos qui l’entourent, Nîmes, Alès et dans une moindre mesure Bagnols : « on n’est pas dans ce schéma là, mais notre identité on la revendique, comme nos propres projets de territoire, on va travailler en complémentarité avec les agglos, et pas en réaction. » Et le parlementaire d’insister sur « le rôle particulier de partenaires » des « villes portes » du Parc, à savoir Vézénobres, Barjac, Pont-Saint-Esprit, Bagnols, Aramon et Nîmes.
Autre dimension qui rentre en ligne de compte, « ce Parc servira à réunir le monde agricole et les autres, les côtoyer dans des projets et régler des incompréhensions et des conflits », affirme Sylvie Amalric, de la Chambre d’Agriculture.
Pas avant 2022
Côté règlementaire, « un parc ne créé pas de nouvelles contraintes, mais peut permettre de mieux faire appliquer les existantes », explique Didier Kielpinski. Le PNR n’interdit ni la chasse ni la pêche, mais des dispositions spécifiques pourront être prises en matière de construction, de gestion de l’eau et des déchets ou encore de circulation de véhicules motorisés dans certaines parcelles.
Bref, « c’est un outil qui colle à nos enjeux communs, résume la conseillère départementale et vice-présidente du SMGG Bérangère Noguier. Mais c’est un cheminement qui prendra plusieurs années. » Ainsi, la prochaine étape va être la constitution d’une charte, qui sera déposée à la Région à l’automne 2017. Une structure porteuse, qui pourra être une association, sera ensuite montée pour fédérer les acteurs qui auront délibéré positivement sur le projet, avant une grande phase de concertation de cinq ans.
« Si tout va bien, et aujourd’hui nous sommes enthousiastes, en 2022 nous aurons un syndicat mixte de gestion du Parc avec une charte », estime Christophe Cavard.
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Thierry ALLARD