Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 18.10.2016 - thierry-allard - 4 min  - vu 301 fois

GARD RHODANIEN L’agglo arrête la culture et le sport au profit du développement économique

Hier soir, lors du conseil communautaire de l'agglo du Gard Rhodanien, à Saint-Gervais (Photo : Thierry Allard : Objectif Gard)

C’était un moment attendu : l’agglo du Gard Rhodanien a présenté hier soir à Saint-Gervais son projet de territoire, à savoir « son cap » pour les prochaines années, dixit le président Jean-Christian Rey.

Un document d’une petite cinquantaine de pages qui constitue la feuille de route de l’agglo, et définit clairement ses priorités.

« Une démarche sans tabou »

« L’agglo est un outil au service de nos priorités, la première d’entre elles c’est le développement économique et l’emploi, avec notamment un travail sur le foncier et le marketing territorial », explique Jean-Christian Rey en guise d’introduction, après une interruption de séance aussi brève que baroque, causée par l’irruption de Super Châtaigne. Et comme tout cela devra se faire à budget constant, il a fallu bouger des curseurs : « on choisit de donner davantage de corps au développement économique et d’être dans la continuité sur la jeunesse, avec les crèches et les ALSH, mais il est important de clarifier les compétences », poursuit le président.

Par cette formule, il faut comprendre purement et simplement en abandonner : « Nous proposons de ne plus intervenir sur les politiques sportive et culturelle, et uniquement sur les équipements », lance Jean-Christian Rey. « Les agents des services sport et culture seront redéployés sur le tourisme et le développement économique », nous a précisé le directeur du cabinet du président Guillaume Jarrié. Seul Robin Sautel, qui dirigeait le service culture, patrimoine et sport, quitte l’agglo : « il a trouvé un autre projet professionnel », affirme Guillaume Jarrié. Dans la même veine, mais du côté des solidarités, le projet de territoire propose de ne pas créer de Centre intercommunal d’action sociale.

« Ça a été une démarche sans tabou, vous avez pu aborder tous les sujets et argumenter », s’est félicité Jean-Christian Rey en s’adressant aux élus. Car outre cette « clarification », le projet de territoire propose également de ne pas passer au Plan local d’urbanisme intercommunal (le poétique PLUi) tant que le Schéma de cohérence territoriale (SCOT) n’est pas finalisé, mais aussi un « pacte financier et fiscal, ne pas avoir recours ni aux attributions compensatoires ni à la fiscalité tant que l’agglo n’aura pas à assumer de nouvelles compétences », d’après les termes de Jean-Christian Rey. Le tout en menant « une recherche d’économies continue. »

Les nouveaux équipements in, les existants out

Des choix forts, qui n’ont pas provoqué de débats particulièrement intenses. Tout juste le conseiller laudunois Yves Cazorla demandera des nouvelles du projet de musée et de la restauration de la maison d’Albert André, à Laudun. « En termes d’investissements, il n’y a aucun problème pour que ces projets puissent continuer, lui a répondu Jean-Christian Rey. L’étude suit son cours pour le musée, on est en phase d’écriture pour arriver à celle des appels d’offre. Pour la maison, un fonds existe, de près de 600 000 euros, on a dit qu’il fallait le mobiliser sans attendre, on attend les devis et dès qu’on aura les estimations, ça pourra aller très vite. » Le président des Amis d’Albert André Elian Cellier, présent dans le public hier soir, a dû apprécier.

Comme à chaque conseil d’agglo depuis des temps immémoriaux, le PER de Cornillon, aka Scène Campagne, aka le Centre d’excellence numérique, est revenu dans les débats, le communiste Jean-Marie Daver trouvant que « le PER est en filigrane dans ce projet de territoire, où en est-on ? » « Dans le projet de territoire, tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut aller sur le numérique, mais pas forcément sur les projets, répondra Jean-Christian Rey. Mais le PER n’est pas caché. »

Pas de quoi convaincre le maire de Saint-Nazaire Gérald Missour, toujours pas fan du PER, estimant que « le Forum de Laudun-l’Ardoise serait un auditorium parfait » avant de railler le nombre d’études réalisé par l’agglo : « j’ai l’impression qu’on fait beaucoup d’études, mais qu’on passe rarement les diplômes. » Après avoir répondu qu’il était « important de faire des études » en prenant l’exemple du projet L’Ardoise Eco Fret, le président a rebondi sur la question des équipements : « ça a été un vrai débat. Devant le nombre d’équipements existants, on a décidé que seuls les nouveaux équipements rentreront dans ce cadre. » En clair : Laudun-l’Ardoise devra continuer à assumer seule les coûts importants du Forum et de sa piscine couverte, pourtant utilisés par une population qui dépasse largement ses frontières communales.

Un état de fait probablement pas étranger aux abstentions des laudunoises Catherine Lavios et Aziza Grine, ainsi que du député Patrice Prat. Jean-Marie Daver, Gérald Missour, Maria Seube, Stéphane Cardènes, Pierre Baume, Didier Bonneaud, Christian Roux, Claudine Prat, Serge Rouquairol, Jean-Claude Tichadou, Yves Cazorla, Alexandre Pissas et Laurent Nadal se sont également abstenus.

Et aussi :

Des sous ! : le pacte fiscal et financier était également soumis au vote hier soir, avec quelques bonnes nouvelles. Ainsi, « le rattrapage de mauvais calculs de l’Etat nous rapporte 900 000 euros ponctuels et 300 000 euros pérennes », a ainsi présenté Jean-Christian Rey. Toujours au rayon rentrées d’argent supplémentaires, la modification des bases liée aux abattements de la taxe d’habitation rapporte à l’agglo 140 000 euros, et la stabilisation du Fonds national de péréquation des ressources intercommunales et communales (le FPIC) 180 000 euros. Par ailleurs, l’arrêt des politiques culturelle et sportive permet d’économiser 330 000 euros pour la culture et 80 000 euros pour le sport. Par ailleurs, l’agglo compte mettre en place une Dotation de solidarité communautaire, et vise un autofinancement d’1,5 millions d’euros d’ici 2020.

Un office de tourisme communautaire : la création de l’office de tourisme communautaire a été votée à l’unanimité hier soir. La nouvelle structure prendra une forme associative. Didier Bonneaud, Jean-Marie Daver et Gérald Missour, d’habitude peu enclins aux compliments pour l’exécutif, ont tous trois salué la création de cet OT intercommunal. Le vice-président délégué au tourisme Michel Coullomb en a profité pour donner les chiffres de la saison touristique, qui a vu « 40 000 personnes franchir la porte des Offices de tourisme, soit une baisse de fréquentation de 10 à 15 %. »

Des chiffres et des lettres : la délibération concernant la demande de subvention au département pour le projet de Maison d’accueil multi loisirs verts de Saint-André-de-Roquepertuis a été le théâtre d’une petite bataille de chiffres. En effet, la délibération indique que le Département subventionnera le projet à hauteur de 210 000 euros. Or, d’après le conseiller communautaire et premier vice-président du Département Alexandre Pissas, qui a refait les calculs, ce n’est pas possible : « on peut espérer toucher 161 000 euros et pas 210 000 euros. » « On attendait 160 000 euros, on nous a proposé 210 000 euros, on n’a pas dit non », lui a répondu Jean-Christian Rey, qui a toutefois précisé que ses services « allaient vérifier ». La délibération sera votée avec neuf abstentions, dont celle d’Alexandre Pissas, qui a pourtant indiqué qu’il « approuv(ait) totalement ce projet. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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