Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 18.11.2016 - thierry-allard - 3 min  - vu 293 fois

PONT-ST-ESPRIT Affaire Baumet - Dumas : le rapport fantôme retrouvé ?

Le rapport retrouvé mercredi dernier au centre Pépin de Pont-Saint-Esprit (DR)

Mercredi dernier, le 9 novembre. Il est 15h30 lorsque les policiers municipaux spriripontains reçoivent un appel radio émanant du service vidéo-protection.

Un appel au motif original : un agent municipal, Monsieur B., a retrouvé « des documents importants concernant la vidéo-surveillance » au centre Pépin.

Un dossier en carton dans un bureau entreposé sous un escalier

A première vue, rien de très sensible : l’agent, qui avait reçu l’ordre de faire évacuer un bureau situé sous les escaliers qui mènent au local de l’association Riposte et du Comité de jumelage, y a trouvé un dossier en carton. Sauf qu’à l’intérieur du dossier se trouve un document que les services municipaux ont cherché partout dès que la nouvelle équipe de Roger Castillon a été élue en 2011 : le fameux rapport sur « la validité juridique de l’extension de la vidéo-surveillance » commandé il y a dix ans par la municipalité Baumet au cabinet d’avocats de l’ancien ministre Roland Dumas, comme le révèlent nos confrères du Midi Libre, révélations que les pièces en notre possession nous permettent de confirmer.

Un rapport commandé 8343 euros par la mairie qui aurait en fait servi à régler les honoraires personnels de Gilbert Baumet à Roland Dumas, et qui a valu à l’ancien maire de Pont une condamnation à 4 mois de prison ferme et 20 000 euros d’amende pour détournement de fonds publics, et à Roland Dumas 10 000 euros d’amende fin septembre. Dans un article datant de juin 2015, Gilbert Baumet nous démentait les faits qui lui étaient reprochés, tout en bottant en touche sur la question de savoir s’il se présenterait au procès avec le rapport, ce qu’il n’a pas fait.

« C’est quand même une surprise »

Revenons à mercredi dernier. Les policiers municipaux se rendent au centre Pépin, et constatent que le nom de Dumas figure sur ce qui est décrit dans la fiche main courante comme « une étude sur la vidéo-surveillance ». Les fonctionnaires vont alors prendre en photo ledit rapport et le joindre au dossier, avant que le rapport soit remis à « madame la DGS (la directrice générale des services Elisabeth Caillat, ndlr). »

Le lendemain à 9h40, l’employé municipal est reçu par le maire Roger Castillon dans son bureau en mairie. L’édile demande à l’employé de mairie de lui raconter la découverte du document, de lui rappeler à qui appartenait le bureau dans lequel le rapport a été trouvé (il s’agit d’un ancien agent du CCAS), puis s’enquiert de savoir si des copies dudit rapport ont été effectuées, ce à quoi l’employé municipal répondra par la négative.

« C’est quand même une surprise », affirme Roger Castillon. « Quand on est arrivés en 2011, personne n’avait trouvé ce rapport dans les services, et dans le cadre de l’enquête, la place judiciaire a fait une perquisition en mairie et ne l’ont pas trouvé non plus », poursuit l’édile, qui affirme que le document lui a été remis « le mercredi 9 novembre à 21 heures », et qu’il a téléphoné à son avocat « le soir même pour qu’il avertisse le procureur de la République que le document était à disposition de la justice, aujourd’hui on attend. »

« Ce rapport me paraît très léger, au propre comme au figuré »

Gilbert Baumet, qui comparaissait aujourd’hui dans une autre affaire, n’a en revanche pas retourné nos appels. Dans le Midi Libre, l’ancien édile s’étonne du fait que « ce document n’a pas encore été apporté à la police ou à la gendarmerie » avant de faire part de son intention de déposer plainte « pour détention de preuve ».

Cette découverte soulève plusieurs questions : pourquoi ce sulfureux dossier se trouvait relégué dans un bureau poussiéreux entreposé sous un escalier du centre Pépin ? Ce rapport est-il authentique, ce qui remettrait en cause l’affaire ? « Je n’en sais rien, mais ce rapport me paraît très léger, au propre comme au figuré, estime Roger Castillon. Il fait 7 ou 8 pages, avec une page blanche et d’autres remplies à moitié. » Une chose est sûre : s’agissant de Pont-Saint-Esprit et de son ancien maire, on n’est jamais à l’abri d’un coup de théâtre, d’autant que Gilbert Baumet a fait appel de sa condamnation dans cette affaire.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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