ROCHEFORT-DU-GARD "Je n’ai pas achevé ma tâche" : Patrice Prat lance sa campagne
Il a eu beau choisir une ville de droite pour ce qui était son premier meeting en vue de la campagne législative de 2017, Patrice Prat était en terrain conquis hier soir au Castelas de Rochefort-du-Gard.
Une salle historique mais plutôt petite qui s’est rapidement remplie de plus de 150 personnes, peut-être 200, parmi lesquelles de nombreux élus de la troisième circonscription : les maires de Laudun, Tavel, Connaux, Aramon, Saint-Laurent-des-Arbres, Vénéjan ou encore la vice-présidente du Département Nathalie Nury garnissaient l’assistance.
« Monstre » et « peste brune »
Pour Patrice Prat, qui a commencé en saluant la « courtoisie républicaine » de la ville de Rochefort, l’enjeu de la soirée était d’annoncer, même si ça ne faisait gère de doute depuis plusieurs semaines déjà, officiellement sa candidature à sa propre succession, et ce alors que le PS, son ancien parti, a présenté sa candidate la semaine dernière. Une candidate qui n’est autre — la politique est souvent ironique — que sa suppléante actuelle Catherine Eysseric…
« J’avais à vous parler, en tête à tête ou presque », a lancé Patrice Prat à ses partisans. Jouant les Cassandre, le parlementaire a évoqué « les instants graves » qui touchent notre pays : « je sens que notre société est prête à plonger et à se disloquer tant l’exacerbation des ressentiments, des vengeances, des jalousies ou des violences jaillissent sous la poussée des nationalismes et des extrémismes de toutes sortes. » Puis, citant le patron de la DGSI Patrick Calvar, le député lancera « nous sommes au bord de la guerre civile » pour appeler à la remobilisation des « volontaires ». D’ailleurs, une urne et des bulletins d’inscription étaient disponibles à l’entrée du Castelas.
S’estimant déjà enterré par beaucoup, Patrice Prat a évoqué, « plus forte que (ses) ambitions ou (ses) rêves, l’impérieuse nécessité d’empêcher que le pire ne se produise, que le monstre puisse renaître des décombres du système politique. » Ce sera la première évocation, sans jamais le nommer, du Front national, très haut sur la circonscription. Dans la phrase suivante, Patrice Prat parlera de « peste brune », faisant allusion au surnom donné au nazisme durant la seconde guerre mondiale, donnant le ton de sa campagne à venir : l’ennemi numéro un est clairement désigné, et le député sortant se pose en rempart.
« Ce sera ma dernière élection législative »
Après avoir évoqué les doutes qui l’ont traversé, le parlementaire a affirmé être candidat « car je n’ai pas achevé ma tâche, loin de là, il reste beaucoup à faire. Faire ce qu’il ne m’a pas été possible de faire car empêché par un système politique et des institutions à bout de souffle », décrivant la deuxième cible, la politique à papa. « Sans attendre 2017, je me suis appliqué le non-cumul des mandats, a ainsi lancé Patrice Prat. Et j’en fais le serment devant vous, ce sera ma dernière élection législative car je suis aussi un fervent partisan du non cumul dans le temps. » Continuant dans cette veine, Patrice Prat évoquera son départ du PS avec emphase : « je préfère mourir au champ d’honneur que de perdre mon âme et tourner le dos à mes valeurs. »
Convoquant ensuite Mendès France, Péguy, Mitterrand et Baudelaire, le député proposera à la salle « un contrat de 5 ans, pas une année de plus », pour « travailler à la recomposition politique. » Une bataille qu’il abordera pour la première fois sans l’appui d’un parti politique — « c’est à mains nues ou presque que nous mènerons cette campagne » — mais pas sans soutiens : « mes amis, dans ce combat à venir vous ferez rugir vos coeurs, vous ferez mentir les sondeurs et vous ferez de nous, de cette circonscription, de la République et de la France, les grands vainqueurs ! »
Et aussi :
Le député a invité ses soutiens à monter sur la scène pour dire un mot à l’issue de son discours. Le responsable du MRC dans le département Christophe Gache, l’entrepreneur Rochefortais Boris Delécluse, le président de la coordination des Harkis du Gard Matthieu Arrag, le maire d’Aramon Michel Pronesti mais aussi des militants et la maman d’un enfant autiste auquel le parlementaire a aidé à trouver une place dans un IME ont ainsi pris la parole pour apporter leur soutien au Laudunois. De quoi le booster : « on va dire que j’ai un ego surdimensionné, il le faut dans ces fonctions, mais je me sens capable de tout. Ne craignez rien de l’avenir, si on est tous ensemble, on vaincra ! »
Thierry ALLARD