Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 26.01.2017 - baptiste-manzinali - 3 min  - vu 295 fois

NÎMES Rover : "Avec le français, j'ai peur de me prendre au sérieux"

DR. - Claude GASSIAN

En seulement deux albums, l'éponyme Rover sorti en 2012 et Let it glow en 2015, deux pépites maitrisées de bout en bout, Timothée Régnier alias Rover a conquis instantanément un public qui lui voit une comparaison, et pas des moindres, avec David Bowie. Il sera sur la scène de Paloma ce vendredi soir à 20h. Interview.

Objectif Gard. Tu es reparti sur la route après avoir mis en pause ta tournée débutée fin 2016. Que t'est-il arrivé ?

Rover. Je me suis cassé le genoux dans un accident de la circulation. Après l'opération, j'ai eu trois mois de convalescence. Je m'en suis servi pour repartir d'un meilleur pied, sans mauvais jeu de mot. C'était une sacrée expérience et surtout pas facile à vivre d'être coupé en plein vol.

Tu as reçu un accueil extrêmement positif sur ta musique presque instantanément, nominé deux fois aux Victoires de la Musique. Comment tu as vécu tout ça ?

C'est évident qu'on ne s'y attend pas. Quand on est à l'intérieur d'un mini cyclone dû à la réussite d'un projet, je le dis sans prétention, les gens nous applaudissent, on reçoit aussi quelques critiques négatives qui nous font avancer mais quoi qu'il en soit, cela ne laisse pas indifférent. On ne se rend compte du gros capital de bonheur et de la chance qu'on a qu'avec le recul. Quand on est dedans, on ne se rend compte de rien. Surtout que ce n'est pas donné à tous les projets "indé".

Tu es français, tu as grandi à New York et vécu au Liban d'où tu as été expulsé. Aujourd'hui, où partages-tu ton temps ?

Je vis entre la Bretagne et Bruxelles, j'essaie surtout d'éviter Paris. Pour être honnête, cette ville ne me rend pas créatif. Je peux avoir de l'inspiration mais cela ne se concrétise pas. À Paris, il y a une énergie extraordinaire, mais je suis trop connecté aux autres ou toujours attisé vers des occupations. J'ai besoin de solitude pour écrire et composer. Je dis ça, et en même temps on peut se sentir très seul à Paris, c'est paradoxal.

Tu disais, dans une interview, que chanter en français, c'était avoir la sensation que ta mère t'observait par dessus ton épaule. Est-ce que cela signifie que tu ne chanteras jamais en français ?

Non rien n'est définitif, je ne me l'interdit pas du tout. Mais pour le moment, c'est une mécanique qui ne m'emballe pas plus que ça. Je ne suis pas contre la francophonie dans la musique, je suis bien plus ouvert que je peux paraître à ce sujet. Mais j'estime que ce que j'ai déjà fait en français n'a pas grand intérêt. J'ai plus de malice avec l'anglais, il y a un détachement de la langue maternelle qui rend l'exercice très ludique. Avec le français, j'ai peur de me prendre au sérieux.

Et si c'était toi, pourtant, la relève de Bashung ?

Depuis quelques mois, c'est un nom qui revient souvent alors qu'on ne m'en avait jamais parlé. Je suis même très surpris que cela revienne dans les interviews. Gaëtan Roussel m'en parlait récemment aussi, du coup je pense que je vais d'avantage tendre l'oreille sur le travail de Bashung. Sinon j'ai quand même un vrai amour pour la chanson française, j'ai grandi avec Gainsbourg.

On a aperçu la sublime Diane Kruger dans le clip de Some needs, tourné à New York. Est-ce que tu rêves de l'international, où c'est encore tôt ?

Je tourne déjà à l'étranger mais vers des pays frontaliers, l'Allemagne, la Suisse, l'Italie. Mais pas encore eu l'occasion de jouer dans des pays anglo-saxons. C'est de l'ordre du rêve secret de se frotter à cette langue, de l'entendre avant et après le concert. Mélanger ma musique à une ambiance anglo-saxonne me donne très envie.

Let it glow a bientôt deux ans. Est-ce que tu prépares un troisième disque ?

Je griffonne toujours, mais je prends le temps sans brûler les étapes. C'est évident que l'on réfléchit toujours à une suite, c'est très sain mais il faut aussi que la machine de la création fonctionne. Je mentirai si je disais que non, je ne pense pas à un troisième disque.

Toujours dans une démarche analogique ?

Cela peut changer, je n'en sais rien. Comme on dit en anglais : never say die. L'analogique reste, à mon sens, l'outil le plus approprié à ma musique. Mais sait-on jamais, une rencontre peut changer les choses.

Propos recueillis par Baptiste Manzinali

Baptiste Manzinali

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