Les cadres gardois du Front National lancent officiellement leur campagne en vue de l'élection présidentielle. Les 144 engagements de Marine Le Pen vont-ils séduire un électorat gardois quasi acquis?

"Nous sommes optimistes et combatifs, on y croît de plus en plus!", les mots sont de Julien Sanchez, Maire de Beaucaire, conseiller régional d'Occitanie et membre du conseil stratégique de Marine Le Pen.

Pour Yoann Gillet, secrétaire départemental du FN dans le Gard et conseiller régional d'Occitanie, "Nous effectuons une tournée sur l'ensemble des cantons du département avec une campagne active pour porter le message de Marine Le Pen". Le porte-à-porte devra être efficace. 960000 tracts livrent la personnalité de la candidate et son programme présidentiel. "Dans le Gard, le parti est très structuré et les militants sont nombreux, nous faisons tout par nos propres moyens. Nous voulons que les Gardois connaissent Marine de manière plus personnelle, un peu à l'image de l'émission de M6 avec Karine Le Marchand".

Les curieux pourront assouvir leur envie avec la visite sur le terrain et dans le département de la candidate du Front avant le premier tour. Sans trop de pression, les chiffres gardois s'annoncent fructueux pour le FN. Déjà en 2012, le parti était arrivé en tête à l'issue du premier tour de l'élection présidentielle, une exception française."Le Gard sait faire campagne, nous avons Gilbert Collard et Julien Sanchez qui sont membres du conseil stratégique de campagne!".

Une force vive dans un Gard inerte?

Justement, après avoir pris leur bâton de pèlerin, les élus "stars" du parti entrent dans la partie. Pour Julien Sanchez, "Depuis 5 ans on se déplace partout sur le territoire gardois. Aux élections régionales, nous avons fait 45%, nous sommes le premier parti politique du Gard mais nous avons surtout quatre ou cinq fois plus de monde que l'année dernière" note le maire de Beaucaire, qui a le discours bien rodé. "Ici, il y a de nombreux problèmes dont la désertification du service public, le chômage, la précarité, l'immigration, le tissu économique local... Marine Le Pen propose un programme de rupture car les 2200 milliards d'euros de dette de la France n'ont rien à voir avec la gestion du FN".

Pour Gilbert Collard, député de la deuxième circonscription du Gard, les certitudes sont légion. Son élection en est la preuve, une grande partie du Gard lui est acquise. "Même les communistes votent pour nous! Il faut essayer de comprendre ce qui est en train de se passer. Marine veut une France libre" et l'élu d'égrainer le programme de son parti. "Nous ne voulons pas sortir brutalement de l'Europe. Nous voulons récupérer les souverainetés monétaire, législative, territoriale et économique. Nous imposerons la priorité nationale et instaurerons le scrutin proportionnel en réduisant le nombre de députés à 300 et celui des sénateurs à 200 avec un non cumul des mandats sauf pour les sénateurs".

Là aussi le discours est incisif. Le FN ne laissera pas la place au doute et bousculera les habitudes, bonnes ou moins vertueuses. "À partir de 500 000 signatures, un référendum d'initiative sera possible afin de redonner la parole au peuple. Nous supprimerons les Régions et les intercommunalités, nous réarmerons les forces de l'ordre, car nous leur faisons confiance en leur accordant la présomption de légitime défense. Nous voulons désarmer les banlieues, ce réservoir non contenu de haine et de violence, nous y mettrons de l'ordre. Nous ne rétablirons pas la peine de mort mais créerons une vraie perpétuité en appliquant toutes les décisions de la Justice, pour cela il faudra 40 000 places supplémentaires dans les prisons".

Un 145ème engagement et 2 ministres?

"Nous accueillerons 10 000 étrangers par an, ceux qui se comportent bien, pas les autres. Nous ne régulariserons plus les étrangers. Dans quel pays l'irrégularité donne des droits ? Le droit du sol sera également supprimé car l'automaticité robotise la nationalité. Je peux continuer mais sur les 144 engagements, celui qui compte le plus est le 145ème : tout ce que nous disons, nous le ferons!" affirme Gilbert Collard. Fin du totalitarisme bureaucratique, simplification administrative, lois plus lisibles, réindustrialisation, donation, État stratège, abaissement des taxes et charges... Le programme est dense, ne manque pas de matière et va faire couler de l'encre.

Imaginons Le Pen élue. Quelques semaines plus tard, c'est le temps des législatives. Pour Gilbert Collard, "Le Parlement ne résiste pas à l'attrait du pouvoir". Et la suite ? Ministres les deux élus qui sont déjà au comité stratégique de campagne? "Je le ferai par devoir mais dans mon mas à Gallician, le téléphone ne capte pas alors je serai une victime de la ruralité si je ne réponds pas !" note avec malice Gilbert Collard. "Si on m'appelle, c'est que Marine a besoin d'être entourée, je travaille avec elle depuis 2005 et je la connais bien. La sécurité et un gros défi, ça me plaît! Il faudra des gens solides et qui ne s'en prendront pas plein la figure, je ne l'abandonnerai pas" conclut Julien Sanchez.