VILLENEUVE Vers une hausse de la taxe d’habitation et une baisse des investissements
On en sait plus sur ce que sera le budget 2017 de la commune : le rapport d’orientations budgétaires de Villeneuve s’est tenu hier soir lors d’un conseil municipal plus long et agité que d’habitude.
Si la baisse drastique des dotations de l’Etat aux communes ne date pas d’hier, à Villeneuve elle va réellement se faire sentir cette année.
Des dotations de l’Etat en forte baisse
Ainsi, c’est un rapport d’orientations budgétaires empreint d’austérité que la première adjointe (LR) Pascale Bories a présenté jeudi soir. Après un point sur le contexte économique national, qui reste « morose », l’élue a entamé une analyse rétrospective du contexte financier et budgétaire de la commune couvrant les années 2011 à 2015. Une analyse visant avant tout à démontrer la « bonne gestion » de la commune, en insistant sur « la maîtrise des dépenses de fonctionnement », une fiscalité locale stable depuis 2011, des investissements pour un montant total de 14 millions d’euros et un endettement en baisse de 8 %.
Reste que pendant ce temps, la commune a vu ses dotations de l’Etat fondre, et l’année dernière « la commune a perçu une recette globale moindre de 415 000 euros, soit une diminution de 27,53 % », précise Pascale Bories. Conséquence directe, les recettes de fonctionnement sont en baisse pour 2016, alors que les dépenses de fonctionnement augmentent de 1 %. « La commune subit, pour la première fois, un effet de ciseau non encore significatif, mais les perspectives d’évolution restent de plus en plus fragiles », analyse la première adjointe, qui attend pour 2017 « une perte supplémentaire de ressources de 390 000 euros par rapport à 2016. »
Les investissements en baisse de 25 %
Résultat, le sérieux budgétaire et la rationalisation des dépenses, qui vont se poursuivre avec une baisse d’1,4 % sur la section de fonctionnement par rapport à 2016, vont se teinter d’austérité pour le budget 2017. Ainsi, « la majorité municipale devrait proposer, pour la première fois depuis sept ans, une légère évolution des taux de taxe d’habitation », annonce Pascale Bories. Cependant les nombreux propriétaires de la commune peuvent souffler, puisque les taux de la taxe foncière sur le bâti et de celle sur le non bâti vont rester stables.
Les associations vont elles aussi payer leur tribut : le montant global des subventions va baisser de 5 %, et le budget alloué au Festival Villeneuve en Scène et au Festival du Polar va se voir amputé de près de 50 000 euros. Mais la plus grosse coupe envisagée reste pour la section investissement, dont le volume global « devrait diminuer de 25 % par rapport à 2016 », précise la première adjointe. La commune mettra en 2017 3,1 millions d’euros sur ce chapitre pour réaliser les travaux promis par le maire Jean-Marc Roubaud lors des voeux à la population en janvier dernier.
En conclusion, dans un élan que n’aurait pas tout à fait renié Keynes, Pascale Bories dénoncera « la spirale perdant-perdant » dans laquelle seraient les communes par la faute de la baisse des dotations de l’Etat, « car en investissant moins, elles donnent moins de travail aux entreprises, qui investissent moins, embauchent moins et paient moins de TVA à l’Etat. »
« Mépris », « hypocrisie » et « révélation mystique »
La parole était ensuite à l’opposition. Premier à se lancer, le Communiste Dominique Declosmenil entamera une longue tirade dont il a le secret, passant par la politique nationale pour revenir au local et tacler « les élus locaux qui pleurent sur leurs budgets et lèchent la main de ceux qui promettent de ne pas les nourrir. L’incohérence locale se critique, elle ne se soutient pas ! » « Je voulais vous remercier pour votre intervention qui a concerné tout sauf le rapport d’orientations budgétaires, je considère que vous nous donnez un quitus », répondra ironiquement le maire.
La parole était ensuite au socialiste Florent Lemont. Soutien d’Emmanuel Macron, l’élu d’opposition s’est montré relativement doux, en tout cas moins virulent que par le passé. Tout juste s’étonnera-t-il du fait « qu’autant de fiel ait pu être déversé dans cette salle où a cours une politique qui reproduit peu ou prou et à petite échelle celle qui a été mise en oeuvre au niveau national par le gouvernement », avant de donner un coup de griffe sur les investissements. Ainsi, Florent Lemont évoquera « une ville qui depuis des années consacre la plus grande partie de son budget d’investissement à faire et refaire des routes pour entretenir l’existant ou accompagner un programme immobilier associé à un projet urbain pour le moins discutable. » « Il n’y a pas de fiel mais des débats d’idées, il y a des réalités qu’il faut assumer », lui répondra Jean-Marc Roubaud, avant de regretter le « mépris » du Socialiste sur les investissements et de dénoncer « l’hypocrisie » du discours de l’opposant.
Avant que Florent Lemont ait le temps de répondre, Dominique Declosmenil reviendra sur le soutien à François Fillon du maire, passé par les écuries Sarkozy puis Juppé, puis sur des considérations nationales, avant que Jean-Marc Roubaud, agacé, ne coupe la parole au Communiste : « c’est hors-sujet ! » Florent Lemont lancera ensuite au maire qu’il trouvait « inadmissible de traiter les gens comme vous le faites », toujours sur un ton plus apaisé qu’énervé. De quoi inspirer à Jean-Marc Roubaud, goguenard, cette réflexion : « ça fait dix ans que vous agressez tout le monde, si vous avez eu une révélation mystique, j’y adhère ! » Le rapport d’orientations budgétaires sera voté avec les 4 voix contre de l’opposition.
Thierry ALLARD