Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 29.03.2017 - thierry-allard - 4 min  - vu 609 fois

UZÈS En images : le duché se découvre des origines romaines

La fameuse mosaïque de 45 mètres carrés (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Jusqu’à présent, Uzès semblait plus ou moins à l’écart de la romanité, chasse gardée de Nîmes ou du Pont du Gard.

Tout juste avait-on découvert quelques fragments de mosaïques çà et là, et découvert une inscription à Nîmes faisant référence à la ville romaine d’Ucetia. Mais c’était avant que les travaux de construction d’un dortoir sur le site de l’ancienne gendarmerie, en face du lycée Charles-Gide, ne révèle un pan de l’histoire de la cité ducale.

Les fouilles ont mis au jour plusieurs vestiges d'habitations (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Quand le permis de construire a été accordé, et que l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) s’est vu confier la tâche de de diagnostiquer puis de fouiller le terrain, « on connaissait très peu de choses sur l’origine d’Uzès, un peu plus sur l’époque médiévale, mais nous avions très peu d’éléments d’appréciation, nous n’étions pas forcément dans l’attente d’une découverte importante », rembobine le directeur-adjoint de l’Inrap Marc Célié.

Et pourtant, quelques semaines après le début des fouilles en octobre dernier, le site va s’avérer regorger de « vestiges tout à fait inattendus », de l’aveu même de Marc Célié. En tout, 4 000 mètres carrés, découpés en zones, sont passés au peigne fin, zone après zone, le terrain ne permettant pas de stocker toute la terre extraite par les archéologues.

Philippe Cayn est le responsable des fouilles de l'Inrap pour le chantier d'Uzès (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Sur une première zone, située derrière l’ancienne gendarmerie, les archéologues ont déterré plusieurs restes d’habitations, « qui montrent une première phase d’occupation datant du courant du premier siècle de notre ère, probablement pour y exploiter le substrat rocheux, nous avons trouvé des outils », explique Philippe Cayn, responsable de l’opération. Rapidement, durant la deuxième partie du 1er siècle de notre ère, les premiers habitants élisent domicile sur les lieux : « on a les premières habitations bien structurées, avec des sols et des rues », note Philippe Cayn.

Les recherches démontrent que le quartier ne sera pas occupé bien longtemps : « la phase d’occupation s’achève à la fin du premier ou au début du deuxième siècle, puis pendant deux siècles nous n’avons pas de traces de fréquentation, poursuit l’archéologue. Il faut attendre le cinquième siècle pour que ce quartier soit réinvesti, et jusqu’au septième siècle. » C’est à cette période que remontent les derniers vestiges retrouvés entre un mètre cinquante et trois mètres sous le sol de l’ancien site de la gendarmerie.

Des enduits peints ont été découverts (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Mais le clou de ces fouilles est assurément la grande mosaïque retrouvée sur une deuxième zone, de l’autre côté du bâtiment de l’ex-gendarmerie, à proximité de fragments d’enduits peints. Disposée au sol d’un grand bâtiment, elle ornait « une salle de 60 mètres carrés, et le parement conservé fait 45 mètres carrés », précise Philippe Cayn. On y trouve une bordure géométrique, et des motifs centraux ornés de couronnes et de quatre animaux : une chouette, un canard, une biche et un aigle.

Une mosaïque qui daterait « du courant du premier siècle avant notre ère », avance l’archéologue, qui reste prudent. Il faudra attendre la dépose de la mosaïque, qui débutera le 3 avril prochain, pour poursuivre les fouilles sous la mosaïque et éventuellement trouver des éléments permettant de préciser la datation de l’ouvrage. Une mosaïque qui pour l’heure reste bien mystérieuse : si la colonnade du bâtiment évoque un édifice public, rien ne permet à l’heure actuelle de définir avec certitude quelle était la vocation du bâtiment. D’ailleurs, il n’est pas dit qu’on y arrive un jour : « sur l’interprétation, on est très démunis car on n’a qu’un bout du bâtiment et qu’on n’aura jamais la suite, qui a été détruite pour construire la gendarmerie (au début du XXe siècle, ndlr) », note le directeur-adjoint de l’Inrap.

Les fouilles vues du ciel (Photo : Denis Gliksman / Inrap)

Il n’en reste pas moins que « c’est une découverte remarquable, souligne Marc Célié. Par ses dimensions, son état de conservation et sa chronologie, qui se situerait entre - 50 et 0 avant notre ère, ce qui est très important. En effet, nous n’avons pas de pavement antérieurs à - 40 à Nîmes, et Nîmes était la cité la plus importante de la région à l’époque. » En clair : les romains, peut-être un personnage important de son époque à en juger par la taille de la mosaïque, auraient investi Uzès à la même époque que Nîmes. Deux villes qui se découvrent d’antiques points communs.

Et aussi :

La mosaïque est à vous le temps d’un week-end : les archéologues de l’Inrap organisent des portes ouvertes samedi 1er et dimanche 2 avril de 10 heures à 12h15 et de 14 heures à 17h15. La visite, d’une durée de 45 minutes, est guidée par un archéologue, et des ateliers pour les enfants sont également prévus. Bonne nouvelle : c’est gratuit, et aucune inscription préalable n’est nécessaire (dans la limite des places disponibles). L’accès se fait par la place Adolphe Bosc, en face du lycée Gide. Précisons même si ça va de soi que l’endroit est quelque peu poussiéreux, mieux vaut donc prévoir des chaussures adaptées.

Où ira la mosaïque ? : Elle n’est pas encore déposée que déjà la question de sa future destination se pose. Si après sa dépose début avril elle atterrira dans un dépôt à Nîmes, « elle n’a a priori aucune raison d’y rester », note Marc Célié. Du côté de la Communauté de communes du pays d’Uzès, on se verrait bien la récupérer et l’installer dans le futur centre culturel du Refuge. Affaire à suivre.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

Thierry Allard

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