TAVEL "Est-ce normal d’attendre qu’il y ait des morts pour faire un rond-point ?"
Le temps pluvieux n’a pas permis à la Fédération Française des Motards en Colère (FFMC) du Gard de faire le marquage sur la route qu’elle avait prévu, mais qu’à cela ne tienne.
Malgré la pluie, ses militants ainsi que la conseillère départementale du canton de Villeneuve Pascale Bories et l’adjoint au maire de Tavel Franck Bourgade se sont rendus sur le croisement qui relie Tavel à Pujaut et qui enjambe la D6580.
Deux morts, un amputé et une blessée grave en cinq ans
Sur ce qui est le principal axe routier du Gard rhodanien, qui relie Les Angles à Bagnols, la circulation est dense, et souvent intense aux heures de pointe, si bien « qu’il est très dangereux d’y passer, et que les transports scolaires font un détour », affirme le coordinateur de la FFMC du Gard Jacques Barac. De fait, le croisement est accidentogène : « dans les cinq dernières années, on compte un accident mortel d’un motard, une automobiliste tuée il y a trois semaines, et en 2015 un motard a perdu une jambe et sa compagne a été grièvement blessée », rappelle le coordinateur de la FFMC départementale.
Les morts ne pouvant plus témoigner, c’est aux vivants de le faire. Martine Michel est la motarde grièvement blessée dont parle Jacques Barac. Un soir de novembre 2015, « le lendemain des attentats », se remémore-t-elle, elle circule avec son compagnon Jean-Louis Cousin. Le couple habite alors Saint-Laurent-des-Arbres, et revient d’Avignon. C’est au croisement que l’accident est survenu : « une voiture qui venait de Bagnols et qui tournait vers Pujaut nous a coupé la route, raconte Martine Michel. Il a dit qu’il ne nous avait pas vus. » Jean-Louis sera amputé de la jambe gauche au niveau du genou quelques heures après à Marseille. Marine s’en tire avec le tibia, le péroné et la malléole fracturés, et a dû recourir à une greffe d’os. Elle en garde des séquelles, et va bientôt « devoir repasser sur la table d’opération. » Depuis, le couple a déménagé sur Pujaut, dans une maison adaptée au handicap de Jean-Louis.
Une réunion le 24 avril
Un cas parmi de nombreux autres sur ce croisement, « où l’été il y a toutes les semaines au moins un accident matériel », note Jacques Barac : « aujourd’hui un rond-point est nécessaire, ce n’est pas un caprice. » Nécessaire, et promis par la conseillère départementale PS du canton de Roquemaure Nathalie Nury, rappelle la FFMC. « On a confiance dans nos conseillers départementaux », affirme l’adjoint du maire de Tavel Franck Bourgade. Le croisement est sur sa commune, qui est « pour le rond-point à 100 %, ça fait des années qu’on se bat. »
Pascale Bories, dont le canton est en limite du croisement, a quant à elle écrit au Département le 24 mars 2016 sur cette question. Une lettre qui a débouché « sur une réunion programmée le 24 avril prochain », explique-t-elle. Il aura donc fallu un an. « C’est une réunion pour débloquer les fonds pour l’étude », avance Franck Bourgade. Une étape capitale, préalable à tout coup de pioche. Quoi qu’il arrive, le rond-point ne sera pas construit avant un an, un an et demi, le temps de faire les études puis les travaux.
En attendant, la FFMC ne compte pas relâcher la pression. Selon la suite des événements, les Motards en Colère ont déjà prévu de revenir sur place, et de faire le marquage au sol prévu aujourd’hui, pour alerter les usagers de la route du danger. Un danger qui émaille cette route depuis de longues années et qui a emporté déjà trop de vies, comme le rappelle Jacques Barac : « est-ce normal d’attendre qu’il y ait des morts pour faire un rond-point ? »
Thierry ALLARD