NÎMES EN FERIA Juan Bautista, le lion à jamais nîmois
Quatre oreille coupées sur deux des six toros qu'il affrontait. Tel est le bilan comptable du solo de Juan Bautista dans les arènes de Nîmes. Heureusement, la tauromachie ne s'arrête pas aux seules statistiques.
Bon, le défi était important, Juan Bautista l'a relevé avec un certain panache même si la course est descendue en intensité au fil des combats. Quatre oreilles, des belles et émouvantes choses, de quoi raconter une histoire qui tient la route... 40 ans après la prise d'alternative d'un certain Christian Montcouquiol Nimeño II, l'Arlésien Jean-Baptiste Jalabert Juan Bautista poursuivait l'effort du premier grand français dans un monde hispanique et s'enfermait seul face à six toros de six élevages différents.
Le costume était réalisé par Christian Lacroix, la cape de paseo, classée monument historique, de Nimeño II lors de son (faux) solo de 1989, était arborée lors du paseo de l'Arlésien, le fils de Nimeño II était présent tout comme une pléiade de célébrités (Dussollier, Jugnot, L. Blanc...) qui étaient venues au rendez-vous.
Habité par une sorte de devoir à accomplir, l'Arlésien Juan Bautista entre vite dans le vif du sujet et touche un premier toro de La Quinta aux qualités exceptionnelles. Un toro de vuelta (qui ne la fera pas) pour une faena intense et relâchée qui aurait pu durer des heures entières si le maestro ne l'avait souhaité. Logiquement, il abrège parce que derrière, cinq autre toros l'attendent! Une estocade al recibir et deux oreilles.
Le deuxième toro est marqué du fer de Parladé... Quand on évoque ce nom dans les arènes de Nîmes, on se rappelle avec douceur la grâce d'Ingrato (ou Vandalo pour ceux qui savent). Sauf que le bicho présenté à Juan Bautista était loin d'en avoir les qualités de son aïeul. Pourtant, l'Arlésien tentera bien quelques bricoles, grâce à une technique irréprochable, mais trop tard, le toro ne répond plus et reste indifférent et fade. Salut.
Deux nouvelles oreilles, les dernières de la course... Avec ce bon petit toro de Jandilla, Juan Bautista ne lâche rien et attaque fort sa faena qui finit moins bien. Mais avant cela, il y a du spectacle! Et oui, la corrida c'est aussi cela et l'omettre serait une terrible faute. Tito Sandoval, maestro piquero, fait le show, tombe de cheval désarçonné par la charge brutale du Jandilla. Piqué à vif, il remonte en selle et file se tanquer sous la présidence. Juan Bautista lui amène le toro et une seconde pique vibrante d'émotion est alors possible dans la longueur de la piste et la chaleur du public. L'orchestre Chicuelo II fait aussi le job et entame La Mission pour une partition en adéquation avec le toreo de Juan Bautista. Deux épées et deux mouchoirs d'un coup, un peu surévalués mais il est bon de rappeler qu'un solo se joue ainsi.
Changement de toro après l'entrée du quatrième exemplaire, de chez Pedraza de Yeltes. Son remplaçant porte également ce fer mais le maestro n'en tirera rien d'exceptionnel malgré d'excellents moments sur la main gauche. Salut.
La course, démarrée avec émotion et sensation, tombe d'un cran, puis de deux... Le capon exemplaire de Carmen Lorenzo ne fera rien pour maintenir l'attention d'un public qui tend à décrocher. Au contraire, il est aussi distrait que lui. Pourtant, Juan Bautista s'arrime et va cherche le cornu dans des terrains improbables, lui fait manger la muleta mais rien à faire, ce toro est regarde ailleurs et ne s'implique jamais. Salut.
Enfin, Juan Bautista écoute l'ultime silence de cette course en solitaire à l'issue de son dernier combat. L'Arlésien a droit à deux exemplaires de Garcigrande (le premier a été changé...), mais le fond reste identique, sans relief ni prestance, le toro ne peut faire briller l'homme. Dommage.
Quoiqu'il en soit, ce solo reste une réussite même si le bilan aurait pu être bien meilleur. Encore une sortie en triomphe par la porte des Consuls pour Juan Bautista qui poursuit sa série interminable et qui est prêt à revenir pour aller encore plus loin. L'Arlésien est à Nîmes chez lui.