Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 05.06.2017 - anthony-maurin - 4 min  - vu 876 fois

NÎMES EN FERIA Exceptionnelle corrida de clôture, un toro gracié!

Pañero, toro marqué du fer de Vegahermosa et gracié par le jeune José Garrido (Photo Anthony Maurin).

Dernière et exceptionnelle corrida de Jandilla pour David Mora (salut et oreille), Paco Ureña (oreille et salut) et José Garrido (salut et deux oreilles symboliques) qui a gracié le dernier exemplaire de la course.

Voilà, la feria de Pentecôte édition 2017 est terminée. Avant l'ultime toro de la dernière course, le bilan aurait pu être mitigé mais c'était sans compter sur la grâce de Pañero... Un toro marqué du fer de Vegahermosa, l'autre fer de Jandilla.

Quelle corrida! Si depuis le début de la feria les hauts et les bas ont su rivaliser, la corrida de clôture a été tout simplement exceptionnelle à plus d'un titre. Déjà, Simon Casas avait flairé le coup lors de la présentation des cartels. Curro Caro avait misé sur ces mêmes toros lors de leur présentation aux corrals. Mais bon, on pouvait se dire que les deux professionnels vendaient alors du rêve. Que nenni! Six toros d'exception, trois maestros à la hauteur de l'événement et des toros proposés, seul bémol, la petite moitié d'arène... Dommage.

David Mora (Photo Anthony Maurin).

David Mora n'est plus tout à fait celui qu'il était avant de subir sa terrible blessure madrilène mais peu à peu, il reprend du poil de la bête et manie les étoffes avec classe et détachement. Premier toro très bien sur la corne gauche, du coup, le torero fait le job mais ne transcende pas les foules du fait de sa froideur et de son calme. Sans faillir, il réalise une faena complète mais sans relief ni émotion. Salut.

David Mora (Photo Anthony Maurin).

Le Madrilène attaque son second combat d'une tout autre manière. Plus en phase avec les gradins et relâché dans sa tête, il touche un bon toro qu'il parvient à cadencer naturelle après naturelle sur des airs de douceurs et de bon goût. Son bras gauche reste inerte sur deux derechazos, preuve d'un total abandon de l'homme devant la bête. Oreille qui fait du bien au Mora(l).

Paco Ureña (Photo Anthony Maurin).

Que dire de Paco Ureña? On se rappelle l'avoir débusqué il y a près de dix ans à Vergèze devant une corrida sérieuse de Pagès-Mailhan. Il en a fait du chemin le petit... Dans les arènes de Nîmes et face à son bon lot de Jandilla, Ureña a fait du Ureña. De la profondeur, de l'émotion, de l'humilité et du sentiment. Lui, il ne s'abandonne pas, il se livre au toro. Le danger est présent mais en le regardant oeuvrer de la sorte, on ne peut pas songer à la cornada. Trop précieux pour être amoché quand il est dans cet état, même immobile durant une série pleine, un tel maestro devrait être vu plus souvent dans les grandes arènes. Il a des choses à dire, des choses à faire, des choses à partager. Oreille de terrain, trophée du coeur et des tripes.

Paco Ureña (Photo Anthony Maurin).

Second toro, même toreo! Un esthète, de la lenteur et de la temporalité, de la justesse et une souple rigidité. Il n'y a pas à dire, l'originaire de Murcia est au summum de son concept taurin. Les compas grands ouverts sur le sable brûlant, ce sont le buste, les bras et les poignets qui travaillent au dessin d'une faena de grande qualité devant le toro le moins facile de la corrida. Mais bon, ce genre de maestro n'est pas fait pour assumer le poids des épées. A quatre reprises il tentera d'occire son opposant... Salut.

José Garrido (Photo Anthony Maurin).

Comme il fallait bien un troisième nom à l'affiche de cette corrida de clôture, c'est José Garrido qui a été choisi parmi tant d'autres. Choix judicieux. Et quelle surprise pour celles et ceux qui ne le connaissaient pas encore! De l'envie, de l'envie et toujours de l'envie, voilà ce qui caractérise le natif de Badajoz. A genoux devant son excellent premier toro, il touchera d'ailleurs le meilleur lot de la tarde, le jeune maestro est animé par le succès. La musique dans le dos dès la deuxième série, les arènes se laissent attraper par le jeu et remettent une tournée. Hélas, défaillant aux aciers, Garrido salue une première fois.

José Garrido et Pañero (Photo Anthony Maurin).

Pour en finir avec cette excellent corrida, le dernier duel a fait des étincelles. Sont attribuées à José Garrido les deux oreilles symboliques de son toro... qu'il gracie sur ordre de Frédéric Pastor, président de la course et adjoint à la tauromachie et aux festivités de la Ville de Nîmes. Un mouchoir orange contesté par une grand partie du public. On va en entendre parler partout et pendant longtemps de cet indulto. Mérité? On ne se pose pas en juge mais une grande et très lente vuelta al ruedo à titre posthume était la moindre des choses à donner. Une grâce, après tout, pourquoi pas! Il faut dire que le toro remplissait de nombreuses conditions pour cela, mais pas toutes. Pañero, de Vegahermosa est un grand toro, quoiqu'il advienne. Réboussiers ou adorateurs ne pourront certainement jamais se réconcilier mais soyons honnêtes, quel excellent moment passé dans les arènes à regarder naître cette alchimie, ce quelque chose qui nous rapproche tous les uns des autres. Après une dizaine de passes de capote pour l'accueil de Pañero, Garrido nous fait comprendre qu'il est au faîte de son toreo post alternative. Pugnacité, vélocité, audace, mais aussi technique, douceur et intelligence sont ses meilleurs alliés. Il a su compléter parfaitement les deux tauromachies proposées par ses compagnons de cartel du jour. Garrido est humblement sorti en triomphe... Par la porte des cuadrillas. Olé!

Anthony Maurin

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