FAIT DU JOUR Face à la concurrence espagnole, les caves se rebiffent
« Comment lutter contre la concurrence espagnole ? ». C’est l’un des thèmes abordés lors du 6ème Congrès national de la confédération des Vins IGP (Indication Géographique Protégée) de France, qui se tient à Nîmes, du 7 au 9 juin.
La grand-messe des vins de pays se déroule cette année à Nîmes, à l’hôtel du Département. En mars, les Jeunes Agriculteurs du Gard et le Syndicat des Vignerons Gardois ont défrayé la chronique. Excédés par les étiquettes trompeuses de leurs concurrents espagnols, ils se sont invités dans les supermarchés pour détruire plusieurs bouteilles de vin. « Ils ont secoué un peu le cocotier… », commente Denis Verdier, président de la Fédération des vins IGP du Gard, « je suis assez solidaire. »
En France, le marché du vin est pénétré par les produits espagnols. « Un hecto espagnol coûte 50 € contre 90 € pour le français », illustre Denis Verdier. Un argument de poids pour séduire le consommateur. Par ailleurs, ces bouteilles sont frappées d’une étiquette donnant l’impression que le vin provient des vignobles du sud de la France. De quoi tromper le client soucieux d'acheter local... Pour lutter contre cette concurrence qu'il juge déloyale, Denis Verdier veut défendre la qualité de ses produits : « Nous devons rechercher la valeur ajoutée ! La course à la concurrence au moindre coût est mortifère. »
Bataille locale...
Chaque année, les trois IGP du Gard (Gard, Pont-du-Gard et Cévennes) produisent 350 000 hectolitres de vin. Denis Verdier en est persuadé : « aujourd’hui, le consommateur recherche de la traçabilité, un produit du terroir. Nous devons jouer à fond sur cette dimension. » Des actions sont menées pour sensibiliser les Gardois. C’est le cas avec l’opération ReGard sur le vin, en partenariat avec le Département. Son président, Denis Bouad, rappelle une évidence que certains tendent à oublier : « les agriculteurs sont les premiers acteurs de nos beaux paysages et participent à l'attractivité touristique du territoire.»
... Et internationale
La bataille économique se joue aussi sur la scène internationale. Si, en France, certains rechignent à ouvrir leurs frontières aux produits étrangers, ils sont bien contents de pouvoir les vendre en dehors de l’Hexagone. Pour conquérir plus de marchés, la fédération joue sur la lisibilité des produits. Un effort a déjà été fait en ramenant le nombre d’IGP du Gard à trois au lieu de quinze, « contre 15 pour l’Hérault et autant pour l’Aude. » En fin d’année, une IGP pour la région a vu le jour. Baptisée « Terre du Midi » , elle ambitionne de défendre les intérêts des vignerons sur le marché mondial. Sur le principe, Denis Verdier n’y est pas opposé, mais attend de voir la stratégie concernant les prix. Le raisin de la colère…
Lire aussi : NÎMES Deux syndicats viticoles convoqués à l’hôtel de police
TROIS QUESTIONS À… Xavier Fabre, porte-parole du Syndicat des Vignerons Gardois
Coralie Mollaret