POLITIQUE La passion cachée de… Jean-Paul Fournier
Du fleuve Casamance au Sénégal, à la Grande île de Madagascar, le sénateur-maire de Nîmes cultive une passion dévorante pour l'Afrique et ses masques.
Si l'on est observateur, le bureau de Jean-Paul Fournier est une invitation au voyage. Sur un buffet patiné, trônent plusieurs masques africains. Certains sont des copies, d'autres des pièces authentiques. « Ils sont issus de ma collection personnelle. J'en ai pas mal chez moi, dans mon séjour et ma chambre », dévoile l'édile. Jadis, ces statuettes ornaient les cases ou servaient aux cérémonies rituelles. Désormais, elles décorent les appartements contemporains d'Occidentaux épris de voyages et d'exotisme. Il n'y a que ses proches et les curieux qui connaissent son amour pour l'Afrique. Son idylle avec l'Art Premier démarre « il y a trente ans, au cours d'un voyage avec mon épouse au Sénégal.» Au pays de la Teranga, Jean-Paul Fournier s'éprend de ces statuettes « aux lignes simples, géométriques qui ont inspiré de nombreux peintres comme Picasso ou Modigliani.»
Son moment d'évasion
Sa première oeuvre achetée ? Un masque Baoulé, une ethnie de Côte d'Ivoire. Si l'on est attentif, « on perçoit encore les traces de sang d'un sacrifice rituel », sourit le collectionneur, habitué à la surprise de ses interlocuteurs néophytes. « Ca m'arrive de prendre du temps pour regarder mes masques, les déplacer… Quand je fais ça, je m'imagine l'Afrique, ses odeurs et ses paysages surprenants (…) C'est un moment d'évasion », confie Jean-Paul Fournier. Le maire décompose un masque burkinabé, où le cuivre côtoie le bois. De ce visage allongé, de ces traits d'une symétrie parfaite, se dégagent une étrange émotion, comme si l'objet protégeait l'élu des esprits malveillants.
Sa passion, un moment d'évasion. L'échappatoire d'un monde politique jonché de faux-semblants. « C'est important de se sortir du quotidien. C'est vrai que la politique est très prenante et, si on s'y plonge complètement, on n'en sort plus. On a besoin de s'évader, de se tourner vers autre chose », confie Jean-Paul Fournier. Dans son bureau ou chez lui, le septuagénaire se rappelle de Dakar et de la Casamance au Sénégal, d'Abidjan en Côte d'Ivoire ou encore du Mali et de Madagascar.
Plus que de son art, le Nîmois est tombé amoureux des peuples qui en sont à l'origine : « chez les Africains, il y a une sensibilité, un contact que nous nous devons d'avoir avec ces gens-là » estime celui qui, à Nîmes, n'est pas franchement réputé pour son côté avenant : « en Afrique, je vais un peu plus vers les gens. Je sens qu'ils ont envie de communiquer, ils ont quelque chose à dire. »
Coralie Mollaret