NÎMES MÉTROPOLE Coup de frein sur la DSP transport
Hier soir en conseil communautaire, les élus ont « dénoncé » le contrat qui lie l’agglomération à la société Kéolis pour la gestion de ses transports.
C’est acté. L'année prochaine, la DSP (Délégation de Service Public) qui lie Nîmes Métropole à Keolis pour la gestion de ses transports sera rompue. Chaque année, la société réclame à l’Agglo de lui verser plus de 40 millions d'euros pour assurer ce service. Une facture bien trop salée, qui impose à la collectivité de faire une rallonge d’environ 10M€ sur ses fonds propres, les recettes (vente des tickets et versement transport des entreprises…) n’étant pas suffisantes.
Bras de fer avec Kéolis
Aujourd’hui Nîmes Métropole est formelle : le coût du transport est trop élevé pour lancer la ligne 2 du TCSP. C’est la raison pour laquelle l’Agglo résilie son contrat, comme l'autorise une disposition inscrite dans la DSP signée en 2013. En outre, le président UDI de Nîmes Métropole Yvan Lachaud suspecte Kéolis de surfacturer ses services.
S’appuyant sur un récent audit de l’exploitation du réseau Tango, il estime que la société peut réaliser 10M€ d’économies. Devant les élus communautaire hier soir, le centriste a détaillé « les quatre points » qui posent problème. D’abord, la disparité des tarifs des sous-traitants* : si Kéolis Languedoc facture 3,96€ le kilomètre, la société locale Les Rapides de Camargue demande elle, 2,80€.
Concernant la production, Kéolis n’est visiblement pas en mesure de justifier la totalité des kilomètres parcourus. « Cette situation ne permet pas de s’assurer que les sommes payées sont bien des sommes dues » commente l'exécutif. Sur l’entretien des véhicules « aucune fiche n’est mise en place pour assurer le suivi » et enfin, les marges financières du siège « sont plus importantes que ce qui était prévu. »
Approbation critique de l’opposition
Sensible à la question des transports, l’opposition* s'est abstenue sur la délibération, sans l'épargner toutefois de ses critiques . « Vous voyez, en augmentant le prix du ticket et en diminuant l’offre qui a fait chuter la fréquentation, vous avez pris les mauvaises décisions ! » balance François Seguy. Sous-entendu : je vous l'avais bien dit... D'ailleurs l'élu du Parti de Gauche rappelle que « le but d’une société privée est de faire du profit. »
Les élus d’opposition (et les journalistes) sont frustrés. Ils aimeraient bien avoir les résultats complets de ce fameux audit. Hors de question pour l’exécutif : « nous n’allons pas dévoiler nos arguments qui pourraient être retournés contre nous par la société, si elle décidait d’aller en justice » justifie William Portal. Argument peu convaincant pour la communiste Sylvette Fayet qui a saisi la CADA (Commission d'accès aux documents administratifs).
Les membres de la majorité, l'UPNM* ont eux-aussi opté pour l'abstention. Une position un peu biscornue qui illustre selon la Nîmoise Claude de Girardi la « position mitigée » de ses camarades : « la communication est limitée sur le travail et nous avons des craintes sur le futur mode de gestion du service. »
Et la suite ?
Qu'elle se rassure, « je n’ai pas l’intention de passer en régie » insiste Yvan Lachaud, contre le souhait des élus FN et de la gauche qui demandent « des études pour chiffrer une reprise en main du service. » L'Agglo a écrit au président de Keolis qui doit lui répondre sous 10 jours, auquel cas il se réserve le droit « de saisir la Chambre Régionale des Comptes. » En attendant, cette résiliation permettra en 2018 de lancer un nouvel appel d’offres. Avec ou sans Keolis…
*Les sous-traitants assurent près de la moitié des kilomètres du réseau.
*L'opposante Catherine Bernier-Boissard a voté pour la délibération.
*Union Pour Nîmes Métropole, groupe dans lequel siège le maire de Nîmes.
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com