GARD Nicolas Meizonnet écrit une nouvelle page du FN
À 34 ans, l’élu FN de Vauvert a été propulsé à la tête de la fédération par son mentor, Gilbert Collard. Succédant à Yoann Gillet, il dresse un bilan critique de son prédécesseur.
Objectif Gard : Votre nomination est-elle un putsch de Gilbert Collard pour s'emparer de la fédération ?
Nicolas Meizonnet : Gilbert Collard a proposé ma candidature c’est vrai, mais avec mon consentement. J’avais déjà quitté mon poste d'attaché parlementaire, histoire de me dégager du temps pour mon mandat et ma reconversion professionnelle. Aujourd’hui cette mission ne me semble pas incompatible avec mon emploi du temps.
Vous ne répondez pas vraiment à la question… Les relations entre l’ancien secrétaire départemental Yoann Gillet et Gilbert Collard ne sont pas franchement au beau fixe.
Qu'est-ce qui vous fait dire ça ? Yoann Gillet a démissionné, il avait beaucoup d’autres fonctions à assurer*... On s’est vu en privé, pour organiser la passation du mieux possible. Il n’y a rien de particulier.
« Comme tout bilan, il y a du bon
et du moins bon »
Quel bilan tirez-vous de l’action de votre prédécesseur ?
Comme tout bilan, il y a du bon et du moins bon. Nos résultats aux élections départementales et régionales ont montré que la dynamique mise en place par Yoann Gillet a payé. En étant présent sur le terrain, en organisant des réunions publiques, des tractages, le FN a été le plus actif sur le plan militant.
Quels sont les points négatifs ?
Sur les derniers mois, il y a eu un ralentissement de l’activité de la fédération : moins de réunions, moins d’actions militantes… C’est un avis personnel, mais je pense aussi que la structuration de la fédération est un peu trop verticale et qu’il faut plus d’horizontalité.
C'est-à-dire ? Yoann Gillet concentrait trop les pouvoirs, d'après vous ?
Je ne peux pas dire ça. En tant qu’élu, j’étais souvent associé aux prises de décision. Mais je pense que ces réunions étaient trop fermées vis-à-vis des militants qui ne sont sollicités que pour militer... Ce n'est pas propre à la fédération gardoise. Alors, j’ai mis en place un cahier de doléances, et j’assure une permanence un samedi par mois, à la fédération. J’essaie de faire de la politique de proximité. Le bon sens vient du peuple. Quand on est aspiré par ses fonctions, on peut avoir tendance à l’oublier…
Quels sont les changements au niveau de l’organisation ?
J’ai constitué un bureau élargi pour prendre les décisions : présence des élus, des secrétaires de circonscription mais aussi, une présence territoriale plus forte. Notre nouvelle trésorière est originaire de Villeneuve, notre nouvelle secrétaire administrative vient de Pont-Saint-Esprit... La personne qui s'occupe des adhésions a aussi changé. Certains ont imaginé qu’à la suite à ma nomination, il y aurait une surreprésentation de la Petite Camargue... Ce n'est pas le cas !
Sous Yoann Gillet, le choix des candidats n’a pas toujours été opportun. Quelles en sont les raisons ? Comment éviter ces erreurs de casting ?
Je ne sonde pas le coeur et les reins de mon prédécesseur... Oui, nous n'avons pas forcément des candidats pertinents et préparés. C'est pour ça que j’ai décidé de mettre en place, tous les mois, des ateliers de formation thématiques destinés aux militants et des ateliers de travail sur les territoires. L’objectif : faire émerger des individus, des nouveaux talents susceptibles de devenir de bons candidats.
« Marion, sors de ta retraite
et viens nous aider ! »
Vous êtes sur la ligne identitaire du FN. Le départ de Florian Philippot a-t-il été un soulagement pour vous ?
On ne se réjouit jamais d’un départ. Maintenant, je suis obligé de reconnaître qu’il était idéologiquement sectaire et qu’il oeuvrait dans son intérêt individuel !
Le FN a perdu l’artisan de sa ligne économique protectionniste : sortie de l’Europe, de l’euro… Quelles répercussions sa démission a-t-elle sur votre parti ?
Aucune ! Moi, je suis un libéral modéré... On peut continuer à dire aux gens que l’euro est une mauvaise monnaie, sans pour autant acter absolument sa sortie, qui est irrationnellement anxiogène pour la population.
Pourtant à la Présidentielle, une partie de votre électorat a voté pour votre position radicale sur l’euro… Comment concilier les radicaux et modérés ?
Au FN, on reste attaché à la souveraineté de la France dans sa totalité. Si Florian Philippot a rejoint Marine Le Pen, c'est qu'il a vu en elle ce potentiel... Il a peut-être matérialisé ce socle là, mais nous devons écouter les Français !
Pensez-vous que Marine Le Pen a encore un avenir politique ? Ou faut-il regarder du côté de Marion Maréchal Le Pen qui pour l'heure, échappe à tous ces débats…
Vous savez, Chirac a bien eu un avenir politique malgré le débat raté contre Mitterrand ! Marine reste la personne de notre mouvement la plus solide pour porter nos idées (…) Moi je dirai simplement à Marion : sors de ta retraite et viens nous aider !
Propos recueillis par Coralie Mollaret
*Yoann Gillet est conseiller municipal de Nîmes, conseiller communautaire de Nîmes Métropole, conseiller régional et directeur de cabinet de la ville de Beaucaire.