GARD Grève des pompiers : sur les voies pour faire entendre leur voix !
Entre les pompiers du Gard et leur employeur du SDIS, le ton monte et le fossé de l'incompréhension se creuse. Ce matin, les soldats du feu étaient environ 250 à avoir investi l'avenue Feuchères, devant la préfecture, et la gare, où ils n'ont pas hésité à s'installer sur les voies pour faire entendre leurs revendications. Le trafic ferroviaire a été interrompu...
Et ce soir la colère des pompiers gardois n'est pas retombée. Si ce matin ils s'étaient contentés de la manifester bruyamment et en arrosant copieusement de mousse liquide anti-feu les terrasses, les fenêtres, la cour de la préfecture et la rue, ils sont bien décidés maintenant à poursuivre leur mouvement et à obtenir gain de cause sur leurs revendications. "Nous manquons cruellement de moyens en équipements comme en personnel", exposent deux grévistes. "Pour se faire mousser (sic), les élus veulent maintenant construire une nouvelle caserne à Nîmes ouest, à Saint-Césaire, sur l'emplacement actuel du SDIS. Pour quoi faire s'ils ne veulent pas embaucher ? On a un pic d'intervention croissant depuis dix ans alors que les effectifs ne cessent de s'amenuiser. En théorie nous devrions être 673 professionnels. Nous sommes en réalité 645. On se demande de plus où passe le différentiel de l'argent budgété pour des postes qui sont vacants et ceux qui sont occupés... Il n'est pas normal que ce soyons nous qui soyons obligés de nous mettre en grève pour réclamer des embauches alors que nous avons un service des Ressources Humaines dont c'est le travail !"
Menacés de révocation par le préfet
S'ajoute à cela que les pompiers en ont assez de devoir risquer leur vie en intervenant pour sauver celle des autres...sans pour autant être soutenus comme ils estiment qu'ils devraient l'être par les autorités : "On se fait caillasser toute l'année mais le préfet nous a menacé de procéder à des révocations si notre manifestation devait déboucher sur des exactions ! En plus, maintenant ils veulent nous virer ! Nous avons appelé le préfet pour qu'il descende de son bureau pour participer à la minute de silence en mémoire de notre camarade de la caserne d'Uzès, Laurent Lopez, décédé dans un accident de la route en regagnant son domicile, mais il n'est pas venu. Cet après-midi, aux obsèques de Laurent, pour serrer des paluches et faire des discours, là il y sera..."
À quelques mètres de là , à la gare de Nîmes, le gros de la troupe a ensuite investi la voie ferrée. Le trafic a aussitôt été interrompu. Venu à notre rencontre, le chef de gare s'est refusé à toute déclaration sur les conséquences qu'aurait cette interruption sur le trafic, préférant nous signifier une interdiction de prendre des photos avant de nous faire escorter vers la sortie par un agent de sécurité zélé... Tout juste a-t-il consenti à lâcher que "les conséquences financières seraient énormes" Pour le reste : circulez y'a rien à voir !
La caserne en vente sur le Bon Coin et un PC de tentes avenue Feuchères !
Reçu en audience en préfecture par le président du SDIS, Alexandre Pissas (*), en présence du directeur de cabinet du Préfet, Carl Accettone, la délégation des pompiers en est ressorti comme elle y était entrée : "Il n'y a aucune avancée particulière. Monsieur Pissas nous a dit qu'il ne pourrait pas nous apporter de réponses avant plusieurs mois. Nous allons décréter une grève illimitée. Nous allons mettre la caserne en vente sur le site le Bon Coin. Nous avons acheté des tentes pour nous installer sur l'avenue Feuchères d'où nous effectuerons nos départs de service", confiait l'un des responsables du Syndicat Sud, Nicolas Nadal. Où l'on est désormais loin de la débonnaire opération vente de crêpes de la semaine dernière. Le feu ne couve plus sous la poêle mais sous la cocotte des pompiers et on se dirige tout droit vers un conflit à...grande échelle !
Philippe GAVILLET de PENEY
philippe@objectifgard.com
* Alexandre Pissas tient à apporter les précisions suivantes :"Pour l'instant, vu les obligations et les compétences du Département, celui-ci a fait un geste significatif en augmentant de 420 000 euros sa participation alors que cela n'était pas du tout prévu. On ne remet pas en question les revendications des pompiers, dont je salue le professionnalisme et les qualités. Cependant, il faut maintenant qu'ils se retournent vers l'État et le gouvernement qui étranglent les collectivités territoriales, départements et communes, qui financent les SDIS. Par ailleurs, l'ARS (Agence régionale de santé), qui gère l'Assurance maladie, doit faire face à ses responsabilités vis-à-vis des pompiers qui, à 70%, remplissent des missions de secours à la personne qui ne sont pas dans leurs obligations légales. En préambule à une aide pécuniaire, le président du Conseil départemental, Denis Bouad, veut que le Département et le SDIS mettent en place un plan pluriannuel d'investissement. Pour ce faire, il faut établir un diagnostic et connaître le nombre de camions à renouveler ou à restaurer. Nous sommes le département de France le moins bien doté en centre de secours. Pour suivre les recommandations du SDACR (schéma départemental d'analyse et de couverture des risques), il faudra bien en construire. Et, bien sûr, il faudra embaucher..."