FAIT DU JOUR Le hold-up nîmois pour récupérer la prison d'Alès
Comme nous vous le révélions dimanche dernier (relire ici), la maison d’arrêt qui devait initialement se construire sur le bassin alésien pourrait finalement voir le jour ailleurs dans le département : la piste nîmoise est prise très au sérieux.
Depuis le mois de février et l’annonce du ministre de la Justice de l’époque, Jean-Jacques Urvoas, il semblait acquis pour beaucoup que la prison de 450 places se construirait à Alès, plus précisément sur les hauteurs de Rochebelle (relire ici). A l’époque, les députés socialistes Fabrice Verdier et William Dumas, ainsi que le maire Les Républicains d'Alès Max Roustan, avaient uni leurs forces pour défendre l'implantation de la maison d'arrêt dans la capitale des Cévennes. Une union rare mais intelligente qui pourrait, hélas, ne pas porter ses fruits...
Entre temps, le gouvernement a changé, et les certitudes d’hier ne le sont plus forcément aujourd’hui. « Sur le principe, il était acté que ce soit sur le bassin alésien. Mais en parallèle, des études de faisabilité sont menées à la fois sur Alès et sur Nîmes », explique Olivier Gaillard, député de la cinquième circonscription. « Politiquement, poursuit-il, certains élus se sont excités en même temps que le risque de suppression de la Cour d’appel de Nîmes pour obtenir la prison sur leur secteur.» Autrement dit, les députés Philippe Berta et Françoise Dumas œuvreraient dans l'ombre pour rafler la maison d'arrêt au nez et à la barbe de leurs homologues alésiens.
Une manœuvre qui inquiète la section du Parti socialiste d’Alès, qui s’est fendue d’une lettre ouverte adressée à Olivier Gaillard et Annie Chapelier, députée de la quatrième circonscription : « Nous en appelons à nos représentants élus, parlementaires qui malheureusement, brillent par leur absence ou leur passivité dans ce dossier. Nous les exhortons à prendre position publiquement sur ce sujet important pour Alès (…) En attendant, la question se pose : Monsieur Gaillard, Madame Chapelier, défendez-vous votre territoire ? »
Olivier Gaillard : « On n'a pas attendu cette lettre du PS pour se bouger »
« Ce n’est pas parce que nous ne faisons pas de bruit que nous n’agissons pas ! », répond Annie Chapelier. Même son de cloche chez Olivier Gaillard, qui « n’a pas attendu cette lettre du PS pour se bouger » et a interpellé directement la ministre de la Justice lors d’une rencontre en octobre. Un courrier lui a également été adressé le 15 novembre, co-signé par les deux députés, le président du Département Denis Bouad, le sénateur Simon Sutour et le maire d’Alès Max Roustan. Ils disent « rester déterminés et pleinement mobilisés pour mener à bien ce projet sur leur bassin de vie » et demandent un rendez-vous pour connaître les détails de l’avancée du dossier. Mais pour l’instant, la date de la rencontre n’est pas encore fixée.
Lorsqu'on interroge la députée nîmoise Françoise Dumas, elle entre aussitôt dans le thème et devient aimable comme une porte de prison. L’ex-élue socialiste, reconvertie opportunément au macronisme, « a autre chose à faire que de réagir à une lettre écrite par une minorité. » Minorité qui était encore sa famille politique il n’y a pas si longtemps... Dans le Gard, les idées politiques, c’est comme l’emplacement de la future prison, ça peut changer à tout moment !
Élodie Boschet