LE 7H50 de Jean Denat (PS) : « Je suis candidat à ma succession »
Objectif Gard : Comment s’annonce 2018 pour le Parti Socialiste gardois ?
Jean Denat : L’avenir est sombre, notamment concernant nos finances. La fédération a trois types de recette : les cotisations des élus, celles des militants, ainsi qu'une aide financière du parti. Sur les cotisations des adhérents, si on est en-dessous de 500 militants, ça va être compliqué. Nous avons perdu nos parlementaires, qui donnaient chacun 5 000 € par an. De plus, certains élus municipaux et départementaux ne sont pas à jour de leur cotisation. Quant à notre direction nationale, son aide financière a été divisée par quatre (de 63 000 € à 15 000 € par an).
Comment pallier ce manque d'argent ?
Nous allons voter le budget 2018, le 13 février prochain. Sur les 60 000 € de dépenses pour les six premiers mois, j’ai seulement 29 000 de recettes. Alors, nous allons contraindre un peu plus nos dépenses. Nous nous sommes séparés de notre deuxième permanente en contrat aidé. Et puis, nous avons décidé de vendre le siège de la fédération. On espère récupérer entre 250 000 € à 300 000 €.
La vente de votre patrimoine est-elle vraiment nécessaire ?
On est obligé. Si on ne vend pas, on devra se séparer de notre permanent. Or, il en faut un pour animer la vie politique du Gard. Avec cette vente, nous aurons trois ans de répit devant nous. Dans beaucoup de départements, quand les socialistes ont la chance d’avoir un patrimoine, ils le vendent. Et puis aujourd’hui, la façon de faire de la politique a changé. Il vaut mieux avoir un bon ordinateur qu’une grande salle !
Où allez-vous vous déménager ?
On louera des locaux sur Nîmes, en attendant des jours meilleurs.
Concernant les cotisations des élus. Comment comptez-vous les récupérer ?
Nous allons continuer à les interpeller. Vous savez, c’est le signe d’une époque : quelques élus PS sont devenus des élus « divers Gauche ». Alors, il y en a qui attendent de voir ce qu’il se passe au sein du parti. D’autres ont le sens de l’opportunité... Je suis d’un naturel optimiste : le congrès arrive. Il donne des forces à ceux qui ont quelques faiblesses à la colonne vertébrale.
« Je veux finir le travail »
Dans ce contexte difficile, serez-vous candidat à votre succession lors du congrès du 29 mars ?
Oui. Je veux finir le travail pour lequel on m’a sollicité en 2015. À l’époque, la tutelle de Solférino reconnaissait que j’étais une sorte d’autorité morale, reconnue par tous. Ma mission était triple : redresser les comptes, mettre en place les instances de notre parti pour refaire de la politique et régler les affaires judiciaires.
Justement, quel est votre bilan ?
Les instances ont été toutes renouvelées (conseil et bureau fédéral, bureau fédéral des adhésions…) avec l’adoption d’un nouveau règlement intérieur. Habitué à discuter des problèmes des uns et des autres, ce parti a pu refaire de la politique, en organisant des débats sur l’Europe, l’économie sociale et solidaire…
Au niveau des finances ?
Le 13 février, la comptable va présenter le bilan de ces dernières années. Nous avons redressé les comptes. Quand nous sommes arrivés, il y avait deux emprunts contractés à Solferino. Ils ont été remboursés totalement. Nous avons aussi diminué nos charges de façon importante, en renégociant des contrats pour les imprimantes, assurances ou la téléphonie.
Sur le volet judiciaire ?
On a tenu à ce que les décisions de justice dans l’affaire Bouvet soient appliquées. Les époux ont été condamnés à verser au parti 188 000 €. On est entré dans la phase d’exécution de la peine. Mais nous avons eu des difficultés. Ce qui nous pose problème aujourd’hui, c'est l’intervention du Trésor public. Il n’était pas partie prenante dans le procès. Lorsqu’il a été au courant de la vente des biens des époux pour s'acquitter de leur dette, il s’est rappelé au bon souvenir de la justice, pour que la sienne soit payée. Il est intervenu au tribunal, il a perdu. Il a fait appel, il a perdu. Et maintenant, il va en Cassation ! On se défend, on dépense de l’argent et le temps passe... Ça arrivera dans 3 mois, 6 mois ou dans un an. Mais on ne peut pas compter sur ça pour bâtir notre budget.
Vous avez 63 ans. La situation politique et financière du PS est catastrophique. Qu’est-ce qui motive ce second mandat ?
Le militantisme et les convictions. Je ne serai pas candidat aux élections régionales, ni départementales. Si je peux être ici dans des moments difficiles et préparer le relais pour les jeunes, c’est mon devoir de le faire.
Aucune arrière-pensée pour un mandat national ? Les sénatoriales par exemple ?
Moi, je suis à Vauvert et dans le sud gardois.
« Pour le congrès, je soutiens Olivier Faure »
Au niveau national, quel candidat au poste de Premier secrétaire allez-vous soutenir ?
Je serai le référent départemental d’Olivier Faure. Président du groupe PS à l’Assemblée nationale, c’est un social démocrate de 49 ans. Il est pour la Gauche de gouvernement et attaché à l’union de la Gauche.
Qu’est-ce qui vous fait croire que le PS a encore un avenir aujourd’hui ?
À cause de son histoire ! Notre parti a été traversé par de belles victoires et de grandes défaites. Mais à chaque fois, il s’en est sorti. Il s'est relevé transformé. On a eu 1993, année terrible où le PS avait quasiment disparu. Le nom de Jospin n’était pas encore prononcé. Aujourd’hui, il nous faut un nouveau leader. Il y aura aussi une clarification de la ligne politique. Le PS sait se réinventer. Ce qui nous importe, c’est de faire en sorte que nos valeurs, celles de progrès et d'épanouissement de l'être humain, puissent passer à travers les âges. Le monde change. On doit s’adapter et faire prospérer nos valeurs différemment. Ça ne veut pas dire qu’on y renonce.
Propos recueillis par Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
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