GRAU-DU-ROI Nicolas Vanier bientôt en tournage
L'information avait été donnée à l'issue du dernier conseil municipal. Nicolas Vanier, l'aventurier du Grand Nord reconverti avec succès dans le cinéma, réalisateur de "Belle et Sébastien" ou de "L'école buissonnière" s'apprête à tourner quelques semaines au Grau-du-Roi.
L'homme de l'art devrait poser ses caméras ans un endroit beau et sauvage, comme souvent, proche de l'Espiguette. Ses équipes et lui-même, guidés par le Conservatoire du Littoral ont eu le coup de foudre pour la Capelude, un lieu privé naturel mais fermé au public. Reste qu'à la réunion de travail et de présentation du projet organisée par la mairie, ce mercredi soir 21 février, tout un groupe de propriétaires privés du chemin de Terre Neuve, près de la Capelude se pressait un peu mécontents.
Soucieux de leur tranquillité et de la préservation du lieu hors razzia touristique, ils avaient été échaudés par le tournage d'un téléfilm, qui leur avait laissé le souvenir d'un "bazar" conséquent. Alors quelle que soit l'estime qu'ils portent à Nicolas Vanier et à son parcours, ils ne voulaient pas donner de blanc-seing à l'équipe du film. Le choix du lieu s'est fait vite, Nicolas Vanier a tranché il y a un mois à peine et l'annonce publique a suivi sans que les propriétaires en aient été préalablement avertis. De quoi provoquer un léger malentendu, sinon un mécontentement hyper-localisé. Sans l'accord des propriétaires en tout cas, l'accès au lieu idyllique de tournage se révélait impossible. C'est une réunion en petit comité à l'issue de la présentation du projet qui a pu dégeler les relations et rassurer définitivement.
Le film, une fiction, qui réunira les acteurs Jean-Paul Rouve et Mélanie Doutey est directement inspiré par la vie de l'ornithologue Christian Moullec. Pionnier du vol en ULM avec les oiseaux, ce disciple de l'éthologue Konrad Lorentz est connu pour avoir accompagné lors de leur premier vol vers la Norvège une portée d'oies menacées de disparition. De nombreux documentaires lui ont été consacrés. Si tout va bien, le tournage devrait débuter le 23 mai pour quatre semaines.
Au-delà de l'histoire, Nicolas Vanier veut finaliser un projet que l'ornithologue établi dans le Cantal n'a pas pu mener à bien, faute de moyens. Permettre la survie de l'espèce, en accompagnant au moins trois années de suite les oiseaux migrateurs dans leur périple. Pour cela, Nicolas Vanier espère se servir du film et de sa notoriété pour débloquer des crédits européens et des soutiens officiels. Une action qui va au-delà de la fiction et prolonge l'effet du film. "On ne débarque pas en terrain conquis !, a-t-il dit dans une volonté d'apaisement. On veut travailler avec des écoles. On a besoin de figurants, d'un vrai partenariat. Et sachez-le, les territoires avec lesquels nous avons travaillé nous aiment !" Un appel entendu par les propriétaires méfiants puisqu'un porte-parole leur indiquait en pleine assemblée qu'ils étaient d'ores et déjà invités à l'apéro !
Loin de toute polémique, le cinéaste a clairement indiqué, en bon adepte de la communication non-violente, que "si sa présence n'était pas désirée dans le secteur, s'ils n'étaient pas bienvenus, ils iraient ailleurs". D'autres lieux de repérages existent. Des réticences que son équipe, habituée à tourner dans des endroits aussi précieux que fragiles, comme le parc de la Vanoise ou en Sologne, a déjà rencontré au fil des précédents tournages. Des craintes jugées "naturelles" par le maire du Grau-du-roi, Robert Crauste, qui nous indique ce jeudi après-midi qu'un accord définitif a été trouvé avec les propriétaires méfiants. Une reconnaissance aérienne était programmée ces jours-ci par l'équipe du cinéaste. Voilà tout le paradoxe des amoureux et défenseurs de la nature. Pour bien en parler et la faire connaître, il faut tout de même s'approcher de près, avec respect et en ayant conscience de sa fragilité. Nicolas Vanier, lui, a commencé à griffonner le story-board qui le guide pour la réalisation.
Florence Genestier