Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 14.03.2018 - coralie-mollaret - 2 min  - vu 4920 fois

NÎMES MÉTROPOLE La Saur devant les tribunaux ?

C’est ce que réclame l’association Eau bien commun au président de Nîmes Métropole, après la diffusion hier soir de l’émission Cash Investigation (France 2).
Au centre, le militant Sébastien Berthaut-Clarac entouré de ses deux avocats, maître Durand et Blanc. L'association Eau bien commun a tenu une conférence de presse cet après-midi au Café Olive (Photo : Coralie Mollaret)

Pour Sébastien Berthaut-Clarac, c’est une petite victoire. Une victoire dans le long combat que les militants de l’association Eau bien commun mènent pour une gestion plus rigoureuse de l’eau à Nîmes. Hier soir devant 3,2 millions de téléspectateurs, Élise Lucet a mis en difficulté le président Centriste de Nîmes Métropole, Yvan Lachaud.

En charge de l’eau et l’assainissement, l’Agglo délègue son service à la société la Saur depuis 48 ans. « L’émission a eu le mérite de confirmer ce que nous dénonçons depuis des années : le taux de rendement faible de l’eau à Nîmes et les bénéfices de la multinationale Saur qui, comme le dit lui-même le président Lachaud : ‘se gave grave’ ! », réagit Sébastien Berthaut-Clarac, « seulement à la fin, ce sont les usagers qui paient ! »

Les bénéfices dans le viseur 

L’association a déjà déposé un recours sur la caducité de la DSP (*) devant le tribunal administratif. Cette-fois, Eau bien commun somme Yvan Lachaud de poursuivre en justice la Saur pour ses taux de marges. « Le taux de rentabilité de l’entreprise est de 12% alors qu’un taux correcte est estimé à 4% », rappelle Maître Pierre-Henry Blanc, reprenant les chiffres de Cash Investigation.

Sur la question des frais de siège que paie Nîmes métropole à la société, l’avocat s’étonne : « le contrat de Nîmes représente 0,4% du chiffre d’affaires de la Saur alors que l’Agglo finance 11% de frais de siège. Il s’agit d’un enrichissement sans cause. Si Yvan Lachaud veut ‘ruer dans les brancards’ comme il dit, qu’il le fasse ! Sinon, nous le ferons. »

Face à Élise Lucet, la défense d’Yvan Lachaud a effaré Eau Bien Commun. « On l’a bien compris : il est président depuis deux ans ! », ironise M.Berthaut-Clarac, « c’est oublier qu’il a été adjoint pendant 20 ans de la ville de Nîmes. » Son manque de connaissance du contrat de DSP est condamné par le militant : « Nîmes métropole n’a jamais mis en place de commission de contrôle financier et n’a jamais eu accès aux comptes d’exploitation de la Saur. Elle ne maîtrise rien ! »

« Les élus pensent qu’en déléguant un service ils délèguent tout… », explique Maître Karine Durand. Tout, sauf leur responsabilité.

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com 

(*) Après avoir perdu en premier instance, l’association Eau bien commun critiquera la décision en appel au tribunal administratif de Marseille, à la fin de l’année.

Et aussi : 

Deux recours déposés. L'association Eau bien commun a déjà déposé deux recours devant le tribunal administratif. Le premier concerne la caducité de la DSP qui court depuis 48 ans. Le deuxième concerne le contrat de DSP qui lie Nîmes Métropole à Véolia pour la gestion de l'eau de la commune de Saint-Anastasie : « Nous voulons faire annuler la clause de ce contrat qui prévoit une coupure d’eau pour les usagers en défaut de paiement. C’est interdit par la loi. » soutient l’avocat Karine Durand, du cabinet Blanc et Tardivel.

Pas de « corruption. » Recherchant les motifs d’une telle « méconnaissance » du dossier, l’association a écarté les soupçons de « la corruption » du président de Nîmes métropole. Eau bien commun va même plus loin : « la justification est plutôt la volonté des élus de se déresponsabiliser. Le président est dans un deal, un arrangement avec la Saur. La société lui a enlevé une épine du pied en installant des formations dans le bâtiment de l'EERIE que  l’agglomération n’arrivait pas à louer. »

Coralie Mollaret

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