FAIT DU JOUR Du street-art pour ouvrir les élèves de la Maison familiale rurale au handicap
Venue du monde du handicap, ’enseignante en a ramené un peu avec elle à la MFR avec un tout nouveau projet.
« Ça leur permet de grandir »
Un projet pour lequel les 23 élèves de la classe de 4ème de l’établissement et 6 adultes en situation de handicap du foyer de vie des Agarrus de Bagnols se rencontreront par le truchement du street-art. « Je leur ai proposé de graffer sur des toiles et sur des casquettes, qui seront offertes aux adultes des Agarrus », explique Julie-Anna Roudil. En parallèle, un flashmob mêlant les élèves de 4ème et les adultes du foyer de vie des Agarrus sera réalisé, « pour montrer que ce n’est pas parce qu’on est handicapé qu’on n’est pas capable », souligne l’enseignante.
C’est qu’à la MFR, « on réceptionne parfois des jeunes en échec, cassés par l’école. On leur montre que les personnes en situation de handicap sont capables et qu’eux aussi sont capables », affirme Marie-Anna Roudil. Au-delà de cet objectif, il s’agit aussi d’ouvrir les jeunes à la différence, « à un âge où le moindre bouton sur le visage va être sujet de moqueries », rappelle l’enseignante. Pour elle, il est capital de sensibiliser les jeunes à la question du handicap « car si à 14 ans on fait un projet avec des personnes en situation de handicap, on n’en a plus peur. Et peut-être qu’en tant qu’adultes plus tard, ils auront moins d’appréhension. Peut-être même que certains en feront un métier. » Il faut dire que la MFR de Castillon propose notamment un bac pro de service aux personnes.
« Nos élèves ont beaucoup à apprendre de ce public, comme eux ont beaucoup à apprendre de nos élèves, c’est du partage », résume le directeur de la MFR de Castillon, Mohammed Khalfane. « Ça leur permet de grandir, avec un projet pareil ils gagnent un an de maturité, poursuit le directeur. On ne peut pas le quantifier, mais ça leur permet de voir les choses différemment. » Un projet qui rentre bien dans la philosophie des MFR, qui est de « s’intéresser au jeune dans sa globalité, développer le vivre-ensemble, l’acceptation de l’autre et de soi », énumère Mohammed Khalfane. Et la recette fonctionne, l’établissement revendiquant 95 % de taux de réussite tous examens confondus.
Une campagne de financement participatif lancée
Concrètement, le projet se déroulera sur plusieurs rencontres. Une première le 2 mai pour faire connaissance, puis trois séances le 24 mai et les 7 et 21 juin avec la professeure d’arts plastiques castillonnaise, Caroline Tyson, avant une restitution des travaux pour la dernière semaine de juin.
Tout est donc en route, reste à trouver des fonds pour acheter le matériel nécessaire au projet, de la peinture aux casquettes, en passant par les toiles. L’association des Kiwanis d’Uzès a d’ores et déjà accordé une aide, tout comme le foyer de vie des Agarrus. La fédération régionale des MFR devrait suivre. Pour arriver à boucler le budget du projet, Julie-Anna Roudil a lancé une campagne de financement participatif pour récolter 1 000 euros. 110 euros ont déjà été récoltés en à peine quelques jours, et la cagnotte est toujours ouverte.
De quoi mener à bien ce projet, auquel les élèves « ont accroché, affirme leur enseignante. Ils sont impatients de commencer. »
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
Et aussi : La MFR de Castillon compte 230 jeunes en formation initiale et en apprentissage de la 4ème à la terminale bac pro. Toutes les formations sont en alternance, dans trois domaines : l’accueil et la vente, la transformation des produits agroalimentaires et les activités de loisir.