ARLES EN FERIA Triomphes, état de grâce et indulto d'un toro
Il est des jours comme ça... Cette corrida de Jandilla était attendue, certes, mais peut-être pas autant que celle d'ouverture. Pourtant, les aficionados venus garnir à moitié les rangs des arènes ont vu du spectacle et la grâce d'un toro de l'élevage par le régional de l'étape, Andy Younes.
Tout commence par Miguel Angel Perera. Il a réalisé une grande saison, notamment à Madrid, et il est attendu au tournant en 2018. Dans les arènes d'Arles, il débute fort et s'impose immédiatement sous les assauts d'un toro de piètre présentation mais d'une belle prestance et d'une charge régulière. Comme à son habitude Perera souffle le chaud et le froid en restant glacialement brûlant d'une quiétude rare et exécute un modèle technique de faena qui le verra couper les deux oreilles de son opposant. Une excellente entrée en matière.
Sur son second, les choses seront plus compliquées. L'Espagnol aura du mal à renouveler l'excellente expérience, entendra l'avis et saluera au tiers après une faena sans trop de relief mais dotée de quelques belles notes et sans fioritures.
Autre triomphateur madrilène, Ginés Marin débarque sur la ville. Son premier toro sera dans le même type que le second de Perera mais le minot s'arrimera pour une faena de détails et de saveurs. Après les deux oreilles de Perera on pouvait s'attendre à voir quelques mouchoirs s'agiter dans les tribunes... Que nenni ! Rien du tout à part une vuelta un poil forcée pour un public en mal de compréhension.
Autre duel, autre toro, forcément. Bien plus intéressant que son congénère, l'opposant marqué du fer de Jandilla est un grand toro. Il prend le galop de loin, il est clair, il transmet un peu d'émotion mais laisse parfois le public aussi froid que le mistral qui souffle par rafales. En tout cas, Ginés Marin l'a compris et ne se désunit pas tout en poursuivant son effort. Un peu en-dessous des nombreuses qualités du toro, Marin compose mais fait venir le cornu dans l'étoffe rouge sans l'étouffer et en lui donnant la possibilité d'être vu par les gradins. Sa faena sera une nouvelle fois très colorée et précieuse mêlant technique et passion. Avis et oreille.
Passons à présent à l'enfant du cru. Andy Younes faisait sa présentation dans ses arènes en tant que matador de toros. Il a pris l'alternative en septembre dernier à Nîmes et le voilà comme un grand en Arles pour une corrida qui ne peut pas le laisser indifférent. Hélas, son premier combat sera trop discret pour que l'on puisse en parler sereinement. De plus, Andy se fera prendre sans gravité mais cette voltereta lui aura sans aucun doute remis la rage au cœur avant un bref passage à l'infirmerie et un retour en piste pour un ultime duel. Avis et salut.
Attention, indulto. La grâce de Lastimoso, grand toro, un de plus de chez Jandilla pour cette fin de corrida. Pour le coup, Andy Younes coupera deux oreilles symboliques mais plus que ça, il empochera l'adhésion d'une partie du public. Une partie seulement car qui dit indulto, dit contestation et fragmentation des tendidos. Justifiées pour l'occasion. Oui, Lastimoso est brave, noble et est monté sur rail. Il passe, il repasse, mieux que le facteur et ses tournées sont à recommander. Il n'a pas de vice, mais Andy l'attaque fort et secoue le public qui rêvassait. Piqués au vif par le petit, les gradins se réveillent et soutiennent le gamin qui ne se démonte pas et réalise une faena émouvante, pugnace et relâchée par moment. Le jeune se prend au jeu, prend l'épée puis se ravise sous les ordres d'un public très joueur. La présidence sort le mouchoir orange synonyme de grâce, d'indulto.
Miguel Angel Perera, Andy Younes et bien sûr le le mayoral de Jandilla sont sortis en triomphe.