LE 7H50 de Laurent Burgoa : « Il faut savoir pardonner aux anciens FN »
Objectif Gard : Prise de guerre pour votre groupe... Béatrice Pruvot a quitté le Front national pour rallier le Bon Sens Républicain. Êtes-vous satisfait ?
Laurent Burgoa : Il y a quelques semaines, elle nous a dit qu'elle était mal à l'aise au Fn et qu'elle voulait venir chez nous. Comme elle n'est pas encartée, les élus de mon groupe ont été d'accord pour l'intégrer en tant qu'apparentée.
N'est-ce pas ici le signe patent d'une porosité entre le Front national et Les Républicains ?
Attendez, j'ai toujours été très clair : pas d'alliance avec le Fn ! Si quelqu'un veut quitter le Fn pour venir chez nous, pourquoi le rejeter ? Les gens ne sont pas marqués au fer rouge toute leur vie. Il peut y avoir une réhabilitation. L'ancien député écologiste de la 6e circonscription, Christophe Cavard (*), a changé de parti combien de fois ?
Mettez-vous au même niveau le Parti Communiste et le Front national ?
Non. Toutefois, le discours de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen est le même d'un point de vue économique...
On ne parle pas uniquement économie... Sur son compte Facebook, Béatrice Pruvot a partagé des photos de l'équipe de France de football de 1982 et de celle d'aujourd'hui, assorties du commentaire : "Effets du changement climatique." Condamnez-vous ces propos ?
Je ne les cautionne pas. Béatrice Pruvot en a discuté avec moi. Après, il faut savoir pardonner aux anciens du Fn. Si elle ou d'autres élus de mon groupe tiennent de tels propos à ce jour, ils seront sanctionnés.
Cette intégration n'est-elle pas la réussite de la stratégie de Laurent Wauquiez ? Le président de votre parti incarne une droite dure, contrairement à celle d'Alain Juppé que vous supportiez jadis...
Une partie de la famille de Béatrice Pruvot aime bien le maire de Bordeaux... Aussi, elle m'a dit qu'elle n'était pas d'accord sur certaines positions du Fn, notamment concernant l'insertion. Elle considère qu'il ne faut pas stigmatiser tout le monde. Le problème vient plutôt de l'organisation interne au Fn. Entre ceux qui sont pro-Vauvert et pro-Beaucaire, c'est le binz !
Au Département, la force de votre opposition réside dans votre alliance avec les élus centristes et indépendants. Certains ne doivent pas être ravis de voir arriver cette recrue...
Je n'ai pas eu de commentaire particulier. Arrêter de donner de l'importance à des choses qui n'en ont pas.
« La politique, c'est un rapport de force »
L'opposition de droite et du centre compte 21 élus contre 22 pour la majorité. Qu'allez-vous faire de ce nouveau rapport de force ?
À ce jour, mon groupe compte 14 élus comme le groupe socialiste. Ça met un peu plus la pression sur la majorité relative. La politique, c'est un rapport de force. On continuera à travailler dans le même esprit pour un équilibre entre les financements alloués aux territoires urbains et ruraux. Nous continuerons à être associés avant la prise de décision de l'exécutif. Le président du Département, Denis Bouad, l'a compris mais certains socialistes pas tout à fait... À l'instar de M.Serre qui a évoqué en séance publique les problèmes nîmois entre Les Républicains et l'UDI...
En même temps, il n'a pas tort...
On a pas de leçon à recevoir ! D'ailleurs ça n'a pas porté chance à son groupe et au vice-président en charge du tourisme, Philippe Pécout, qui a perdu aux municipales de Laudun !
Avec cette élue supplémentaire dans votre groupe, lorgnez-vous de nouveau sur le fauteuil de président du Département ?
Ça, c'est de la politique fiction ! Je ne suis pas dans cette optique. Il manque encore deux élus.
Sauf si les conseillers Fn votent pour vous.
Il est hors de question que j'ai une voix du FN !
Il pourrait avoir une autre solution : ralliez-vous à Alexandre Pissas et sa binôme, Sylvie Nicole !
Il y a peut-être des socialistes qui ne sont pas très loin d'avoir des idées centristes. Franchiront-ils le pas ou pas ? On ne sait pas... Mais tout ça, c'est de la politique fiction ! On est pas dans Pif Gadget ! Avec Alexandre Pissas les relations sont correctes, même si nous lui envoyons des pointes, notamment sur le SDIS. Au Département, on est quasiment dans de la co-gestion. C’est plutôt bien. Si je devenais président, il faudrait avoir la même attitude... Et puis, je ne vois pas comment M.Pissas, qui demande à réintégrer le PS, voudrait nous rejoindre. En 2015, il n’était plus au PS. On a essayé de faire un coup de poker. Ça n’a pas réussi.
Qu’est-ce qui vous plairait le plus : diriger le Département ou la ville de Nîmes ?
Si je vous réponds, ça va être interprété. Dans les mois à venir, je verrai si je m’oriente plus vers la mairie ou le Département. Ça dépendra des décisions des différents élus municipaux et du maire, Jean-Paul Fournier. Patience...
Propos recueillis par Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
(*) Christophe Cavard a commencé sa carrière politique au Parti Communiste.