NÎMES Jean-Paul Fournier : la fin d’un règne ?
Le pouvoir est-il en train d’échapper à Jean-Paul Fournier ? Depuis un an, le mundillo politique s’agite autour d'une probable fin de règne de celui qui dirige Nîmes depuis 17 ans. Parfois rocambolesques, ces théories sont nées suite aux problèmes de santé de l’édile en 2016. Elles ont été renforcées par la déroute des partis traditionnels à la présidentielle et aux Législatives, semant le doute sur l’avenir de la droite dans la capitale gardoise.
Des proches collaborateurs sur le départ
Ce mardi, une annonce a apporté de l'eau au moulin de ces spéculations. En fin de matinée, les conseillers municipaux nîmois ont été alertés du départ de Jean-Albert Chieze. Homme de dossiers et porte-flingue du maire, le directeur de cabinet est en poste depuis 2007. Un record de longévité pour celui qui entretient avec Jean-Paul Fournier une véritable relation de confiance. Pour un Républicain qui restera anonyme, ce départ n'est peut-être pas une si mauvaise nouvelle puisque « M. Chieze était à l’origine de beaucoup de fâcheries entre les élus et le maire. »
Il n'en reste pas moins que cette désertion s’ajoute à celle de Marie Gervais, la compétente quadragénaire employée depuis dix ans au cabinet du maire. Tout d’abord chargée de mission pendant huit ans, elle a pris en 2014 le poste de directrice-adjointe du cabinet. En juillet, cette femme de l'ombre se reconvertira dans le privé après avoir échoué à se recaser à la SAT (Société d'aménagement du territoire).
Plus anecdotique mais tout de même significatif : le chef de cabinet, Nicolas Balmelle, a décidé, l’année prochaine, de faire un tour du monde en famille… À moins d’un an des municipales, tous ces changements font jaser : « ces recasages marquent peut-être la fin d’une ère », concède un élu de la majorité, assurant toutefois que « le fonctionnement de la mairie et des services rendus aux administrés ne seront pas impactés par ces départs. »
Perte de pouvoir
En politique, une fin de règne se matérialise aussi par une perte de pouvoir. L’année dernière, le divorce entre Jean-Paul Fournier et son adjoint, le président de Nîmes métropole, Yvan Lachaud, a affaibli Les Républicains. Les langues de certains proches du premier magistrat nîmois se sont déliées pour condamner une stratégie « de la terre brûlée. »
La montée en puissance des agglomérations confère à Nîmes métropole de nombreuses compétences : zones d’activités économiques, aéroport Nîmes-Garons, extension du Colisée, gare de Manduel, etc. On ajoutera les évictions successives de Pascal Gourdel et Laurent Burgoa qui sont le signe tangible de la perte d'influence de la Ville de Nîmes au profit de l'Agglo... « L’un des symboles cachés de la perte d’influence de Jean-Paul Fournier reste l’attitude du monde économique qui mise de plus en plus sur Yvan Lachaud pour 2020 », commente l'une de nos sources chez Les Républicains.
En minorité à la Communauté d'agglomération, la ville préfecture a du mal à contrecarrer les décisions de l’Agglo quand elle ne les cautionne pas. Une situation dans laquelle ne veut plus se retrouver la droite. La fédération gardoise Les Républicains a prévu, aux prochaines municipales 2020, de présenter des candidats dans un grand nombre de communes avec la volonté d’asseoir des majorités dans les intercommunalités.
Touché mais pas coulé
Si le bateau tangue, il n’a pas encore coulé. Le navire Les Républicains vogue depuis longtemps à Nîmes et dispose de l’équipage nécessaire pour conserver la confiance des Nîmois. Tout dépendra donc de l’homme et de son projet. Si effectivement une page se tourne, rien n'empêche aux Républicains d'en écrire une nouvelle. Reste à savoir qui tiendra la plume.
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com