VAUVERT Une famille albanaise menacée d'expulsion
La mobilisation locale a été rapide face à la situation d'une famille albanaise de trois personnes, domiciliée à Vauvert depuis 2016 grâce à la Croix-Rouge. Le collectif de soutien s'est créé le 9 mai avec une vingtaine de personnes.
Policier en Albanie, Dritan, son épouse infirmière, Lumturie Haklaj Kuçana, étaient installés dans la ville de Topijé avec leur fils jusqu'à ce que l'ambiance dégénère dans une série de règlements de comptes ponctuée de plusieurs meurtres. La vendetta albanaise est une réalité héritée d'une très ancienne tradition mafieuse et clanique : le Kanun. Une tradition très difficile à expliquer par le menu hors des frontières du pays jadis dirigé par Enver Hodja. Des familles émigrent en raison de ce genre de conflits, violents et sanguinaires. Un frère de Lumturie a été assassiné, un autre a été blessé. De nombreux membres de la famille Haklaj ont déjà été contraints d'émigrer en Amérique, en Suède et en France pour ne pas avoir affaire avec ces vengeances d'un autre temps.
Des refus et des recours
En France, l'asile leur a été officiellement refusé malgré de nombreuses demandes. Le tribunal administratif de Nîmes a rejeté leur demande le 25 avril dernier. L'obligation de quitter le territoire français leur sera logiquement appliquée, malgré des recours déposés à deux reprises. La famille Kuçana se trouve donc aujourd'hui menacée d'expulsion vers son pays d'origine. Jusqu'à présent, elle n'a donc pas réussi à convaincre les autorités françaises de l'extrême dangerosité d'un retour au pays. Notamment pour le fils de 16 ans, Besmir, scolarisé au collège de Vauvert. En une année, il a appris à parler couramment le Français. Besmir est particulièrement ciblé. Mais la famille de sa mère étant concernée par la vengeance, il se trouve particulièrement en danger s'il devait retourner dans le petite pays de la péninsule balkanique.
Pour les tribunaux administratifs de Lyon et de Nîmes, saisis de l'affaire chacun à leur tour, le risque vital n'a pas été démontré avec suffisamment d'arguments. Or, étonnamment, d'autres membres de la famille, arguant des mêmes faits, ont eux déjà obtenu le droit d'asile, notamment à Bourg-en-Bresse (Ain) ou...aux États-Unis.
De nombreuses actions ont été lancées simultanément face à ce risque latent d'expulsion. Des pétitions ont d'ores et déjà été diffusées par des compatriotes, des sympathisants et les enseignants du jeune garçon : la mairie vauverdoise, la Maison du cœur et la police municipale ont signé des attestations de bonne conduite. Sans visiblement que ces engagements aient une quelconque influence.
Le collectif parie désormais sur une mobilisation d'ampleur pour, au final, empêcher cette expulsion. Le collectif a reçu le soutien du Réseau éducation sans frontière (RESF) -qui soutient déjà le jeune guinéen Moussa -, du MRAP Lunellois Petite Camargue, de l'Amicale des familles pour la mémoire de la déportation (AFMD), et de citoyens vauverdois, à titre individuel. Des acteurs habituels impliqués dans ces réseaux de solidarité, plutôt à gauche de l'échiquier politique, et qui, dans nombre de cas similaires, font preuve d'efficacité pour démêler des situations bloquées. Dimanche 13 mai, à 20 h 30, 340 signatures en ligne contre l'expulsion de la famille Kuçana avaient été recueillies, 370 ce lundi 14 au matin.
Florence Genestier
Page facebook du collectif de soutien