Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 08.06.2018 - thierry-allard - 3 min  - vu 1795 fois

FAIT DU JOUR À Roquemaure, un collectif ne veut pas d’un nouveau quartier sous ses fenêtres

 ZAD : comme zone à défendre, acronyme rendu célèbre par Notre-Dame-des-Landes.
Une partie des membres du collectif opposé à l'OAP des Ponts Longs, à Roquemaure (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

ZAD, c’est aussi ce qu’on peut lire sur un terrain situé tout au bout de la rue du Moulin à Vent, à Roquemaure, paisible commune de 5 000 habitants située à l’extrême est du département.

2 hectares, 70 logements

C’est Christian Garcin qui l’a planté, ce panneau. Ce retraité ne décolère pas depuis le 15 février dernier. « Sur les panneaux lumineux de la ville, j’avais vu qu’il y avait une réunion publique sur le Plan local d’urbanisme, raconte-t-il. J’y suis allé par curiosité. Un plan a été projeté et j’ai repéré ma maison au milieu d’un projet (une Orientation d’aménagement et de programmation, OAP, ndlr). » L’OAP des Ponts Longs, du nom de la rue qui longe le terrain, est prévue sur les 2 hectares de jardins et d’oliveraies appartenant d'une part aux époux Garcin et de l'autre à Frédéric Bonnaud, journaliste et directeur de la Cinémathèque française, et à sa soeur Irène.

Des terrains constructibles, mais que les propriétaires ne veulent pas vendre. « Je l’ai dit à Patrick Manetti (le premier adjoint, ndlr), mais il m’a répondu que la mairie allait nous mettre tellement de taxes qu’on devrait vendre et que de toute façon le préfet nous expropriera », raconte Christian Garcin, qui verrait avec ce projet son jardin largement amputé, comme celui de la famille Bonnaud. De quoi faire de la place à des constructions à un et deux étages constituant environ 70 logements, à 60 % collectifs, et à 30 % sociaux.

Ce qui passe mal, c’est que les familles Garcin et Bonnaud ont l’impression que le projet sort de nulle part. « On nous a répondu qu’on aurait dû dire avant qu’on n’était pas d’accord pour vendre, mais on ne savait pas qu’il y avait un projet ! », s’étrangle Christian Garcin. Alors les propriétaires concernés et une vingtaine de leurs voisins ont monté un collectif pour s’opposer au projet et comptent d’ores et déjà plus de 700 signatures à leur pétition. Le premier adjoint Patrick Manetti répond pour sa part que les terrains en questions « sont en zone constructible depuis des années,1983 pour le plus grand et 1995 pour le plus petit, on ne fait rien de plus que de répondre aux exigences de l’État de prévoir des aménagements. »

Le projet (mairie de Roquemaure)

Zone urbaine ≠ zone naturelle

Pour l’élu, la balle n’est pas vraiment dans le camp de la commune : « aujourd’hui la mairie n’est plus maître de ce qu’elle veut faire sur son territoire », affirme Patrick Manetti. Et ce même si l’urbanisme reste de la compétence de la municipalité. « Mais les services de l’État veulent connaître les typologies sur place », affirme l’élu. Et quand Nathalie Reynes, secrétaire du collectif, pointe les quelque « 300 logements vides dans le centre-ville » dont il faudrait s’occuper avant de construire ailleurs, le premier adjoint confirme le chiffre et affirme que la mairie « s’est engagée à remettre sur le marché des logements vacants, mais encore faut il que les propriétaires le veulent ! » Décidément…

Pour l’élu, dans le dossier des Ponts Longs « ce sont les logements sociaux qui coincent. » Pour les propriétaires il s’agit plus d’une question de principes : « il est désagréable de voir des personnes faire des projets sur des terrains qui ne leur appartiennent pas, sans qu’on le sache ! », lance Marie-France Garcin.

« Tant que les propriétaires ne vendent pas il n’y aura pas d’aménagement », note Patrick Manetti.  De quoi mettre un sérieux coup dans l’aile de l’OAP ? Pas si sûr : « si les terrains restent en U (zone urbaine, ndlr), il n’est pas dit que les services de l’État n’obligent pas la commune à un moment donné à y faire quelque chose car on va être en carence en logements sociaux à partir de 2020 », ajoute l’élu.

Alors que faire ? Les propriétaires concernés ont demandé le classement de leurs terrains, où plus de 240 oliviers se trouvent et où des moutons paissent au printemps, en zone naturelle. « Je porterai cette demande. On verra la réaction des services de l’État », affirme de son côté Patrick Manetti, alors que la mairie semble de plus en plus embarrassée par ce dossier qui agite la commune depuis plusieurs semaines. « C’est un risque qu’on prend pour sauver notre terrain », affirme Christian Garcin. Un risque et un sacrifice, rappelle-t-il : « on s’était dit qu’on vendrait une petite parcelle pour nos enfants. On ne pourra plus le faire. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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