Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 28.06.2018 - coralie-mollaret - 2 min  - vu 2138 fois

CLASH À Beaucaire, le conseil municipal se termine à huis-clos

Sous la pression d’un opposant, suspicieux à l’égard du télétravail d’un agent, le maire RN (Rassemblement national, ex-FN) a demandé au public de sortir du conseil.
Luc Perrin, élu d'opposition, s’est emparé de toutes les occasions pour plaider sa cause... Jusqu’à monter sur sa chaise (Photo : Coralie Mollaret)

Il ne veut rien lâcher. Il, c’est Luc Perrin, 54 ans, conseiller municipal d’opposition de la liste Réagir pour Beaucaire...

Ce matin, c’est armé de petits drapeaux du Canada qu’il pénètre dans la salle du conseil. Non, M. Perrin n’est ni un fervent supporter du mondial de football (pour lequel le Canada n'est pas qualifié, NDLR), ni un fan du sirop érable, pourtant si délectable...

Depuis des semaines, l'élu demande des comptes au maire frontiste, Julien Sanchez, concernant la situation professionnelle du responsable du pôle urbanisme. « Embauché en juillet 2015 à la mairie, ce fonctionnaire a bénéficié d’un télétravail à plein-temps d’octobre 2017 à mars 2018 », relève le frondeur. Jusque-là rien d’anormal. Sauf que ce même agent « a travaillé d'août à décembre 2017 pour la ville de Montréal en tant qu'inspecteur d'arrondissement ! », soutient l'élu, qui s’est procuré sa lettre d'embauche auprès du district de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles.

Don d'ubiquité ?

Dubitatif sur le don d'ubiquité de l'agent, le conseiller municipal a plusieurs fois réclamé « l’autorisation médicale de ce télétravail à plein-temps. » Sans succès. Aussi, M.Perrin relève que cet employé municipal a défendu en 2015 les couleurs de l'ex-Front national aux Départementales dans l’Hérault… Alors ce matin, l'élu était bien décidé à passer à la vitesse supérieure, en distribuant ses petits drapeaux aux élus avant de monter sur son siège pour plaider sa cause ! 

Au centre, le directeur de cabinet de la ville de Beaucaire, Yoann Gillet (Photo : CM)

La scène est improbable, surréaliste. Dans la salle, c’est le brouhaha général. Le directeur de cabinet, Yoann Gillet, tacle de « guignol » l’opposant Christophe André, défenseur de Luc Perrin. Celui-ci lui retourne un « fermez votre gueule ! » Classe et bonjour l'ambiance ! Les footballeurs n’ont visiblement rien à envier au vocabulaire des responsables politiques.

Huis-clos

Au terme de deux suspensions de séance et à la demande de plusieurs de ses élus, le maire décide d'achever le conseil à huis-clos. « On est pas dans un cirque ici. Je rêve ! », lance Julien Sanchez, « vous demandez le certificat médical d’un agent ? C’est hors de question. (...) Une enquête administrative est en cours et si au terme de l’enquête il apparaissait que l’agent a commis une faute, je demanderai personnellement au centre de gestion du Gard qu’il soit sanctionné. » Son directeur de cabinet complète : « vous savez très bien qu’un agent français n’a pas le droit de travailler pour une autre collectivité

À l’extérieur, M.Perrin précise sa requête devant la presse : « je ne demande pas le certificat médical mais l’autorisation médicale ainsi que l’arrêté municipal. Moi, je veux des réponses. Qu'est-ce que le maire a à cacher ? Comment cette personne, visiblement malade, peut-elle sortir de chez elle pour aller vérifier les travaux de la ville de Montréal ! » Son amour du Canada lui a peut-être donné des ailes...

Avant de soumettre le dossier au procureur, Luc Perrin "attend des réponses de la mairie. J'aimerais avoir les réponses maintenant. C'est pour ça que j'ai demandé que cette question soit mise à l'ordre du jour du conseil municipal. Si je mets ça devant le procureur, j'aurai les réponses dans trois ans ! " (Photo : CM)

CM

coralie.mollaret@objectifgard.com

Coralie Mollaret

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