POLITIQUE Les débuts de… Françoise Dumas

Députée stratège, Françoise Dumas a quitté le Parti socialiste pour La République en marche. Un choix couronné par sa réélection aux Législatives de 2017. Indisciplinée, la Nîmoise mène bien sa barque… Avec toutefois quelques remous.
Chez les Dumas, la politique est une histoire de famille. Aînée dune fratrie de trois filles, Françoise grandit les pieds dans les vignes, à Fons-Outre-Gardon, près d'Alès. Son père, viticulteur, participe à la vie du village, à travers sa religion protestante et ses fonctions de premier adjoint au maire. Défenseur d’une droite modérée à la Giscard, Gérard Dumas est en opposition complète avec une autre partie de sa famille, d'obédience socialiste.
« À la maison, socialiste était un gros mot», confie la Cévenole pour qui politique rimera vite avec conflit. Au départ, la gauche est un moyen pour Françoise Dumas de s’opposer à l’autorité paternelle. Sa conscience politique se développera pendant ses études de droit à Montpellier : « mes professeurs Georges Frêche (*) et Michel Miaille m'ont beaucoup influencé sur la lutte contre les inégalités. » Une lutte dont elle fera son métier : à 26 ans, la jeune femme débute sa carrière d'assistante sociale au conseil général du Gard.
Poussée par Damien Alary
Ce n'est qu'après son divorce qu'elle s'implique dans la vie militante du Parti socialiste. Proche de son grand cousin, William Dumas, la Nîmoise entre en 2001 au cabinet du président socialiste du Département, Damien Alary. « Au niveau professionnel, j’avais fait le tour. Je pensais naïvement que la politique pouvait changer les choses… Mais c’est plus limité qu’il n’y paraît ! », avoue-t-elle. Sa carrière politique en est alors à ses prémices.
Françoise Dumas c’est un nom, mais c’est aussi et surtout... une femme. « On avait besoin que les femmes s'investissent dans la vie publique. Françoise Dumas a de vraies valeurs de gauche», se souvient Damien Alary. Son emploi au cabinet étant incompatible avec sa candidature aux Régionales, « elle a passé un concours pour intégrer Habitat du Gard puis elle a pu être élue en 2010 », poursuit l'ex-président PS. « Françoise Dumas s’est faite pousser par Alary mais c’est une femme intelligente, loin d’être niaise», commente un élu socialiste.
Le tournant des Législatives
Damien Alary l'apprendra à ses dépens. En 2014, l'ambitieuse Dumas lui passe devant pour tirer la liste aux Municipales à Nîmes. La politique dans le sang, « Françoise Dumas construit ses réseaux, rassemble ses soutiens. C’est le parti qui m'a demandé de retirer ma candidature », se souvient douloureusement Damien Alary. Nous sommes en 2014, soit deux ans après sa victoire aux Législatives.
Là-aussi être une femme a été un avantage. En 2007, la première circonscription du Gard est féminisée. Françoise Dumas part au casse-pipe, après la victoire à la Présidentielle de Nicolas Sarkozy. Toutefois, le résultat du scrutin est prometteur : « je suis arrivée en tête de la gauche ! C’était la première fois que le PS arrivait devant le Parti Communiste ! On m’a dit que la prochaine fois, je gagnerai ! » Alors comme aux Régionales, elle patiente. Cinq ans plus tard, la socialiste décroche son ticket pour l'Assemblée, dans la foulée de l'élection de François Hollande.
Le fiasco des Municipales
Soutien de la politique gauche-réformiste du gouvernement, la Gardoise intègre le pôle des députés réformateurs. Elle participe à l'élaboration de la loi Macron et plébiscite la déchéance de nationalité. Des textes qui filent l'urticaire à une grande partie de la gauche. Alors à la Présidentielle, l'indisciplinée refuse de soutenir le candidat PS et frondeur Benoît Hamon, préférant le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron.
Une question de conviction pour les uns, d'opportunisme pour les autres. « Force est de constater qu'elle a eu la bonne stratégie au vue du score du PS sur sa circonscription... », remarque Damien Alary. Mais malgré ses réussites électorales, Françoise Dumas a du mal à se muer en leader, en témoigne l'échec des Municipales nîmoises. « Être leader, ça ne se décrète pas, ça se travaille. Qu’a-t-elle fait concrètement pour le territoire qui puisse lui conférer de la légitimité ?», interroge un ancien camarade.
La suite ?
Au Palais Bourbon, Françoise Dumas conduit son deuxième mandat et ne ferme la porte à aucune élection. Qu'elle tente à nouveau l'aventure des Municipales en 2020 ou qu'elle soutienne un autre candidat, une chose est sûre : la parlementaire sera de la partie. Et comme elle est imprévisible, les Nîmois ne sont très certainement pas au bout de leurs surprises...
Coralie MOLLARET
coralie.mollaret@objectifgard.com
(*) Décédé en octobre 2010, Georges Frêche était maire de Montpellier et président de la région Languedoc-Roussillon.
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