AU PALAIS L’accusé : « Pas besoin de diplôme pour être mécanicien, je sais tout faire, je suis fils de forain »
- À vouloir faire plein de choses, savez-vous au moins faire quelque chose ?, interroge judicieusement la présidente du tribunal correctionnel d’Alès.
Il est vrai que Vincent, le prévenu âgé de 30 ans, est un touche à tout. Au registre du commerce il déclare plusieurs activités : celles d’animateur de soirées, de gérant de snack ambulant ainsi que de stockage de véhicules d’occasion. Seulement, il n’a jamais déclaré celle de mécanicien, activité qu’il pratique pourtant au quotidien, et n’a pas non plus déclaré les deux personnes qui travaillent pour lui, un certain Mohamed, qui l’aide pour la mécanique, et sa compagne pour les papiers.
- Ma femme me donne juste un petit coup de main de temps en temps. Elle m’aide à remplir les papiers de registre et de cession. C’est un service qu’elle me rend, ce n’est pas un travail dissimulé, se défend Vincent à la barre du tribunal alésien.
Le « coup de main de temps en temps » représenterait, aux dires de la compagne, entre 20 et 30 heures par semaine…
- Pas possible !, gronde Vincent. C’est 5-10 minutes par jour, allez 20 minutes maximum.
Pendant toute l’audience, Vincent joue les naïfs, minimise son rôle, s’appuie sur son manque d’instruction ainsi que sur son handicap visuel :
- Je ne sais ni lire, ni écrire. C’est pour ça que ma femme m’aide. Mais si je savais écrire, bien sûr que je tiendrais le registre correctement.
- Mais vous êtes mécanicien au moins ?, interroge la juge.
- Euh oui, y a pas besoin de diplôme pour être mécanicien. Je suis fils de forain, je sais tout faire !
Puisqu’il sait tout faire, Vincent tente de faire l’innocent. Mais le procureur, François Schneider, ne se laisse pas prendre par le numéro du mécanicien, d’autant que les six condamnations à son casier judiciaire, dont certaines liées à des magouilles administratives, n’en font plus le perdreau de l’année :
- Je crois que Monsieur comprend très bien. Il profite du système : c’est plus simple et ça lui coûte moins cher de travailler comme ça, dit-il avant de requérir une peine de 4 mois de prison avec sursis et une amende de 400€.
À l’issue du délibéré, Vincent a été condamné à 6 mois de prison avec sursis.
Tony Duret