FAIT DU JOUR Nîmes métropole roulera avec Transdev
Politiquement, c’est une victoire pour Yvan Lachaud. Après un conseil communautaire difficile lundi, le président centriste de Nîmes métropole a retrouvé le sourire, ce jeudi.
« J’ai une bonne nouvelle ! », fanfaronne le patron de l'exécutif. Cooptée en bureau communautaire pour prendre la relève de Kéolis, la société Transdev (*) vient d’être choisie pour gérer les transports en commun de l'Agglo, du 1er janvier 2019 jusqu'à la mi-2023. Ce choix permettra à Nîmes métropole (et par extension aux contribuables) d’économiser 14,8 M€ par an. « C’est colossal ! Un tsunami ! », poursuit M.Lachaud, se délectant de superlatifs. Mais comment en est-on arrivé là ? Petit rappel des faits…
La prestation salée de Kéolis
L'année dernière, l’Agglo lance une procédure de résiliation par anticipation du contrat avec Kéolis, actuel gestionnaire du service. S’appuyant sur un audit interne de l’exploitation du réseau, Nîmes métropole suspecte son délégataire de surfacturer ses services qui lui réclame chaque année la coquette somme de 50 M€. Conséquence : la collectivité doit faire une rallonge sur ses fonds propres d’environ 10 M€. Les recettes (vente des tickets et versement transport des entreprises…) n’étant pas suffisantes.
Dans son malheur, Yvan Lachaud trouve une porte de sortie. Dans l'incapacité financière d'assumer la création de la ligne T2 du TCSP (Transport collectif en site propre), l'Agglo Nîmoise décide de rompre le contrat avec kéolis et lance un nouveau marché. Les conditions de l’appel d’offres sont différentes : « contrairement à 2013, quatre entreprises se sont battues et ont formulé des offres aussi intéressantes que performantes. » Et à l'exécutif d'enchaîner fièrement : « à prestation égale, Transdev demande 35,2 M€ par an contre 50 M€ actuellement pour Kéolis. »
La même qualité de service ?
L’alléchante proposition laisse bouche bée... Certes, la concurrence permet de tirer les prix à la baisse. Mais ce nouveau tarif donne à penser que Kéolis « s’est gavé grave », pour reprendre une expression désormais devenue célèbre du président Yvan Lachaud. Ce jeudi, ce dernier ne pipera mot sur le sujet. Le vice-président aux transports, William Portal, rappelle simplement : « c’est l’entreprise qui s’est engagée à assurer la gestion des transports à ce prix là. À elle de trouver les moyens. »
Les moyens, c’est d’abord « une réduction du taux de marge annuel à 0,7% inférieur à celui de Kéolis qui était de 3%. » Sur la question de la sous-traitance du réseau : « il y aura un tarif unique du coût kilométrique », glisse Yvan Lachaud, se refusant d’entrer dans les détails. Cette baisse du coût aura-t-elle des conséquences sur la qualité du service rendu ?
L’audit de l’Agglo avait relevé que Kéolis était dans l’incapacité de pouvoir fournir la preuve des kilomètres réellement effectués. « Cette année, nous avons mis en place des balises pour tracer les bus et leur parcours », commente Marc Duchenne, directeur des services des transports. Une sorte de garde-fou...
Reprise du personnel de Kéolis
L’entretien des bus, tout comme la politique salariale de l’entreprise, qui reprend les 400 personnels du réseau, sera à regarder à la loupe. « Il n’y aura pas de licenciement ni de remise en cause des avantages actuels des salariés. Toutefois ceux qui rentreront demain n’auront sans doute pas les mêmes conditions », déclare Yvan Lachaud. Un président qui a conscience que l’exécutif de l'Agglo pourrait payer cher une mauvaise gestion, occasionnant des semaines de grève…
CM
coralie.mollaret@objectifgard.com
* Filiale de la Caisse des Dépôts et de Véolia Environnement, le réseau Transdev est implanté dans 21 pays avec 23 réseaux de tramway.