Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 29.09.2018 - thierry-allard - 4 min  - vu 3446 fois

FAIT DU JOUR L’Étoile de Bessèges en danger : Laudun-l’Ardoise pointée du doigt

C’était le 3 février dernier, lorsqu’au bout d’une étape de 153 kilomètres partie de Chusclan et arrivée au mythique mur de Laudun, le Belge Sean De Bie emportait au sprint la victoire de la 4e étape de la 48e édition de l’Étoile de Bessèges...
Le Belge Sean De Bie lors de sa victoire sur le mur de Laudun, le 3 février dernier (Photo d'archives : Thierry Allard / Objectif Gard)

Une étape tout sauf fantôme sauf... dans le budget de la commune de Laudun-l’Ardoise. Car comme toutes les communes accueillant une étape de l’épreuve cycliste créée par Roland Fangille, Laudun-l’Ardoise devait rembourser l’avance faite par l’Union cycliste bessègeoise, qui organise l’événement.

Une somme de 36 000 euros qui a d’abord figuré dans le projet de budget primitif de la commune, comme le rappelle l’ancien maire, Philippe Pecout, qui a démissionné puis été remplacé à l’issue d’une élection municipale partielle intégrale par Yves Cazorla à la fin de l’hiver : « nous avions inscrit cette subvention, et à mon grand étonnement, quand nous avons dû voter le budget 2018 de la nouvelle majorité, cette somme de 36 000 euros ne figurait plus. »

« C’est de la malhonnêteté intellectuelle »

D’après l’ancien maire, la seule réponse donnée par la nouvelle majorité a été « nous n’avons rien signé. Cette subvention n’est pas inscrite sur le budget. C’est de la malhonnêteté intellectuelle. » « Le boulot a été fait », s’étrangle le chargé de l’organisation de la course, Patrick Herse. « Quand l'épreuve a eu lieu, nous n'étions pas élus, rappelle le maire de Laudun-l'Ardoise Yves Cazorla. Les engagements pris, s'ils ont été pris, l'ont été par l'ancienne municipalité. » L’organisateur dénonce pour sa part l'attitude de la mairie : « on a envoyé la facture, le courrier est resté sans réponse, puis la mairie nous a dit qu’il n’y aurait pas de souci et qu’on serait payé, puisque l’étape avait eu lieu, poursuit Patrick Herse. On n’a plus eu de nouvelles jusqu’au mois de juin, personne ne nous a pris au téléphone. Nous avons envoyé une lettre qui est restée sans réponse, puis un recommandé. »

Finalement, ce recommandé déclenchera une réponse du nouveau maire, Yves Cazorla, « qui nous a dit que l’épreuve ne rapportait rien à la commune et qu’il n’y avait personne pour la suivre », affirme l’organisateur. Un organisateur qui rappelle, amer, que plusieurs centaines de personnes se trouvaient à l’arrivée à Laudun, et que l’épreuve, télévisée pour le première fois sur la Chaîne l’Équipe, avait rassemblé « 500 000 téléspectateurs le samedi pour l’étape et 80 000 pour la rediffusion du lundi. »

Yves Cazorla affirme de son côté n'avoir trouvé « aucun engagement de la commune, et je ne comprends pas comment la commune pouvait s'engager alors que la subvention n'était pas votée. » Et le maire de poursuivre en affirmant que la municipalité « ne donne pas de subvention pour des événements qui se sont produits avant, nous donnons pour 2019. C'est notre logique. » En d'autres termes,« les organisateurs auraient dû payer l'étape de cette année avec l'argent de l'année dernière », estime l'édile, renvoyant de ce fait la faute sur son prédecesseur.

Quinze jours pour survivre

Depuis plusieurs semaines, le contact est rompu entre les organisateurs et la mairie de Laudun-l’Ardoise. Pour l’épreuve, dont la 49e édition doit se tenir en février prochain, c’est un gros coup dur. « Nous avons un trou de plus de 40 000 euros, dont 36 000 de la commune de Laudun-l’Ardoise et ça remet sérieusement en cause l’épreuve », souffle Patrick Herse. L’organisation, qui employait un salarié à plein temps en la personne de... Patrick Herse et une autre salariée à mi-temps a dû mettre fin à un des deux postes. Patrick Herse est quant à lui « en congés sans solde depuis juillet. »

Pour autant, l’organisateur ne se formalise pas sur son cas personnel et s’échine avec son équipe de bénévoles à trouver une solution pour boucler le budget de l’édition 2019. « Tout le monde y travaille, mais on ne sait pas comment boucher le trou alors que tout est déjà prêt pour l’année prochaine et que la télévision a resigné », poursuit l’organisateur. « Nous avons essayé de trouver une solution, mais ce n’est pas simple, affirme Philippe Pecout, par ailleurs vice-président du Conseil départemental délégué au tourisme. En l’état, le Département ne peut pas combler ce déficit. » Malgré tout, le Département s’active et a prévu une table ronde dans le courant du mois d’octobre pour essayer de trouver une solution.

Il faut dire que ça urge : « on clôture nos comptes aujourd’hui (hier, ndlr), précise Patrick Herse. Si dans quinze jours on n’a pas trouvé une solution, on ne repart pas. » « Ce serait une grande perte pour le sport, les amateurs de cyclisme et la population locale », avance Philippe Pecout, qui estime que cette épreuve « fait fonctionner une économie plus faible en février, avec plusieurs milliers de personnes qui viennent, se logent, consomment sur place, n’en déplaise au maire. » « Dois-je me sentir responsable ?, fait mine de demander Yves Cazorla. Ce n'est pas moi qui ai demandé de faire cette épreuve ici, mais je suis vraiment désolé pour eux. » Quant à la perspective d’attaquer la commune en justice, elle n’est pas envisageable, la subvention n’ayant pas été votée.

Bref, l’Étoile de Bessèges est plus mal en point que jamais, à l’aube de son cinquantenaire. « Une telle situation, c’est la première fois que ça nous arrive en 48 éditions », souffle Patrick Herse, qui travaille tout de même sur la 49e en espérant un miracle et que personne ne vienne... lui mettre des bâtons dans les roues.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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