NÎMES Retrouver un concept pour la feria
ManiaNîmes est un think tank (groupe de réflexion) créé en janvier dernier et dont le président est Olivier Jalaguier.
Un think tank pour bâtir un projet de territoire rayonnant sur Nîmes métropole. Avec pour visée l'économie, ManiaNîmes s'intéresse fort logiquement à la feria de Pentecôte, l'événement le plus important de la région en question.
Comme tout un chacun le sait, les ferias ne sont plus ce qu'elles étaient. Les peoples ont du mal à s'afficher entre toros et festaïres, les corridas ont du plomb médiatique dans l'aile, les voitures embuées d'alcool ne sont plus tolérées, et c'est tant mieux, et la sécurité demeure un problème qui exacerbe ces phénomènes. Pour rectifier la courbe négative, seuls les élus peuvent agir concrètement.
" Les maires sont élus mais pas le président de l'Agglo qui ne l'est que par les maires. Il est élu sans projet ni programme quand nous voulons bâtir un projet sur 20 ou 30 ans. Nous avons huit personnes dans notre conseil d'administration. Nous organisons des réunions publiques, allons sur le terrain, contactons de nombreux experts... " lance Olivier Jalaguier. Concrétisée sous la forme de programme, cette étude devrait voir le jour dans moins de six mois.
Une étude non pas pour être élu mais pour faire bouger les lignes. En voici les grandes lignes concernant la feria de Pentecôte. Seize propositions pour que le toro, le cheval, la tradition et la culture reprennent la main sur ce moment de fête universelle. " C'est un bien collectif qui fait partie de notre patrimoine. La feria fait vivre beaucoup de personnes pour qui, sans elle, il serait difficile de travailler. Mais la feria a besoin d'un nouveau souffle car elle perd de l'affluence. Nous avons réuni les principaux acteurs. Ils nous ont fait part de leur ressenti. La feria n'a pas de concept ", poursuit le président de ManiaNîmes.
C'est sûr, rien n'éloigne Nîmes d'Arles, de Béziers ou d'Alès, sauf peut-être dans les arènes mais, " les aficionados ne représentent qu'1/10e des visiteurs. Nous proposons de conserver de nombre actuel de corridas, huit, mais d'étaler la feria sur huit jours pour n'avoir qu'une corrida par jour. Les aficionados pourront ainsi prendre le temps pour consommer en ville. " La feria commence du dimanche et se termine le dimanche. Exit le lundi de Pentecôte, et tant pis pour Alès ?
Le public, encore. Les têtes chenues sont moins nombreuses et les jeunes font défaut. Pour la " corrida de la transmission ", le prix des places serait divisé par deux et la place en vaudrait deux. Grosso modo, pour une place acheté 50 euros, vous venez à deux, un adulte et un ado, et vous êtes placés côte à côte. Pour en finir avec les arènes, parlons un peu des présidences des corridas. Elles sont multiples et trop hétérogènes. " Ça nuit à l'image de la ville alors qu'il est important d'affirmer une politique taurine. Nous proposons un palco qui pourrait être tournant mais qui aurait la même vision et serait composé de six personnes ", affirme Marc Pagès, membre de l'association et grand habitué des ferias.
Passons aux festivités. Qui dit feria dit pégoulade. Un mot suranné qui reste moderne. " Les Nîmois y sont très attachés mais sont aussi très critiques à son sujet. Nous proposons l'organisation de deux pégoulades en ouverture et fermeture des festivités. La première, immuable et rituelle, la seconde païenne à minuit. La première avec le toro (taureau), la romanité, le jean Denim et les flambeaux, la seconde laissée à la création ", annonce Olivier Jalaguier.
L'Esplanade serait elle aussi laissée à l'art et à la culture en accueillant un village qui abriterait les artiste amateurs locaux. Tous les univers y auraient leur place. Les chevaux talonneraient les toros. Il y aurait même une sorte feria du cheval à l'intérieur de la feria générale.
Les Jardins de la Fontaine et l'avenue Jean-Jaurès en seraient le cadre idyllique et les animations devraient y être nombreuses et variées allant du spectacle au taxi calèche en passant par la police montée, " parce qu'on voit mieux en haut " ou encore des exhibitions prestigieuses. " Si l'Union européenne interdit la mise à mort, la feria est morte alors il nous faut un plan B et le cheval fait partie de notre histoire. Il a un potentiel considérable ", relève le président.
Dans les rues, et les établissements la diffusant plein pot malgré la promiscuité(environ dix endroits ciblés, NDLR), la musique serait commune, cogérée. Les fanfares retrouveraient leur brillance d'antan et investiraient la cité. 30 à 40 formations, des musiciens qui paraderont " car ça ne coûte pas cher, que c'est du spectacle de rue, que c'est gratuit et que ça manque cruellement. " Revenir à des notions simples, laisser la création libre.
Hors les murs, l'alcoolémie excessive n'est plus admise au volant. Pour éviter les retraits de permis, ManiaNîmes propose que certains villages hébergent ceux qui ont été pris la main dans le sac (ou sur la bouteille) mais espère que les sanctions seront largement minorées. Autre enjeu, les transports pour entrer en ville seraient de qualité. " La suppression de la gratuité se discute mais il faut de l'exigence. Maintenant, c'est payant et mal desservi ! Il existe aussi des navettes qui partent vers Alès ou Arles mais personne ne le sait ", s'étonne Olivier Jalaguier.
L'affiche de la feria, qui un temps a fait la force de l'image dégagée par cette fête populaire, serait remise à la mode et soumise au lissage contemporain. " L'affiche la plus vendue est celle qui est la moins tauromachique. On sait où aller chercher les aficionados et ils viendront toujours aux arènes, par contre, il nous faut capter un autre public, plus large " ajoute Olivier Jalaguier qui a réalisé la fameuse affiche représentant le costume de José Tomas sur fond noir et cornes effacées. Nîmes 2014. Enfin, un élu serait quant à lui exclusivement dédié à la feria. Il œuvrerait à la reconquête pour que notre fiesta redeviennent un des plus grands événements populaires de France.