Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 20.11.2018 - thierry-allard - 3 min  - vu 1475 fois

FAIT DU JOUR À Théziers, la formation comme seconde vie pour l’atelier de couture

Marie Rielo (au premier plan), gérante de l'atelier (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

L’atelier est posé tout au bout de la zone artisanale du village de Théziers, entre Remoulins et Aramon. C’est ici que Marie Rielo, gérante et créatrice styliste, a fabriqué pendant des années avec son mari des maillots de bain et de la lingerie fine, puis des justaucorps sur mesure pour les gymnastes sous la marque Styl’Création.

Créé en 1999 à Théziers, leur atelier a tout connu : les inondations de 2002 qui ont tout détruit et contraint à reconstruire, toujours dans le même village, puis l’abandon des maillots et de la lingerie, la faute à une concurrence asiatique devenue trop forte, et une réorientation vers les justaucorps de gymnastes et, en mars 2017, la mort du mari de Marie Rielo, dans l’atelier. « Il avait tout monté de ses mains », se rappelle la gérante, qui décide après ce funeste épisode suivi de gros ennuis de santé « de changer l’optique de l’atelier. »

Le vendre ? Hors de question, elle y est trop attachée et « de toute façon, il n’est pas dit que le repreneur s’en sortirait. nous ça tenait car ont était un atelier familial et qu’on ne comptait pas les heures », affirme-t-elle. Marie Rielo décide donc de changer son atelier en centre de formation, l’Atelier théziérois de création, Athecre : « je souhaite aider les gens qui veulent monter leur entreprise », résume-t-elle. Passionnée de couture et de stylisme, un milieu où elle s’est fait une réputation en travaillant avec des grands noms, elle sait mieux que quiconque que ce secteur est très difficile pour quelqu’un qui se lance. Machines à coudre coûtant plusieurs milliers d’euros, tissu à acheter dans des salons spécialisés sous peine de le payer « trois fois plus cher », jargon à connaître mais aussi et surtout compétences à perfectionner : les embûches sont nombreuses pour les novices.

« Aider les personnes qui veulent monter leur entreprise sans qu’elles s’endettent »

Alors Marie Rielo voit dans son atelier, entièrement équipé, une couveuse d’entreprises de la couture idéale : « nous avons 32 machines de moins de dix ans, 120 mètres carrés d’espace, un logiciel de création, un showroom et une salle de réunion », énumère-t-elle. Le soutien d’un expert-comptable présent une fois par mois et d’une personne diplômée en marketing et communication sont également prévus, tout comme les interventions de la gérante en tant que formatrice, un métier qu’elle a déjà pratiqué. « Le but est d’aider les personnes qui veulent monter leur entreprise sans qu’elles s’endettent, un genre d’incubateur, un centre d’entraide », résume Marie Rielo, qui espère bien « emmener à ces créatrices (ses) anciens clients », pour les aider à démarrer leur entreprise.

Elles sont déjà deux à s’être lancées alors que le centre n’a pas encore officiellement démarré. Sophie, venue de Comps, et Céline, originaire de Remoulins. Après avoir été formée par Marie RIelo, Sophie compte s’installer à son compte « pour faire de la création pour les femmes qui ont eu un cancer du sein. J’ai moi-même été malade et j’aimerais aider ces femmes à trouver des vêtements adaptés. » Elle a fait des demandes de financement, dont elle attend la réponse avant de se lancer. Céline a elle aussi son projet de création d’entreprise. Mère au foyer, elle a enchaîné trois formations en deux ans auprès de Marie Rielo pour faire « des costumes de scène et de la vente et location de déguisements. » Pour Céline, « au delà de l’accompagnement, il y a un aspect moral, quelqu’un qui vous épaule comme une famille. »

À terme, Marie Rielo espère avoir « douze à quinze personnes dans le centre, pour tout produit : sacs, accessoires, prêt-à-porter, vêtements d’enfants… L’atelier est équipé pour tout et polyvalent. » Des personnes qui viendraient pour un parcours d’un an, « pour faire tout un travail de fond, de patronage, de préparation de la collection et de l’achat du tissu », explique la gérante. Une gérante qui cherche désormais à être labellisée couveuse d’entreprises pour que les participants puissent effectuer leur formation gratuitement. En attendant, le parcours coûte entre 300 et 400 euros par mois. Le prix d’une formation sur-mesure.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

Contact : 04 66 63 48 01, athecre@gmail.com

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