FAIT DU JOUR Municipales à Nîmes : et si c’était elle ?
« Vous n’avez rien d’autre à faire que de venir ici ? », balance Amal Couvreur aux invités de sa propre réunion publique. Un brin provocante, l'assistante sociale nîmoise a, semble-t-il, trouvé ses marques en politique.
Élue il y a trois ans sur le canton de Nîmes 2, Amal Couvreur occupe désormais la vice-présidence en charge de la Politique de la ville et de la Jeunesse. Mardi soir, au Cercle de l'avenir, quartier général des communistes - un nom de QG qui fait sourire tout Nîmes puisqu'on dit que les communistes aiment se réunir dans un Cercle car ils tournent en rond - , aux côtés de son binôme du PCF, Christian Bastid, elle tenait là un « conseil cantonal. » Le but ? Faire un bilan de leur action conjointe à mi-mandat : « on est venu vous rendre des comptes, c’est la base de la démocratie ! »
Non encartée, mais « de Gauche », cette mère de deux enfants ne mâche pas ses mots : « L’exercice est nouveau, passionnant et parfois fatiguant. À ceux qui demandent : chaque vice-président touche 2 300 € par mois.» Une transparence qui en laisse certains pantois.
« Le laboratoire de l’union de la Gauche »
En 2015, la quinquagénaire aux yeux noisettes a séduit les communistes, permettant à la Gauche d’être unie sur Nîmes 2. « Le Parti socialiste et le Parti communiste français n’avaient pas réussi à s’entendre. Mais ce binôme a fait l’unanimité ! », salue Jérôme Puech, socialiste et fondateur de l’association Magnanimes, si bien que, selon lui « On devrait s’en inspirer pour les années à venir. »
Les fameuses années à venir qu'évoque Jérôme Puech, ce sont les Municipales de 2020. À Nîmes, la Gauche a une opportunité historique de récupérer la mairie. La division entre le maire sortant Les Républicains, Jean-Paul Fournier, et son adjoint le Centriste, Yvan Lachaud, lui offre un boulevard. Mais comme souvent, les ennemis sont là où on ne les attend pas, parfois même dans sa propre famille politique... Et en la matière, la Gauche, qui n’en a pas fini avec ses querelles intestines, est une experte.
Mardi soir, au Cercle, aucune discorde. Dans l’assistance composée d’environ 80 personnes avaient pris place plusieurs figures de la Gauche nîmoise comme Sylvette Fayet, ex-tête de liste Front de gauche aux Municipales de 2014, Catherine Bernié-Boissard, ex-membre de la liste de la socialiste Françoise Dumas ou encore, le secrétaire de la section communiste de Nîmes, Denis Lanoy, et l’ancien maire, Alain Clary.
Nouveau collège et maison de santé
Ces derniers ont peu de choses à reprocher à Amal Couvreur et Christian Bastid. Faisant état de son action, la vice-présidente l’assure : « Il y a bien une différence entre la Droite et la Gauche. » Et à l’assistante sociale de citer ses actions de « solidarité », comme les 1,2 M€ de soutien aux associations des quartiers difficiles. « Le budget est resté constant malgré nos difficultés financières et notre majorité relative », rappelle-t-elle.
La Gauche, c’est aussi « le soutien à la jeunesse : 557 000€ ont été débloqués et nous avons pris 60 jeunes en Service civique. » Et de tacler la municipalité de Jean-Paul Fournier : « je ne pense pas que la Ville puisse en dire autant ! » Concernant les autres projets de leur canton, les élus ont mentionné la reconstruction du collège Jules-Vallès au Mas de Mingue ainsi que la création d’une nouvelle maison de santé au Chemin-Bas.
Sur la question des collèges, certains Nîmois ont déploré la fermeture de Diderot à Valdegour. « Je sais que vous auriez préféré que ce soit d’autres gens qui viennent. Mais il faut le dire : les gens ne veulent pas ! Les gens ont peur des quartiers, ils ont peur des Arabes ! », tonne l’élue, native du Maroc.
Municipales : pourquoi pas elle?
« Au cours de mes permanences, j’ai rencontré 743 personnes. Ce sont elles qui me permettent de dire au président Denis Bouad ce qu’il faut que l’on fasse », lance la vice-présidente. Celle qui a pris semble-t-il goût à la politique a promis de ne faire au Département qu’un seul mandat.
Quant sera-t-il des Municipales de 2020 ? « L’idée de prendre la tête d'une liste d'union m’importe peu aujourd'hui. C’est le projet et la volonté politique qui sont essentiels », avait-elle confié à Objectif Gard, « tout en étant consciente que les dernières élections nous ont prouvé que le système en place jusque-là ne fonctionnait plus. » Tiens, celle qui se fait remarquer par un discours franc et direct maîtrise aussi la langue de bois : elle a tout d'une grande !
Coralie Mollaret et Tony Duret
coralie.mollaret@objectifgard.com