Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 23.11.2018 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 5650 fois

FAIT DU JOUR L'audit qui va mettre le feu chez les pompiers

Absentéisme, double-statut des pompiers et manque de caserne… Objectif Gard a pu consulter l’audit du cabinet Politea qui liste une série d’économies que le SDIS (Service départemental de secours et d’incendie) pourrait réaliser.
(Photo d'illustration : SDIS du Gard)

Manifestation des pompiers dans l'enceine du Conseil départemental du Gard. Photo archive Coralie Mollaret

En pleine préparation de son budget 2019, le Département aimerait baisser de 3% sa subvention au SDIS. L’audit du cabinet Politea apporte de l'eau à son moulin... 

Attention, dossier explosif ! La semaine dernière, le Département (principal financeur des pompiers) a présenté au directeur des pompiers et à ses conseillers départementaux, membres du Conseil d’administration du SDIS, les résultats de l’étude conduite par le cabinet Politea. Des résultats qu'Objectif Gard a eu l'opportunité de pouvoir consulter. 

En six mois et pour la coquette somme de 37 000€, les experts de Politea ont passé au crible l’organisation et les finances des secours gardois. Une précaution coûteuse mais indispensable pour Denis Bouad. En pleine préparation du budget 2019, le président socialiste du Département cherche à réduire de 2,4 M€ sa participation au SDIS (42 M€ versés en 2018, NDLR).

Cette baisse serait compensée par la création d’une subvention d’investissement de 4 M€. Une nouveauté pour le Gard qui, contrairement à ses voisins, ne le faisait pas. Sur le papier, l’équation paraît simple. En réalité, elle est bien plus complexe… Le Département s’apprête à souffler sur des braises encore chaudes et peut, à tout moment, raviver la flamme de la contestation des agents.

Une organisation coûteuse  

Alors que dit cet audit ? Selon les experts, le Département peut baisser sa participation, si - et seulement si - une réforme de la gestion de l’établissement public est engagée. D’un montant de 69 M€, le budget de fonctionnement est plus élevé que la moyenne des SDIS (de catégorie B (*), avoisinant les 47 M€.

Cela illustre la performance de nos pompiers : 97 % des Gardois sont couverts par un départ immédiat contre 68% pour l’Hérault. Toutefois, pour le cabinet Politea, ce coût traduit surtout l’organisation « atypique et coûteuse » des pompiers gardois. D’abord, notre département présente un faible nombre de centre de secours : 30 casernes quand l’Hérault recense, lui, 40 centres de secours principal et 21 centres de premières interventions.

Conséquences ? Une usure plus rapide des véhicules... et du personnel, très sollicité. Du personnel justement, l’audit en parle. Et pas en bien ! Les experts déplorent le recours « majoritaire, voire exclusif, des gardes postées » des pompiers professionnels. Des gardes au détriment des astreintes des agents volontaires, moins onéreuses pour le SDIS. D'où la particularité de notre département d'avoir des pompiers sous double statut, à la fois professionnels et volontaires. 

L’absentéisme pointé du doigt

Pour certains pompiers, cette organisation permet une couverture optimale du territoire : « un pompier professionnel de garde qui est dans la caserne va mettre 10 minutes à se rendre sur les lieux alors qu'un pompier en astreinte, chez lui, mettra beaucoup plus de temps à intervenir », répond le représentant du syndicat Sud, Samuel Besson, invité du 7h50 d’Objectif Gard, ce vendredi. Et de rappeler qu'en « cas d’un arrêt cardiaque, chaque minute compte et les séquelles sont irréversibles.»

Seulement l’audit - et sans doute certains élus - ne partage pas cette analyse, qualifiant que « le recours est excessif.» Le cabinet Politea va plus loin en relevant « un taux d’absentéisme important », représentant « 45 postes équivalent temps plein », soit un manque à gagner de 1,2 M€ pour le SDIS. Sur le temps de travail « parmi les plus bas constaté », un passage au 1 607 heures annuelles « permettrait de récupérer 728 000€. » 

S’il y a des économies à faire, il y a aussi des recettes à chercher, notamment du côté du SAMU dont « les relations doivent faire l’objet d’une convention d’objectif. » Un travail de longue haleine... Il semble peut-être moins compliqué pour le Département de faire faire des économies au SDIS. Une chose est sûre : avec son audit, le cabinet Politea risque bien de mettre le feu aux poudres.

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com 

* Les SDIS dont les départements se composent de moins de 800 000 habitants.

Coralie Mollaret

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