Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 23.11.2018 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 808 fois

LE 7H50 de Samuel Besson : « Baisser la subvention des pompiers ? Hallucinant ! »

Suite à nos révélations sur la volonté du Département de baisser sa participation financière au SDIS, le représentant du syndicat Sud, Samuel Besson, réagit.
Au micro, Samuel Besson secrétaire général Sud des pompiers du Gard (Photo : Coralie Mollaret)

Objectif Gard : Le Département cherche à baisser sa subvention de fonctionnement de 3%, soit 2,4 M€ en 2019. Comment réagissez-vous ?

Hein ? Le Département ? On parle bien du Conseil départemental du Gard ?

Oui, oui…

Là, je suis abasourdi. C’est hallucinant. L’an dernier, lorsque nous avons ratifié le protocole d’accord signifiant la fin de la grève, il y avait bien le maintien de la subvention de fonctionnement du Département à 42 M€. Alors j’ai envie de croire que c’est une blague !

Ça ne l'est pas. En échange, la collectivité propose de débloquer 4 M€ pour financer vos investissements...

Il ne faut pas tout confondre ! L’argent dédié au fonctionnement, c’est pour faire du fonctionnement (payer les pompiers, les charges, embaucher de nouveaux agents…) On ne peut pas se servir de l’argent de l’investissement pour faire du fonctionnement. 

Le Département s’appuie sur un audit réalisé par le cabinet Politea qui révèle que plusieurs économies sont possibles, comme l’arrêt du recours massif aux gardes, plus coûteuses que les astreintes. 

Cette situation concerne les communes du Nord du département. Là-haut, il y a des casernes qui font moins d’une intervention par nuit. Les pompiers sont en caserne, ils dorment, et ne sortent pas toujours. Il faut savoir qu’une vacation, c’est 8 euros l'heure. Quand c’est une garde, le pompier touche 75% et 9% quand il est d’astreinte. Il y a déjà eu l’hypothèse de les mettre en astreinte. Mais ça n’a pas marché. Les maires veulent la présence des pompiers en caserne. C’est un peu électoraliste aussi…

Avec la récente réforme du calcul des contributions communales, ce sera peut-être moins le cas...  

Ah, je n’en sais rien. Après on parle ici de petites communes. Elles sont moins impactées par les hausses financières du nouveau calcul.

Revenons à la question initiale. Il y a quand même plus de gardes que d’astreintes dans le Gard en comparaison avec d’autres départements. Les agents cumulent le double statut : pompiers professionnel et volontaire. Pourquoi ?

Je vais tourner la question autrement. Imaginez qu’un pompier doive partir dans la nuit. Votre mère habite à Saint-Jean-du-Gard. Elle est en arrêt cardiaque. Un pompier de garde mettra beaucoup moins de temps pour partir en intervention qu’un pompier en astreinte. Lui, devra se changer, venir en caserne pour se changer à nouveau, avant de prendre les informations et partir sur les lieux. Je rappelle que dans le cas d’un arrêt cardiaque, chaque minute compte et les séquelles sont irréversibles.

L’audit du cabinet Politea pointe aussi le temps de travail « bas » des agents dans le Gard. Que répondez-vous ?

Ce sont les fameuses 1 605 heures. C’est en fait c’est le taux horaire qu’un fonctionnaire « lambda » doit effectuer par an. Sauf que nous, les pompiers, nous faisons des nuits, des week-end. Nous travaillons les jours fériés. Nous ne sommes pas payés plus et nous n’avons pas de jour de récupération ! Passer au 1 605 heures? Pas de problème. Mais ça va coûter plus cher, puisque nos heures pendant les week-ends et jours fériés seront majorées.

Enfin, sur le taux d’absentéisme des agents ? L’audit estime qu’il représente 45 ETP (Équivalent temps plein), soit un manque à gagner de 1,2 M€.

Il faut regarder les choses dans leur ensemble : 45 ETP sur 649 pompiers professionnels et 153 personnels administratifs, techniques et spécialisés ?  Mais ça fait un taux de 5% ! On peut être malade, non ? Il faut regarder aussi pourquoi les gens sont en arrêt. Mal-être au travail après une agression, une intervention difficile. Vous avez parfois des enfants gravement blessés sur les routes. Moi, je le supporte de moins en moins. L’éponge est pleine (sic)… Pompier, ce n’est pas un métier comme les autres.

Propos recueillis par Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com.

Coralie Mollaret

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