LAUDUN-L’ARDOISE La grue du port soulève la polémique
Pour un port, qui plus est situé sur une zone industrielle, une grue c’est utile. Pourtant, la rénovation programmée de celle du port de l’Ardoise, sur la deuxième zone industrielle de la Région, a été abandonnée.
À l’origine de la polémique, il y a le Parti communiste du Gard rhodanien, qui soulève dans un communiqué le fait qu’une subvention de 200 000 euros de la Région Occitanie a été perdue le 20 novembre dernier car les travaux de rénovation de la grue MOHR sur rail de 12 à 24 tonnes, un impressionnant engin de levage situé sur le port de l’Ardoise, n’ont pas été lancés par la Chambre de commerce et de l’industrie du Gard, qui a en concession une partie du port.
Pour le PCF, il ne s’agit rien de moins que d’« une preuve évidente du laisser-aller de ce port et de son manque de perspectives, sans parler d’une perte sèche de 200 000 euros pour notre territoire. »
« Pour la grue c’est vrai, bien sûr », nous confirme une source interne à la CCI, tout en affirmant que du temps de la (courte) présidence Cabanat, le sujet était revenu à l’ordre du jour, avant d’être abandonné par la nouvelle présidence de la CCI du Gard. Une chose est sûre, la CCI Nîmes avait lancé un appel d’offres le 20 mai 2016, du temps de la présidence d’Henry Douais, concernant la restructuration de la grue.
Une CCI qui aujourd’hui, dans un communiqué, nous affirme « rétablir la vérité » sur le dossier de la grue, installée par la CCI en 1975 et victime de « pannes à répétition ». Des pannes qui ont, en 2015, amené « à la mise en œuvre d’un programme de restructuration de la grue d’un montant de 500 000 €. La Région accorde une subvention de 200 K€ pour la réalisation de l’intégralité des travaux. Malgré les 200 000 € de subvention, 300 000 € restent à la charge de la CCI Gard pour cette restructuration. »
Un cercueil pour la grue ?
Or, la CCI affirme que « en 2017, les recettes de la grue ont été de 61 582 € HT (venant d’un seul client) pour un résultat d’exploitation de 7100 € HT. Dans ce contexte, il faudrait plus 40 ans pour rentabiliser les 300 K€ d’investissement. » Il est peut-être à ce stade utile de rappeler que si la restructuration de la grue était prévue, c’est principalement à cause des « pannes à répétition », qui ont pu gréver la rentabilité de l’équipement.
Reste un élément, et pas des moindres, avancé par la CCI Gard : le fait que la convention liant Voies navigables de France à la CCI pour le port arrive à échéance dans un an presque pile, le 6 décembre 2019. « Il est totalement impossible de rentabiliser l’investissement en 1 an et la CCI Gard n’a actuellement aucune vision sur l’avenir du port après cette date », poursuit le communiqué.Sans compter que la grue « ne sera de toute façon plus jamais dans le marché et plus jamais neuve » et que « cet investissement est incompatible avec les exigences budgétaires imposées par l’État », rajoute la CCI, comme autant de pelletées de terre supplémentaires sur le cercueil de la grue.
Quelles conséquences, notamment pour le projet l’Ardoise éco-fret, un projet multimodal conduit par l’Agglo du Gard rhodanien ? « Aucun impact, répond-t-on du côté de l’Agglo. Le projet c’est rail-route, et la proximité du fleuve fait que dans un deuxième temps il y a une possibilité de transport fluvial qui n’est pas forcément lié à la grue. » Pour autant, l’Agglo estime que « pour l’activité globale de la zone, il serait préférable que la grue soit rénovée. »
Du côté de l’association Port l’Ardoise, présidée par Thierry Vézinet, par ailleurs élu à la CCI Gard, on temporise et assure donner une conférence de presse sur le sujet dans les prochains jours. La grue n’est de toute façon plus à quelques jours près. Qui l'eut... grue ?
Thierry ALLARD