AUBORD Un bassin écrêteur de crue contre les inondations
La Communauté de communes de Petite Camargue, dans le cadre du transfert de la compétence Gemapi (gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations) a organisé un point presse sur les travaux du bassin écrêteur de crue situé sur la commune d'Aubord. Un gros chantier qui devrait s'achever mi-février, si tout va bien, et permettre d'éviter les inondations jusqu'à 30 cm dans les maisons de la commune. Éclaircissements.
Un bassin écrêteur de crue ? Pour le néophyte le libellé intrigue. Donc, pour comprendre, rendez-vous sur le chantier en présence du président de la Communauté de communes de Petite Camargue, Jean-Paul Franc, d'André Brundu, maire d'Aubord, assistés de leurs collaborateurs. Objectif de la visite : expliquer à une presse locale l'utilité, le coût et le fonctionnement du fameux bassin. Il faut dire que c'est le plus gros chantier dont a hérité la CCPC depuis le transfert de la compétence, que le risque d'inondation est une épée de Damoclès sur le territoire et enfin, que les travaux, qui entrent dans une deuxième et dernière phase, ont connu quelques déboires…
Comment ça fonctionne ?
Le problème c'est le Rieu. Un ruisseau, petit, (mais il ne faut pas le dire trop fort parce que ça fait de la peine au maire d'Aubord), qui traverse le village. Inoffensif en apparence, en période de crue, les eaux du bassin versant du Vistre le font gonfler jusqu'à inonder les villageois. C'est arrivé plus d'une fois et ça arrivera encore. La mairie avait décidé de construire un bassin écrêteur de crue. Pour simplifier, imaginons, une dérivation qui se fait par un chenal entre le Rieu et un énorme bassin. À la jonction des deux, un muret dont la hauteur est calculée de manière extrêmement précise, de façon à ce qu'en cas d'enflement du Rieu, et juste avant le débordement, le flux "saute" le muret, entre dans le chenal et se déverse dans le bassin.
Vous avez suivi ? Alors on continue. Lorsque le bassin est plein, un autre chenal plus court en aval, rend les eaux au ruisseau et des bondes de fond (comme dans les piscines), permettent de finir de vider doucement le bassin pour qu'il soit à nouveau opérationnel à la prochaine crue. Résultat : tous les habitants qui étaient inondés à hauteur de 30 cm en cas de crue auront les pieds au sec dès que le bassin sera opérationnel.
Riverain, outardes et intempéries...
Les travaux devraient s'achever mi-février. Quand on connaît leur historique on serait tenté de dire "si tout va bien". En effet lorsque la mairie a entrepris la construction, un problème de délimitation a entraîné une plainte d'un riverain et les travaux ont été arrêtés. Le maire est alors allé plaider la cause du bassin à Paris et a obtenu une subvention de l'État à hauteur de 20% de la totalité des travaux de la dernière tranche.
Ces résultats obtenus, la compétence a été transférée à la Communauté de communes qui est devenue Maître d'ouvrage en lieu et place de la mairie. Elle devra s'acquitter du restant dû moins les 20% de subventions. Les travaux ont donc repris mais ont été retardé par 26 jours d'intempéries qui ont transformé le chantier en un vaste bourbier.
La dernière tranche devra s'achever tambour battant car il existe un autre frein et pas des moindres, l'outarde canepetière, une espèce dûment protégée qui vit dans le coin et pond en avril. Ce qui signifie interruption des travaux jusqu'en juillet pour permettre à la famille canepetière de se développer sans stress. Ce sera donc aux entreprises, aux élus et aux habitants de se partager ledit stress et à croiser les doigts pour que rien ne vienne plus ralentir les travaux.
Véronique Palomar-Camplan
Le bassin en chiffres
370 000. Le cubage du bassin.
400. Le nombre de mètres du chenal d'écrêtage contre 200 pour le chenal de déversement.
30. Le nombre de centimètres de hauteur d'eau évitée par le bassin en cas de crue.
985 501. En euros,le montant total HT de la deuxième tranche, étude comprise.
867 289. Le montant total des subventions de l'État comprenant la Dotation de soutien à l'investissement Local (DSIL) et le fonds de prévention des Risques naturels majeurs (PAPI2).
6. Le nombre d'entreprises mobilisées : Suez consulting (maître d'œuvre), Colas, Buesa, Hours, Technicien et Preco (coordonnateur sécurité).