Alfredo, 54 ans, a horreur de jeter et de gaspiller. Alors, il se rend parfois à la déchetterie pour faire de la récup’. Vendredi dernier, il était jugé pour tentative de vol.

C’était en janvier 2018. Alfredo avait déjà fait l’objet d’un rappel à la loi pour avoir volé des objets dans la déchetterie d’une commune gardoise. Mais ses convictions sont plus fortes et il retourne, quelques semaines plus tard, récupérer des pièces dans cette même déchetterie. « On jette trop de trucs et je trouve cela honteux », se défend-il à la barre du tribunal. « La déchetterie, on la paye avec nos impôts et je considère qu’il faut récupérer. J’ai retapé ma maison comme ça. Pour moi, ce n’est pas du vol. Je ne pense pas faire beaucoup de mal en faisant cela. » Ce père de quatre enfants, indigné de ne pas pouvoir recycler ce qui est abandonné, parfois des choses en bon état, avait même demandé aux responsables de la déchetterie l’autorisation de venir chercher ce que bon lui semble.

« On ne peut que cautionner le fait que vous vouliez récupérer. Mais vous n’avez pas l’autorisation d’entrer dans une enceinte grillagée. Cela représente un risque en terme de responsabilité », indique le procureur avant de requérir une peine d’amende avec sursis à hauteur de 3 000€. Aurélien Vergani, l’avocat d’Alfredo, soulève une problématique dans ce dossier. « Mon client est accusé de vol. Mais peut-on démontrer que ces objets déposés au fond d’une benne avaient un propriétaire ? Les déchets ne peuvent pas faire l’objet d’un vol car ils sont, par définition, quelque chose d’abandonné. Et ce n’est pas parce qu’ils étaient dans une déchetterie qu’ils appartenaient nécessairement à la commune. » La décision est mise en délibéré au 29 mars.

Élodie Boschet