NÎMES Trop d'activité à la CAF, mais pas de prime
La hausse des demandes de prime d'activité en janvier, la réduction des effectifs, les salaires bloqués, la fermeture des permanences... : la moitié des 440 agents de la Caf du Gard ont décidé, ce matin, de réaliser une cinquième matinée de grève.
Il est bien rare de trouver porte close devant le siège de la Caisse des Allocations Familiales du Gard à Nîmes. La raison de cette nouvelle grève : l'explosion des demandes de prime d'activité en janvier suite à l'augmentation du montant alloué par le gouvernement. "En 2018, on a comptabilisé au total 9 500 demandes. Rien que sur janvier 2019, on a dépassé les 10 000", débute Stéphane Vergne, élu au comité social et économique de l'organisme gardois. Même si les demandes se font en ligne, les agents expliquent qu'il faut étudier les demandes et savoir si les demandeurs sont éligibles.
"Internet crée autant de questionnement qu'il apporte de réponses", souligne Karl Colomer, technicien conseil à la Caf. La direction pense que la numérisation demande moins de personnel." Conséquences, si toutes les demandes de prime d'activité ont été traitées, tout comme celles des bénéficiaires de minimas sociaux (RSA), les dossiers non-prioritaires s'entassent. "30% de notre stock n'est pas traité sous les 15 jours. Pour y répondre, sans prendre de demandes supplémentaires, il nous faudrait 7,5 jours de travail", calcule Stéphane Vergne.
Plus de dossiers à traiter et moins d'agents pour le faire : "10 permanences sur 20 dans le Département ont fermé", poursuivent les agents. Des usagers supplémentaires qui se répercutent sur les autres points d'accueil ou par téléphone. 160 visites supplémentaires par jour ont été observées entre janvier 2018 et 2019 à l'établissement de Nîmes.
Même la boîte mail Caf vient d'être fermée. Saturée, les agents n'ayant plus le temps de traiter les demandes. Cela devient un cercle vicieux. Et ne leur parlez pas des Maisons de service public qui fleurissent dans les petites communes. "On ne donne pas un colis comme on renseigne un allocataire. Pour les situations complexes, il doit pouvoir rencontrer un agent Caf", reprend Karl Colomer.
Si les permanences ferment, c'est aussi que le nombre d'agents diminue : l'effectif gardois a baissé de 9% en huit ans soit de 480 agents en 2010 à 440, en décembre 2018. "Une nouvelle convention nous oblige à rendre 38 postes jusqu'en 2022", complète Stéphane. Pour ceux en poste, ils dénoncent, "un gel légèrement augmenté des salaires en 10 ans", avec une hausse de 0,5% en mai 2017. 10% des agents du siège gardois perçoivent... la prime d'activité. Mais dans ce brouillard, il y a peut-être un mirage.
200 euros net supplémentaires pour les salariés modestes ?
Pour en savoir plus sur les solutions pour sortir de la crise, Bertrand Puel, directeur adjoint de la Caf de Nîmes a accepté de recevoir la presse. Les directions locales n'ont pas de moyens d'action et sont soumis aux directives nationales. La Caf comme les autres caisses est gérée par l'UCANSS (Union des caisses nationales de sécurité sociale). Hier soir, après négociations, cette fédération employeur a présenté un projet de primes reversées à hauteur de 11,6 millions d'euros. Ce dernier est soumis à la signature des syndicats, jusqu'au 12 mars et doit être ensuite validé par agrément ministériel.
Une prime qui ne concerne pas l'ensemble des 150 000 agents sociaux qui évoluent sous l'égide de l'UCANSS mais seulement les salariés les plus modestes. "Les bas salaires pourraient recevoir jusqu'à 200 € net/mois. Cela concernerait 25 à 30% des agents de Nîmes", assure Bertrand Puel. Une mesure qui devrait s'appliquer dans les mois prochains. Les agents veulent des réponses à court terme et ont annoncé leur volonté de reconduire la grève matinale mardi 26 et jeudi 28 février. Ou quand la prime d'activité peut amener à l'inactivité... volontaire.
Corentin Corger