FAIT DU JOUR Fanny Antigny : « Le manga a changé ma vie »
C’est un phénomène d’édition de la catégorie manga. Depuis 2016, pas moins de 550 000 exemplaires des trois premiers tomes de Ki & Hi ont été vendus. Du jamais vu pour un manga français. Le quatrième tome sort aujourd’hui, et il a pour titre L’île éternelle. Si le scénario est l’œuvre du youtubeur Kevin Tran, c’est à la Nîmoise Fanny Antigny que nous devons les dessins. Timide et discrète, l’illustratrice a répondu à nos questions.
Objectif Gard : Quelle est votre histoire avec le Gard ?
Fanny Antigny : Je suis née en région parisienne, à Corbeil-Essonnes, mais quand j’étais enfant, pour des raisons professionnelles, mes parents ont été mutés dans le Gard. J’ai grandi à Marguerittes où j’ai fait une partie de ma scolarité. Tout d’abord à l’école Peyrouse et au collège Lou Castellas. Puis pendant quatre ans j’étais au lycée Philippe-Lamour, à Nîmes. Ensuite je suis allée au lycée Vauban où j’ai suivi des études d’arts appliqués, mais ça ne me plaisait pas du tout. J’ai ensuite tenté de faire une licence d’anglais, mais ce n’était pas mon truc non plus.
Étiez-vous prédestinée à une carrière d’illustratrice ?
Depuis toute petite, j’ai toujours aimé dessiner. Mes parents me disaient : "plus tard, tu seras dessinatrice". Je dessine au moins une fois par jour. C’est ma passion et ma manière de m’exprimer.
Comment êtes-vous entrée dans le monde du manga ?
J’étais abonnée à la chaîne de Kevin Tran, qui est un youtubeur reconnu. À la fin de ses vidéos, il montrait les illustrations que ses abonnés lui envoyé. Je lui en ai transmise une par mail en me disant que cela serait sympa qu’il la choisisse. Cinq minutes plus tard, il m’a appelé en me demandant si j’étais intéressée pour participer à un projet de manga.
Quelle est votre part de travail sur les mangas Ki & Hi ?
Kevin fait le scénario, le story-board, tous les brouillons, les mises en page, les cases et les bulles. Ma tache consiste à redessiner le tout, et forcement j’y mets un petit peu ma touche personnelle. J’ai notamment pas mal de liberté dans le domaine de l’esthétique.
Le Gard vous inspire-t-il ?
Oui, quand je dessine une plage par exemple. Un des tomes des mangas Ki & Hi était consacré aux Jeux Olympiques et il se déroulaient dans une arène. Là je me suis directement inspiré des arènes de Nîmes.
« C’est parfois quelques nuits blanches »
Est-il facile de dessiner les arènes de Nîmes ?
Non car vu l’architecture régulière, c’est un truc de malade à dessiner. Mais le pire ce serait la Maison carrée car il y a beaucoup de détails et de fresques. Je peux dessiner ces monuments mais jamais très détaillés.
Et un crocodile ?
Un, oui, ça ça va (rire).
Quelle est votre méthode de travail pour illustrer un manga ?
Kevin m’envoie le brouillon et nous faisons un point au téléphone. Nous débriefons chapitre par chapitre. Je lui envoie à mon tour mon travail. Nous échangeons jusqu’à que ce que le résultat nous convienne.
« C’est ma ville, et elle est belle »
Combien de temps cela prend-t-il ?
Beaucoup de temps. Le premier nous a pris 15 mois. Maintenant cela nous prend un peu moins d’un an. C’est très fatigant. C’est parfois quelques nuits blanches, mais c’est une expérience très intéressante.
Comment vivez-vous l’énorme succès de Ki & Hi ?
Je ne m’y attendais pas. Cela a crée une communauté qui me suis. Ça fait plaisir et c’est encourageant.
Quel est votre rêve d’illustratrice ?
Illustrer un manga, c’est déjà un premier rêve que se réalise. Maintenant, l’aboutissement serait qu’il soit vendu au Japon, le pays du manga. J’aimerais aussi être illustratrice jusqu’à la fin de mes jours.
Vous avez 107 000 abonnés sur Instagram et 17 000 sur Twitter. Comment gérez-vous l’engouement de vos fans ?
Ils sont toujours très adorables et gentils avec moi. On parle des mangas ou d’autre chose et c’est sympathique d’échanger avec eux.
« Je suis supportrice du Nîmes Olympique »
Pourquoi travaillez-vous depuis Nîmes ?
Parce que je ne me verrais pas bosser à Paris. Je suis trop attachée à ma ville. Ici, il y a ma famille, mes amis et mes souvenirs. C’est ma ville et elle belle.
Qu’aimez-vous faire dans cette ville ?
Sortir avec mes potes. Boire un verre dans un bar ou me balader aux Jardins de la Fontaine. Flâner des ses rues, tout simplement. Et puis je suis supportrice du Nîmes Olympique même avant qu’il ne monte en ligue 1.
D’où vous vient cette passion pour les Crocos ?
Un jour, avec des amis nous suivions un match qui était diffusé dans un bar. J’ai tellement aimé l’ambiance qu’on a décidé de suivre toutes les rencontres.
Avez-vous évolué depuis la création de Ki & Hi ?
J’ai plus confiance en mes dessins et... en moi. Ça m’a ouvert beaucoup de portes pour l’avenir. Je vis pour le dessin. Le soutien des gens me motive pour continuer dans cette voie. Le manga a changé ma vie.
Propos recueillis par Norman Jardin
Ki & Hi tome 4 : L'île éternelle (éditions Michel Lafon) 9.95€
Une illustration de Fanny Antigny, réalisée au sein de nos locaux, sera mise en jeu dans le cadre d'un concours publié aujourd'hui. Restez connectés !