FAIT DU JOUR François-Xavier Bellamy (LR) : « Défendre la civilisation européenne »
Tête de liste Les Républicains pour les Européennes, François-Xavier Bellamy devait être en meeting ce soir à Nîmes (*). L'un des enjeux de sa campagne : la lutte contre l’immigration clandestine. Entretien.
Objectif Gard : Pourquoi avoir choisi Nîmes pour lancer officiellement votre campagne européenne ?
François-Xavier Bellamy : D’abord, c’est une ville qui est emblématique de la civilisation européenne, au confluent de la tradition gréco-latine. C’est une manière de se plonger dans la culture européenne. Ensuite, plus personnellement, c’est la ville de Franck Proust, chef de file de la délégation française du PPE (Parti populaire européen où siègent Les Républicains, NDLR) au Parlement. C’est une façon de rendre hommage à son travail.
Défendre « la civilisation européenne »
Qu’allez-vous dire aux Gardois ce soir ?
Nous lançons officiellement notre campagne à Nîmes. Ça fait deux mois que nous sommes sur le terrain à ajuster notre vision sur l’Europe et son avenir. Nous défendons sa culture, sa civilisation mais aussi nos entreprises et nos emplois pour rayonner dans le monde.
Vous parlez beaucoup de culture et de civilisation. Vous voulez séduire les électeurs du RN (Rassemblement national), nombreux dans le Gard ?
Pas du tout. J’ai écrit un livre, Les déshérités : Ou l'urgence de transmettre (éditions Plon). Il traite de la crise de la transmission de la culture. Je suis professeur et la transmission me tient à cœur. On a le droit d’espérer que notre civilisation ne disparaisse pas. Aujourd’hui, l’impuissance de l’Europe et la défaillance de notre politique nationale est exploitée par le Rassemblement national. Seulement, le parti de Marine Le Pen n’offre aucune perspective d’espoir.
Revenons sur l’eurodéputé nîmois, Franck Proust. Quels sont vos rapports avec lui ?
On se connaît. On a eu l’occasion de travailler ensemble au début de cette campagne.
À ce propos, lorsque votre nom a été annoncé pour conduire la liste, peu de Républicains gardois vous connaissaient...
C’est vrai. Je n’étais pas prédestiné à mener la bataille des Européennes. Cet engagement m’a été confié par ma famille politique. Je ne pensais pas me retrouver dans cette situation.
Aujourd’hui vous participez aux débats des plateaux TV, vous répondez aux interviews… Votre quotidien est bouleversé, non ?
Oh oui ! Au-delà des médias, nous allons au contact des gens un peu partout en France. Nous rencontrons des salariés, des chefs d'entreprise ou encore des agriculteurs. Ça nous permet d’ajuster notre regard sur le travail à mener [...] J’apprends évidemment la difficulté du combat politique que je ne connaissais qu'au niveau local, en tant qu’adjoint au maire de Versailles depuis 2008.
« Ma jeunesse suscite plutôt l’intérêt »
Vous avez 33 ans. Ne souffrez-vous pas de l’image d’un homme jeune et inexpérimenté ?
Au contraire, ça suscite plutôt l’intérêt. Ce qui compte, c’est de se laisser éclairer par les gens qui partagent leur expérience. Aussi, un nouveau regard est nécessaire pour reconstruire l’Europe. Nous menons un travail d’équipe avec notre liste, où se mêle jeunesse et expérience. La politique a généré beaucoup de défiance, de ressentiment. Nous faisons un travail de terrain pour susciter de nouveau la confiance. Et puis, s’il fallait être technocrate depuis 30 ans pour être candidat, ça signifierait que la démocratie est vraiment contestée !
Technocrate peut-être pas, en revanch, il vous faut 4 millions d’euros pour faire campagne. Avez-vous réussi à contracter un emprunt ?
Oui. Les choses se font progressivement. Tous les Français qui font un emprunt savent que c’est difficile d’en décrocher un, sauf s’il l’on a une grande fortune. Ce n’est pas mon cas. Je ne suis qu’un professeur de philosophie.
Pouvez-vous nous citer quelques propositions de votre programme ?
Oui. Relever le défi migratoire. Contrairement au Rassemblement national, nous pensons qu’il faut agir au niveau européen. Nous défendons une « double frontière » européenne. Ça consiste d’abord à protéger nos frontières mais aussi à faire que toutes les demandes d’asile soient faites à l’extérieur de l’Europe. C’est aussi permettre aux pays européens de décider eux-mêmes combien de migrants ils souhaitent accueillir.
« L'hypocrisie de l’aide au développement »
Aux pays ? Ça risque d'être difficile. L’Italie et la Grèce en accueillent déjà beaucoup contrairement à la Hongrie qui ne veut pas en entendre parler.
D’où l’idée de reconduire systématiquement les migrants en situation irrégulière.
Pour reconduire les migrants, il faut des laissez-passer. Et les pays d’où ils sont originaires n’en donnent pas toujours...
C'est vrai. Il faut donc arrêter avec cette hypocrisie et mettre fin à cette situation complètement folle de l’aide au développement. C’est le grand échec des pays européens. Tenez : en 2017, le Mali a touché 300 000 millions d’euros d’aide au développement et a accepté le retour de seulement 20 ressortissants ! Ce n’est pas normal. Nous devons négocier à partir de ce levier et, surtout, sortir de la naïveté.
Justement, ne soyons pas naïfs. Si l’on va au bout de la logique, il faudrait revoir aussi l’exploitation de certaines richesses par des entreprises européennes qui en tirent profit au détriment des peuples autochtones, non ?
Bien sûr. Je ne vais pas vous faire de langue de bois. Nous devons reconstruire un véritable partenariat avec l’Afrique. J’en ai parlé avec l’ambassadrice du Nigeria, rencontrée récemment. Un nouveau partenariat sur la base d’une vraie réciprocité et d’un respect mutuel pour permettre au continent de se développer. Ça permettra de ne pas déstabiliser nos sociétés avec une immigration massive mais aussi d’éviter aux migrants, guidés par le mirage d’un Eldorado européen, de vivre des tragédies.
Propos recueillis par Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
* Ce mardi, à 18 heures, au Parnasse, les ténors de la Droite modérée devaient lancer la campagne des Européennes. En raison des évènements à Notre-Dame de Paris, le meeting est reporté.