Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 17.04.2019 - veronique-palomar - 4 min  - vu 900 fois

MERCREDI CULTURE Coup de cœur : Maevol DJ du futur

Puissante et visionnaire, Maevol inverse les codes et va faire éclater les cases !
Maevol (dans le ventre de la nuit © debrod30 (instagram))

Maevol mixe comme on pointe l'avenir (photo Véronique Camplan)

Lorsqu'on la rencontre à la ville, la jeune femme fait penser à une fée échappée de la forêt de Brocéliande. Mais se fier aux apparences serait réducteur. Rencontre avec une zappeuse visionnaire dévorée de musique et de mots.

Comme Clark Kent et Superman, la jeune femme est multiple. Maevol, DJ puissante, mène à la transe avec un son qui lui appartient. "Dévorée par le rap", elle écrit, chante, va sortir un EP et fait vibrer les nuits aux côtés de plus grands. Le jour elle dirige des ateliers de rap parce que travailler avec les jeunes la nourrit et l'enchante. Comme le super héros de Marvel, elle s'appelle aussi Marion Froger, journaliste pour Da Mag, une revue dédiée à la grande distribution et à l'univers du café. Une vraie vie avec plein de vie dedans et la poursuite du rêve d'après.

Marion est devenue Maevol, il y a quatre ans. Même si le processus était déjà entamé par des parents aimants qui l'abreuve de musique et de mots. "Cet environnement familial m'a apporté une force qui fait que je n'ai ni peur de l'autre ni de l'avenir", entame la jeune femme qui n'ignore pas qu'une histoire commence par le début.

Le  Spot prépare l'Expo de ouf 2. Marion qui adore l'univers du Graf, s'occupe bénévolement de la communication de l'événement pendant un an. L'inauguration est un triomphe avec 1 400 personnes au vernissage. "Je voulais nourrir un blog avec des portraits de street artist", se souvient, Marion. Le Spot qui devait être un lieu éphémère s'installe dans le temps et Marion tombe amoureuse du hip hop. Pour mettre en valeur le genre, elle co-anime l'émission de radio La Cerise sur le gâteau sur Raje. "Des amis musiciens nous ont dit : Les filles il faut mixer". Et c'est ainsi que tout commence.

"La révolution se prépare au ventre de la nuit"

Marion s'offre un contrôleur, une platine numérique qui fonctionne avec un logiciel et un ordinateur et apprend seule. "Je m'éclate, sourit Marion en repensant à cette époque. Petite, je jouais du piano. J'ai toujours baigné dans la musique et les mots". Une fois la technique maîtrisée, Maevol n'a aucune peine à défendre un style qui lui appartient. "Le coeur hip hop et le big beat chevillé au corps, c’est naturellement que j'ai évolué vers la trap et les différentes formes de rap actuels qui interrogent les formes conventionnelles." Elle aime les mélanger à d’autres styles aux sonorités plus technoïdes et industrielles qui créent la dynamique puissante de ses sets. La musique est pour elle une forme de dissidence collective : « La révolution se prépare dans le ventre de la nuit. »

Maevol la puissance de l'évocation inverse les codes et reste libre (©mvlhuey)

C'est donc en 2014 que naît Maevol. Un prénom qui se construit en mêlant la légende au langage des oiseaux. Marion est tatouée sur un seul côté du corps. Ici aussi la multiplicité s'affiche. Parmi ses tatouages de petits symboles alchimiques qui conduisent Marion jusqu'à la déesse Maev, une figure celte dont le prénom signifie "ivresse", amenant surtout l’idée de l’ivresse du pouvoir.  Maev est une guerrière farouche, ambitieuse, sulfureuse (et rousse), qui n’a pas hésité à mener une guerre contre l’un de ses époux.

La guerrière qui parle le langage des oiseaux

"J'avais besoin d'un personnage féminin fort, d'inverser les codes du patriarcat", pointe la jeune femme. Elle l’allégera ce prénom puissant et guerrier avec l’adjonction d’un O et d’un L. "L’eau et l’aile, ce qui permet de multiples entrées grâce à la langue des oiseaux (maevol = l’âme qui vole)", conclut Marion dans un sourire.

Fin prête, Maevol commence par se faire la main en tant que DJ à Nîmes à l’occasion de soirées qu’elle co-organise ou en tant qu'invitée. Elle devient résidente des soirées hip hop à la SMAC Paloma (Scène de musiques actuelles de Nîmes, NDLR) durant la saison 2015-2016. Cela lui donne l’opportunité de jouer aux côtés de grands artistes tels qu’Oxmo Puccino, Mos Def, Youssoupha, Vald, Big Flo & Oli, etc.

Entre 2016 et 2018, elle consolide son style en jouant notamment sur les scènes les plus renommées de Montpellier et multiplie les collaborations avec des lieux et des associations influentes de sa région : Run MTP, SMAC Paloma, le FISE, Da Storm, le Spot, La Moba, PLMP, Fat School…

En 2017, elle intègre le collectif Planète pirates avec les DJs et producteurs Everydayz et Freakshow. Elle prépare en parallèle, en tant qu’auteur et interprète, son premier EP pour 2019. Dans ce dernier, elle chante et écrit sur des morceaux composés par Freakshow. Les maquettes sont terminées, ne manquent plus que le tournage du clip et l'enregistrement en conditions studio pour le livrer à la Toile.

" Je travaille pour tout financer. Cet EP doit être absolument indépendant", affirme l'artiste qui pense que le procédé de créations se nourrit de liberté. "Je reviens à la vocation  du DJ qui est de faire découvrir ce que l'on va écouter demain". Et ce lors de communions, de transes, véritables messes où l'on doit arriver à la transe. Pour cela Maevol se lâche et n'hésite pas à briser la distance avec un public convaincu par la puissance de cette visionnaire libre et créatrice.

Véronique Palomar Camplan

Ses prochains rendez-vous. Les rendez-vous Hip Hop au skatepark de Nîmes en soirée le 1er juin prochain prochain et le 2 août  dans la cour des grands, à Lunel, aux côtés de Joey Star, Fiansco, Rimka, Cut Killer. Pour suivre Maevol : Instagram / Soundcloud / Dernier set - Flâme

Véronique Palomar

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