FAIT DU JOUR Anthony Cellier : « Le nucléaire est un pilier solide »
Alors que le projet de loi énergie-climat a été présenté ce mardi en conseil des ministres, le député LREM de la troisième circonscription du Gard Anthony Cellier, spécialisé sur les questions énergétiques, fait le point.
Positionné pour obtenir le poste convoité de rapporteur de ce projet de loi, le parlementaire évoque entre autres les questions qui touchent au nucléaire, cruciales notamment dans le Gard rhodanien, et n’élude pas les questions européennes.
Objectif Gard : le projet de loi énergie-climat vient d’être présenté en conseil des ministres, et s’annonce comme une des lois les plus importantes du quinquennat. En serez-vous le rapporteur ?
Anthony Cellier : J’ai postulé hier (mercredi, ndlr) officiellement pour être le rapporteur, je saurai en début de semaine. Donc oui, je me suis positionné, et quoi qu’il en soit j’ai déjà commencé à travailler sur ce projet de loi. Mardi j’ai auditionné le président de la Commission de régulation de l’énergie. Je suis prêt, et même si je ne suis pas le rapporteur de la loi, je jouerai ma partition sur ce projet de loi. Ça fait plus d’un an et demi que je m’implique sur le thème de l’énergie nationalement et localement, c’est un thème politique qui a des résonances dans le couloir rhodanien. Et ce projet de loi évoque aussi un sujet qui me tient à coeur particulièrement, le climat, le fait de pouvoir positionner la France en tant que leader européen voire mondial sur la neutralité carbone à l’horizon 2050.
« Le nucléaire, qui est le socle de la politique énergétique française, doit en devenir un pilier »
La neutralité carbone est l’objectif prioritaire de ce projet de loi, qui acte également un recul sur la question du nucléaire, avec le passage de 2025 à 2035 pour parvenir à une part de 50 % du nucléaire dans le mix énergétique français.
Oui, mais sur le nucléaire, l’objectif de 2025 était une ambition qui n’était pas suivie d’actions et d’engagement. Quand nous sommes arrivés aux affaires, cet objectif était devenu impossible à tenir. Donc en 2017, quand Nicolas Hulot (alors ministre de la transition écologique et solidaire, ndlr) a annoncé le report à 2035, c’était une manière pragmatique de constater que rien n’avait été fait depuis 2015, et que ça ne s’improvise pas.
Donc ce n’est pas un recul ?
On assume une trajectoire, la neutralité carbone à l’horizon 2050. Dans ce cadre, le nucléaire, qui est le socle de la politique énergétique française, doit en devenir un pilier. 78 % de l’énergie produite en France provient du nucléaire, il faut que ce socle devienne un pilier qui maintient la structure, mais pas tout seul. Le nucléaire doit venir consolider ce qui est une force pour la France, à savoir une production électrique déjà fortement décarbonnée. Le nucléaire est un pilier solide sur lequel on peut s’appuyer, il permet d’accompagner l’émergence des énergies renouvelables. Dans le projet de loi, il y a également l’ambition de diminuer la part des énergies fossiles non plus de 30 % mais de 40 % à l’horizon 2030. C’est un message clair.
Est-il question de privatiser les barrages hydroélectriques ?
Il y a un sujet sur le renouvellement des concessions, nous arrivons à une période de renégociations. Ce qu’on souhaite, c’est que face à ce renouvellement, il y ait des engagements en termes d’investissements. L’État garde la responsabilité des structures pour des questions de sécurité. À titre personnel, je milite pour que ce soient des sociétés françaises qui obtiennent ces concessions.
Quelles implications locales va avoir le projet de loi énergie-climat ? Sur le réacteur nucléaire de quatrième génération ASTRID, qui est envisagé sur le site de Marcoule, par exemple ?
Il n’y a pas d’effet direct, ce sont deux sujets qui ne se croisent pas. L’objectif de 50 % de nucléaire d’ici 2050, c’est l’application de la programmation pluriannuelle de l’énergie, c’est un engagement précis. Il ne s’agit pas de fermetures de sites, mais de tranches, on réduit la production, mais on ne ferme pas les sites.
Ça aura tout de même un impact sur le nombre de salariés.
Ce n’est pas sans conséquence, c’est sûr, mais ces conséquences seront amorties, contrairement à la fermeture des centrales à charbon à l’horizon 2022. Il y a des dispositifs pour accompagner, mais il y aura tout de même des conséquences, le tout c’est que les choses se fassent en concertation.
Avec la « taxe GAFA », « la France se positionne en éclaireur »
Outre l’énergie, vous êtes aussi portés sur les nouvelles technologies. La « Taxe GAFA », pour Google, Amazon, Facebook et Apple, est qualifiée par certains, comme Oxfam, de « symbolique ». Est-elle plus qu’un coup de com’ ?
À 500 millions d’euros le coup de com’… La France avec cette loi va plus loin que ce que l’Union européenne a aujourd’hui réussi à faire. La France se positionne en éclaireur.
En parlant des GAFA, où en est-on de l’arrivée d’Amazon à Fournès ?
Aujourd’hui, le porteur de projet reste Argan. Le projet continue d’avancer, et par exemple, le temps de concertation avec l’INAO (l’Institut national de l’origine et de la qualité, l’établissement public en charge du dispositif français des signes officiels d’identification de la qualité et de l’origine, comme les AOC, AOP, IGP, ndlr) est ouvert.
Revenons à l’Europe, et aux élections à venir. Nathalie Loiseau est-elle une bonne tête de liste ?
Les polémiques, c’est malheureusement la bassesse de la campagne politique telle que les Français ne la supportent plus. On parle d’Europe, et certains vont essayer d’aller chercher la casserole, le mot malheureux. Parlons projets. Ces polémiques, c’est du niveau de la cour d’école.
« La France a de la chance d’avoir un président comme Emmanuel Macron »
Donc c’est une bonne candidate ?
Oui, et nos opposants politiques l’ont parfaitement perçu, d’où la bassesse de leurs coups. Nathalie Loiseau est excellente sur les dossiers européens, et si elle les emmène sur ce domaine, ils ne pourront pas suivre. Quand on n’est pas compétent, on ramène le dialogue sur les ragots.
Ces élections européennes se tiendront dans un climat social tendu. Emmanuel Macron gère-t-il bien la crise ? Les annonces du 25 avril ne semblent pas avoir convaincu…
Je pense que la France aujourd’hui a de la chance d’avoir un président comme Emmanuel Macron. Sans ça, la France serait dans une sacrée mauvaise posture. Sur les annonces, satisfait, pas satisfait, ce n’est pas le débat. Le débat, c’est de savoir où on emmène le pays, quel avenir on propose aux Français, dans un cadre européen et un monde mondialisé. Nous sommes dans une logique de résultat. La France est un grand pays, elle est dans une phase où elle est tiraillée, on sent bien cette tension. Mais je suis intimement convaincu qu’elle va trouver la voie, le cap commun, qui fait qu’elle va sortir renforcée, revigorée. Avoir le président Emmanuel Macron et le premier ministre Édouard Philippe à la barre, je trouve ça rassurant.
Propos recueillis par Thierry Allard
Et aussi :
Les cascades du Sautadet, ça avance : engagé au sein d’un groupe de travail sur la question de la sécurisation des cascades du Sautadet, à la Roque-sur-Cèze, Anthony Cellier indique qu’une corde lisse va être disposée pour délimiter la zone dangereuse, et que la piste de l’ouverture d’un canal de dérivation fermé depuis plus d’un siècle, pour faire baisser le niveau d’eau au niveau des cascades, est à l’étude.
La deuxième IRM au centre hospitalier de Bagnols aussi : la Commission spécialisée sur l’organisation des soins s’est réunie le 16 avril dernier, notamment pour évoquer cette question. « Tous les retours que j’en ai sont positifs », indique le parlementaire, confiant sur l’issue du dossier et qui souligne « la mobilisation de tous les élus, exemplaire, pour l’intérêt général. »