MARCOULE Nucléaire : le sous-préfet insiste sur la formation en vue du Grand carénage
Le secrétaire général de la préfecture et sous-préfet d’arrondissement François Lalanne était à Marcoule ce jeudi matin pour parler formation. Avec une idée : que les entreprises du Gard rhodanien ne ratent pas le train des travaux colossaux du Grand carénage de la centrale du Tricastin (Drôme).
« La France a face à elle dix à quinze ans de travaux considérables, avec au Tricastin le plus grand chantier de génie-civil de France », pose le sous-préfet, reçu dans les locaux de l’Institut national des sciences et techniques nucléaires (INSTN) du CEA Marcoule, ce jeudi. Ces travaux, ce sont ceux du programme Grand carénage, un vaste projet mené par EDF pour renforcer ses centrales nucléaires et prolonger la durée de leur exploitation au-delà des quarante années initialement prévues.
« Au Tricastin, il y en a pour huit à dix ans et pour 800 millions d’euros d’investissements pour les entreprises, poursuit François Lalanne. Il est très important de veiller en amont au fait que les entreprises aient des opérateurs formés. » Le défi est là : que cette manne, située à quelques kilomètres du Gard, profite à son économie. Alors pour y parvenir, « avec EDF, les préfectures du Gard, de Vaucluse, de la Drôme et de l’Ardèche, nous nous réunissons régulièrement pour envisager les besoins des entreprises en formations, pour que les entreprises s’adaptent aux besoins d’EDF », note le sous-préfet.
C’est donc pour souligner l’importance de cet aspect formation que François Lalanne s’est rendu à l’INSTN du CEA Marcoule, un des rares centres de formation agréés du secteur du nucléaire, et même le seul à être reconnu par l’AIEA (l’Agence internationale de l’énergie atomique). « C’est l’école d’application de la filière nucléaire française », présente la cheffe de l’Unité d’enseignement de Marcoule le Dr Isabelle Ribet. « Nous proposons des formations adaptées au bassin d’emploi local, pour répondre aux besoins en compétences des industriels », poursuit le Dr Ribet.
À Marcoule, ça se matérialise par une inclination vers le démantèlement, un domaine dont la recherche s’effectue notamment à Marcoule. « Nous avons vocation à être le centre de référence de l’assainissement démantèlement et de la gestion des déchets, avance le Dr Ribet. Sur ces formations, nous drainons des stagiaires de toute la France, voire de plus loin. » Sur ce domaine, l’INSTN Marcoule forme de l’opérateur au chef de projet, et propose notamment une licence pro en alternance à l’Université de Nîmes. « Cette formation compte 20 apprentis par an, et plus de 90 % d’entre eux trouvent un emploi dans les six mois », souligne la directrice. L’établissement travaille également avec les universités de Montpellier, Saint-Étienne et Grenoble, et propose aussi des formations dans la radioprotection et l’exploitation d’une installation nucléaire.
Seulement voilà, « il y a un problème d’attractivité de la filière », note pudiquement le Dr Ribet. Un problème connu et récurrent dans un secteur qui souffre d’une mauvaise image, a minima de celle d’un secteur sur le déclin, alors que le démantèlement et les travaux du Grand carénage offrent des opportunités à moyen et long terme. Alors l’INSTN participe à de nombreux forums, organise des événements comme le « HackaDem » et cible aussi les personnes qui figurent dans le cadre d’un retour à l’emploi. Ainsi, « sur les douze derniers mois, seize personnes ont été recrutées via Pôle emploi, et nous travaillons avec le GEIQ (groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification, ndlr) de Bagnols », précise le Dr Ribet. Et ça marche : sur la formation de radioprotection de premier niveau, l’établissement a dû assurer six formations cette année, contre deux à trois en temps normal.
De quoi contribuer à former les forces vives qui permettront aux entreprises locales de prétendre à leur part du gâteau du Grand carénage du Tricastin. « C’est une priorité pour le bassin d’emploi de Bagnols », martèle le sous-préfet, qui a ensuite visité un deuxième centre de formation, Kairos, à Bagnols.
Thierry ALLARD