DÉPARTEMENT L’opposition met en échec le président Bouad
Au Conseil départemental ce lundi, les élus de Droite, du Centre et du Rassemblement national ont rejeté en bloc les 6 M€ de crédits supplémentaires dédiés à l'accompagnement des mineurs étrangers.
« On ne peut accueillir toute la misère du monde. » C’est en paraphrasant l’ex-premier ministre socialiste Michel Rocard, que le président du groupe d’opposition Le Bon sens républicain, Laurent Burgoa, a justifié son opposition à la décision modificative du Conseil départemental débattue ce matin.
Ladite décision contenait l’ajustement de crédits avec notamment une enveloppe supplémentaire de 6 M€ pour le suivi des mineurs étrangers. Une compétence obligatoire de la collectivité, imposée par la loi. « Nous n’avons pas de leçon à recevoir !, enfonce Laurent Burgoa. Mais, à un moment donné, il faut savoir dire non. L’État doit assumer ses responsabilités ! »
« Ces racailles... »
Son homologue centriste, Thierry Procida, et celui du Rassemblement national, Nicolas Meizonnet, acquiescent. « Lors du vote du budget il y a quelques mois, nous avons voté 7,7 M€. On pourrait presque douter de la sincérité de cette ligne budgétaire », attaque Thierry Procida. Avant d’ajouter : « Combien faudra-t-il rajouter l’année prochaine ? Notre budget contraint ne nous permet pas de faire face à l’explosion des dépenses. »
Plus dur, l’élu frontiste cogne : « Tous ces jeunes migrants ne sont pas des réfugiés qui fuient la guerre. » Citant à la volée des exemples d’infractions ou de délits impliquant des mineurs étrangers dans l’Hérault, l’élu d’extrême Droite balance : « Ces racailles sont renvoyées dans les centres d’hébergement que nous finançons. On marche sur la tête ! » Regardant le procureur de la République, Éric Maurel - présent dans le public -, le président socialiste du Conseil départemental, Denis Bouad, rétorque : « Dans le Gard, il y a une prise en charge correcte. Nous n’avons qu’un cas de délinquance ! »
À Gauche, la majorité serre les rangs. Le président du groupe socialiste, Christophe Serre, déplore que le débat sur le réajustement des crédits du Département tourne exclusivement autour de l’aide aux mineurs isolés. Rappelant que 584 mineurs sont aujourd’hui pris en charge, le communiste Jean-Michel Suau condamne : « Votre opposition met en difficulté d’autres financements pour des structures sociales, comme le centre social de Pissevin. »
Vote à bulletin secret
Socialistes et communistes réclament alors un vote à bulletin secret, contre l’avis de l’opposition. L’élue centriste Joëlle Muret, qui s’est déjà abstenue dans ce type de scrutin, réagit : « Notre groupe unanime a décidé de voter contre. Le vote à main levée serait sans ambiguïté. De plus, nous vous avions demandé de différencier le rapport sur les mineurs isolés du reste de la décision modificative. »
Le résultat du vote à bulletin secret est sans appel : 22 voix pour et 24 contre. En colère, Denis Bouad conclut : « Je ne suis pas le président de l’Assemblée nationale ! Je ne suis responsable en rien de la politique d’immigration de la France. Je n’ai qu’une responsabilité : celle de respecter la loi. Par ce vote négatif, vous n'allez régler aucun problème. Cette décision modificative, je la représenterai en novembre. Je ne tergiverserai pas. » La séance est levée.
Coralie Mollaret