L'INTERVIEW Éric Agrinier : "Cette année, nous avons deux hélicoptères bombardier d'eau"
Alors que nous sommes officiellement entrés dans l'été, le lieutenant-colonel Éric Agrinier, Chef de groupement Citoyenneté Volontariat Communication au Sdis 30, fait le point avant le début de saison des feux de forêt sur le dispositif et les moyens mis en place dans le Gard pour lutter contre les incendies.
Comment abordez-vous cette saison 2023 des feux de forêt ?
La saison 2022 a été extrêmement dense, on s'en souvient tous et on en a tiré des enseignements. Notre dispositif est prêt, il est déjà mobilisable. Fort heureusement, on a eu des pluies assez significatives début juin qui se sont espacées pendant plus de dix jours. Ce qui a bien fait baisser le niveau de risques dans les massifs forestiers. Pour l'instant la tension sur ce risque-là n'est pas très importante, on a quelques interventions liées aux feux d'espaces naturels. Toutefois, le dispositif est complètement prêt.
Quels sont les contours de ce dispositif ?
Dès lors que le niveau de risque va monter en puissance, nous allons déployer la totalité de notre arsenal. D'abord, le volet préventif avec la surveillance des massifs et notre avion de reconnaissance qui va détecter la moindre fumerole. Et bien sûr, le positionnement de nos groupes feux de forêts, des camions avec des pompiers directement déployés dans les massifs pour être en capacité d'intervenir très rapidement. Au coeur de l'été, ce sont 300 sapeurs pompiers de garde, mobilisés tous les jours. On parle du risque de feu de forêt mais évidemment toutes les autres opérations continuent.
"Pour le mois de juin, on a été relativement tranquille"
Est-ce que la pluie peut être votre allié cet été ?
La météo est soit un allié, soit un ennemi. Les pluies ont été un allié. La végétation dans certains endroits du département est encore très verte, ce qui est très positif pour nous. Mais il faut rester vigilant et adapter notre dispositif par rapport aux risques. Pour le mois de juin, on a été relativement tranquille. On espère que ça va durer comme ça jusqu'à début juillet. Après il faudra être attentif, soit les chaleurs fortes arrivent et avec le vent le risque peut être élevé très rapidement, soit on a des pluies et à chaque fois c'est un point positif.
En termes de moyens, quelles sont les nouveautés ?
On a prévu grâce à la mobilisation de toutes nos casernes, la possibilité d'armer davantage de groupes. On a sollicité nos sapeurs-pompiers professionnels et volontaires pour être en capacité de mettre plus de monde en préventif. On le fera que si c'est nécessaire. Le changement majeur c'est que l'année dernière, nous avions un hélicoptère bombardier d'eau pour attaquer rapidement les feux naissants. Cette année, nous en avons deux. On double la capacité de combat dans les airs par nos propres moyens car ce sont des hélicoptères loués par le Sdis 30 et donc ils sont disponibles immédiatement pour intervenir. L'un sera positionné à Saint-Géniès-de-Malgoirès, l'autre à Fournès.
"Neuf feux sur dix sont déclenchés par l'action humaine"
En 2022, à un moment donné toutes les forces disponibles ont été mobilisées. Cela signifie-t-il que vous avez prévu des renforts supplémentaires ?
On a un dispositif qui existe sur toute la façade méditerranéenne avec des colonnes des départements du Nord qui sont mobilisées et acheminées vers le Sud dès lors que le risque le justifie. Ce qui nous permet de pouvoir en bénéficier si cela est nécessaire comme l'année dernière à Bessèges et à Aubais où les départements voisins étaient venus nous aider.
La main de l'homme est très souvent liée au départ des incendies. Quel est le message de prévention que vous voulez passer ?
La nouveauté cette année c'est qu'il y a la météo des forêts. C'est une application grand public qui permet à tous les citoyens de savoir quel est le niveau de risque de la végétation dans le département, consultable partout donc ça permet aussi de sensibiliser. Neuf feux sur dix sont déclenchés par l'action humaine, ça ne veut pas forcément dire criminel. C'est parfois une simple imprudence. Ce sont des questions de bon sens. En plein été, on ne fait pas de feu. On fait un barbecue chez soi en prenant toutes les dispositions nécessaires mais dès lors que l'on est à moins de 200 mètres d'un massif, on ne fait pas de feu. Quand on est en balade, on ne jette pas son mégot, pareil en voiture. C'est interdit et chaque année, il y a des départs de feu à cause de ça. Attention aussi aux travaux à l'extérieur avec des machines outils qui peuvent générer des étincelles. Faisons tous preuve de civisme !
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